Éditorial Alternatives Société

Du polisson au politique

Eva Thiébaud

Amours libres... Couple ouvert, liaisons affectives multiples, lutinage, amours plurielles, pluriamour, non-exclusivité, polyamour — traduction française du concept polyamory —, tant de mots et de multiples conceptions... Peut-être parce qu’il n’y a pas de norme en amour, pas de façon plus valable qu’une autre d’aimer. Tous ces termes ont pourtant un dénominateur commun : la pluralité, c’est-à-dire le fait d’entretenir plusieurs relations de type amoureux sans se cacher.

Amours libres... Couple ouvert, liaisons affectives multiples, lutinage, amours plurielles, pluriamour, non-exclusivité, polyamour — traduction française du concept polyamory —, tant de mots et de multiples conceptions... Peut-être parce qu’il n’y a pas de norme en amour, pas de façon plus valable qu’une autre d’aimer. Tous ces termes ont pourtant un dénominateur commun : la pluralité, c’est-à-dire le fait d’entretenir plusieurs relations de type amoureux sans se cacher.

Mais... qui ? Où sont-illes ? Combien sont-illes ? Les chiffres sont rares. Aux États-Unis, où la recherche sur le sujet s’active davantage que sur le vieux continent, on estime entre 1,7 et 6 % les mariages dits « ouverts », chiffre stable depuis deux générations (1). En France, les statistiques restent cantonnées à l’adultère ; les partisans des sentiments à plusieurs semblent encore cachés au fond de leurs placards.

Pourtant, de par le monde, la cause polyamoureuse se fraie un chemin. Différents mouvements — comme la Canadian Polyamory Advocacy Association, ou Polytical en Grande-Bretagne — militent pour sensibiliser le public, créer un réseau, diffuser des ressources, et peut-être, un jour, obtenir un statut légal pour une union civile à plusieurs. Côté réflexion, l’International Conference on the Future of Monogamy and Nonmonogamy vient de boucler sa troisième édition à Berkeley, en Californie, en liant recherche universitaire et colloque polyactiviste. Côté juridique, les Pays-Bas examinent les possibilités de reconnaître trois personnes ou plus comme parents, dans la continuité du mariage gay de 2001(2).

Ce sont les opposants au mariage pour tous qui vont être contents ! Plein de bonnes occasions d’aller manifester ! Ben oui, après le mariage gay, pourquoi pas la polygamie, tant que vous y êtes ?

Eva Thiebaud

(1) Wikipédia, « Open marriage incidence », consulté le 19 janvier 2014.
(2) A lire par exemple sur le sujet :
Worldcrunch en partenariat avec Suddeutsche Zeitung, « Meet my Mom and three Dads – Dutch bill would allow more than two parents », Benjamin Dürr, 14 février 2013
AFP - « Dutch debate rights of three or more gay parents », Nicolas Delaunay, 7 février 2013

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