Numéro 379 - mai 2010


Villes en transition vers le rationnement

Villes en transition vers le rationnement

Quand l’énergie sera rationnée…
La Carte carbone réinvente le rationnement
CRAGs : les volontaires du rationnement
Yves Cochet : Le rationnement pour la paix, la solidarité et la démocratie
Controverses autour du rationnement (et de la Carte carbone)

Dossier réalisé par :
Luc Semal, doctorant en science politique au CERAPS (Lille 2)
Mathilde Szuba, doctorante en sociologie au CETCOPRA (Paris 1)

Encart spécial

Le monde éblouissant de Luc Schuiten

du vert dans les oreilles

Christian Guérin : Quand la vannerie rencontre la poésie… (de Goulven Maréchal & Alexis Lis)

société

Journal d’un médecin de campagne (de Serge Corrieras)

climat

L’imagination non-violente en pays basque (entretien avec Claude et Iban de Bizi ! par G. Gamblin)

habitat groupé

La Ciguë, des colocations d’étudiants en mode coopérative (de Vincent Gerber)

déboulonneurs

Au tribunal des flagrants délires… publicitaires (d’André Croutant)

sud-nord

Tensions sociales au Sud et perspective mondiale (de Mathieu Glayre)

biodiversité

Les guérillas jardinières (de Marie Michel)

OGM

On en a gros sur la patate ! (des Dessin’acteurs)

Brèves

femmes
éducation
alternatives
nucléaire
énergie
nord/sud
vélo
environnement
société
paix
Bidoche
politique

agenda
annonces
courrier
livres

Éditorial

Raisonner, rationner

E n 2007, les réserves connues ne permettaient plus de couvrir notre consommation d’or que pendant dix-huit ans, d’argent pendant dix-neuf ans, de palladium pendant seize ans… et d’uranium pendant vingt-huit ans (1).

Bien sûr, chaque année, de nouveaux gisements sont découverts… ce qui repousse l’échéance. Mais lorsque les nouveaux stocks découverts sont inférieurs à la consommation annuelle, on atteint le pic de production. Ce qui est probablement le cas aujourd’hui pour le pétrole.

De plus, même si de nouveaux gisements sont exploités, cela se fait dans des conditions de plus en plus difficiles (pétrole enfoui de plus en plus profondément ou en pleine mer) et donc les coûts augmentent.

Que se passe-t-il alors ? Soit on laisse faire la « main invisible du marché » et de moins en moins de personnes peuvent continuer à en profiter (en payant une éventuelle taxe-carbone), soit on s’intéresse aux questions sociales et environnementales et on essaie d’économiser et de partager ces ressources… en redescendant en-dessous du niveau que la planète peut supporter. Le partage pour réduire les inégalités. Les économies pour essayer de reconstituer notre capital naturel aujourd’hui en voie d’épuisement (2).

Et là, il ne semble pas y avoir trente-six solutions. La plus simple à mettre en œuvre équitablement est le rationnement.

Mais ce mot fait peur… Il faut pourtant clairement en parler et c’est ce que propose ce dossier, en s’appuyant sur les CRAGs, des groupes britanniques nés dans la mouvance des villes en transition (3).

Michel Bernard

(1) BRGM, Bureau de recherches géologiques et minières, organisme officiel. Voir www.mineralinfo.org/Substance/reserves.htm.
(2) Reconstitution qui sera limitée par les lois de l’entropie : quand quelque chose est dégradée, il est difficile de revenir à l’état initial. Exemple : si vous usez un pneu sur 100 000 km, il est peu envisageable de retrouver les poussières tout au long du trajet. Dans le domaine du vivant, c’est plus facile : on peut par exemple sauver un sol.
(3) Sur les villes en transition, voir le précédent dossier dans S!lence n°365, de février 2009.