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Un premier camp climat français à Notre-Dame-des-Landes

Benjamin Gauducheau

Cet été, du 1er au 8 août 2009, se tiendra le premier camp climat français, sur le site du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Nantes.
Dans la droite ligne des précédents camps climats qui se sont tenus régulièrement depuis le premier, en août 2006 en Angleterre (voir l’article précédent), il regroupera dans un village autogéré des gens désireux d’attirer l’attention sur l’urgence écologique, et de réfléchir ensemble à des solutions alternatives au modèle actuel.

Pour un camp climat, la Zone d’aménagement différée (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes, où doit être construit le deuxième Aéroport de Nantes, est l’endroit rêvé.
Comme nous vous l’expliquons en longueur dans ce numéro, ce projet titanesque aura des conséquences écologiques désastreuses, et des conséquences sociales non moins préoccupantes. C’est pourquoi depuis plusieurs années, un grand nombre de gens de sensibilités diverses se sont investis dans la lutte contre sa mise en œuvre. Ce combat rassemble en effet des militants concernés par l’écologie, le social, et, plus largement, tout ceux qui se retrouvent dans l’opposition à un modèle productiviste du toujours plus : plus grand, plus vite, plus fort, plus polluant....
C’est donc en marge de la semaine de résistance organisée par l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (ACIPA) qu’aura lieu le premier camp climat Français.

Un lieu d’échanges

L’objectif principal du camp climat sera d’attirer l’attention du grand public sur l’urgence écologique, et de souligner la nécessité d’une appropriation autant individuelle que collective du problème. Localement, il s’agira de susciter l’intérêt et l’implication des gens pour la lutte contre le projet d’aéroport, qui reste pour le moment sous médiatisée malgré son importance et sa constance.
Parmi diverses activités, le camp sera un lieu d’échanges, de réflexions et d’expérimentations autour de l’écologie radicale.

Sur le passage des futures pistes

Le camp se tiendra à Notre-Dame-des-Landes, sur un terrain de 7000 m² prêté par un agriculteur. Situé dans un secteur riche d’une faune et d’une flore variées et constituant l’un des derniers bocages de la région, ce lieu se trouve exactement sur le passage des futures pistes, et est en fait loué à l’exploitant par le Conseil général de Loire Atlantique, qui a commencé depuis plusieurs années à racheter des terres et des logements dans le secteur.


Coup de main

L’organisation du camp climat représentant énormément de travail, un coup de main sera toujours le bienvenu d’ici août. Si vous voulez participer à la mise en place du camp et à la réflexion des différents groupes de travail, n’hésitez pas à contacter les organisateurs.
Le quartier des Ami-e-s de Silence s’installera pendant toute la semaine précédente à partir du 27 juillet 2009.

Un village organisé en quartier

Le village du camp climat se voudra bien sûr en cohérence avec les valeurs qu’il défend.
Ainsi, une empreinte écologique minimale sera recherchée, et une organisation horizontale sera mise en place.
Un système permettant d’être autonome en énergie afin d’éviter de se relier à EDF sera mis en place. Des éoliennes miniatures seront installées, ainsi que des groupes électrogènes fonctionnant aux huiles végétales recyclées (1). Tout cela devrait produire le peu d’électricité nécessaire au fonctionnement du camp, car bien sûr, celle-ci sera utilisée avec parcimonie.
Pour la cuisine, des fours cuiseurs à bois construits au préalable dans le cadre d’ateliers d’échanges de savoir seront mis à disposition (2). Les repas fonctionneront de façon communautaire : chacun participera à leur préparation, et mangera à prix libre. La nourriture sera biologique, locale, et végétalienne. Les organisateurs se sont mis d’accord avec des agriculteurs de la région qui assureront l’approvisionnement du village.
Toujours dans le souci d’avoir une empreinte écologique minimale, la nourriture ne comprendra pas d’aliments froids devant être conservés dans des réfrigérateurs gourmands en énergie.
Le village sera divisé en quartiers (3), qui disposeront chacun de points d’eau potable mis à disposition par l’agriculteur qui prêtera le terrain. Des toilettes sèches seront également installées, et leur gestion sera faite collectivement, comme le reste des taches relatives à la communauté, auxquelles chacun sera invité à participer.
Bien qu’à l’heure où nous écrivons cet article, les modalités précises de l’organisation en autogestion ne soient pas encore précisément définies, on peut déjà dire que des assemblées générales de quartier se tiendront quotidiennement, et que les décisions seront prises au consensus.
Les participants, qui sont priés de se rendre sur place en utilisant les moyens de transports les plus écologiques possibles, amèneront leurs propres tentes, tipis, yourtes… Les organisateurs ont prévu un certain nombre de petites structures de type barnum pour accueillir les réunions et les ateliers, mais sont toujours à la recherche d’une grande structure (chapiteau…). N’hésitez pas à les contacter si vous êtes disposés à leur en prêter une.

Actions et ateliers

La semaine sera ponctuée par un certain nombre d’actions pour rendre visible le camp climat, et marquer le coup médiatiquement. Celles-ci pourront être organisées de façon spontanée, mais des idées ont déjà été lancées : mise en place d’autoconstructions pour pérenniser la lutte, réappropriations de l’espace public (entres autres à Nantes), et actions festives en tout genre (les brigades de clowns seront de la partie !).
Enfin, le 8 août 2009, le camp sera clôturé par une action finale de grande ampleur. Bien que celle-ci ne puisse pas être révélée pour le moment, il s’agira d’une action directe non-violente, à portée symbolique. Ce pourrait être par exemple une marche vers un lieu nocif pour l’environnement (car il y en a déjà quelques uns en Loire Atlantique !), comme cela s’est fait dans les camps climat anglais.
Enfin, tout au long de la semaine, des ateliers de formation à la non-violence, à la fabrication de fours à bois et autres techniques seront organisés, ainsi que des moments de réflexion sur des thèmes relatifs ou complémentaires à l’écologie (travail, domination, etc).

Le camp climat s’annonce donc déjà passionnant, et c’est sans compter sur les apports supplémentaires d’idées, d’actions, de réflexions et d’enthousiasme qui seront les bienvenus !

Benjamin Gauducheau

Le site du camp climat : http://campclimat.org.
Contact : contact_campclimat@riseup.net

(1) Technique économe en énergie et peu polluante développée dans la région par l’association HUILE 44 (http://www.huile44.org, contact : chez Rousseau Mickael, Le Rondray, 44810 Heric)
(2) avec l’aide de l’association Bolivia Inti, (http://www.boliviainti-sudsoleil.org, contact :18 rue Gaëtan Rondeau F-44200 Nantes)
(3) L’un de ces quartiers sera animé par les Ami-e-s de Silence, inscription avant le 21 juin 2009, voir http://amisilence.apinc.org.


Comment se rendre sur le site du camp climat ?

En transport en commun : La ligne 71 des bus départementaux Lilas assure plusieurs fois par jour la liaison entre Nantes et Notre-Dame-des-Landes, au départ de la gare (sortie sud) pour 2,20 €. Pour les horaires précis, consulter le site de la compagnie http://www.loire-atlantique.fr/cg44/jcms/c_6245/lila-les-lignes-regulieres

En vélo, à pied : Il est possible de se rendre de Nantes à Notre-Dame-des-Landes par les petites routes. Le trajet ne fait qu’une vingtaine de kilomètres. Consultez les cartes de la région.

En véhicule motorisé (si vous ne pouvez pas faire autrement) : au départ de Nantes prenez la direction de Sautron. Une fois là-bas, prenez la rue de la Vallée (D26), puis enfin à gauche, suivez la D42.

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