Dossier Climat Effet de serre Environnement

Des camps action climat

Michel Bernard

Pour protester contre les sources d’émissions de gaz, des rassemblements sur la durée se sont développés depuis quelques années à partir d’une initiative britannique.

Le premier camp action climat s’est tenu en Angleterre en août 2006. Environ 600 personnes se sont retrouvées pendant une dizaine de jours devant la centrale thermique de Drax, dans l’ouest du Yorkshire, la plus grosse source d’émissions de CO2 du pays. A la fin du camp, une marche a été organisée en direction de la centrale. Marche bloquée par les forces de l’ordre.
Cette première initiative a permis d’augmenter le groupe de préparation et un deuxième camp s’est tenu pendant l’été 2007, cette fois-ci à proximité de l’aéroport de Heathrow, qui dessert Londres, le plus important du Royaume-Uni et l’un des plus grands d’Europe. Cette fois-ci, il y a eu plus de 2000 participants pendant une semaine. Une action a été organisée pour protester contre le projet de 3e piste que l’aéroport envisage de construire.
En 2008, un troisième camp s’est tenu devant la centrale de Kingsnorth et s’est achevé par une marche entre cette importante centrale thermique et l’aéroport de Heathrow.
Enfin, début avril 2009, un camp supplémentaire s’est tenu près de Londres pour protester contre le sommet du G20, sommet qui envisage, comme solution à la crise actuelle, une relance de la croissance.

D’autres camps voient le jour

Un camp s’est tenu dans le nord de l’Allemagne, près de Hambourg, en août 2008, réunissant, pendant une dizaine de jours, environ 2500 personnes.
À Poznam, en Pologne, un autre s’est réuni début décembre 2008, pendant la conférence internationale sur le climat, avec comme objet de protester contre le marchandage autour de l’effet de serre et des taxes carbone. Les manifestants ont dénoncé un principe qui veut que l’on taxe la pollution au lieu de lutter contre celle-ci. Cette fuite en avant pose des questions sociales puisque les riches pourront continuer à polluer au détriment des plus pauvres.
L’année 2009 devrait voir se multiplier les camps action climat puisqu’il est annoncé un camp en Australie devant une importante mine de charbon ; trois se tiendront aux Etats-Unis, un à l’ouest dans l’Oregon, un dans le Sud-Est en Virginie, un dans le Nord-Est, dans l’Etat de New-York ; un au Québec, un en Irlande, un au Pays-de-Galles. Enfin, un important camp se met en place au Danemark. Il se tiendra du 11 au 19 juillet, comprendra une centaine d’ateliers, mais surtout discutera de la mise en place d’un énorme camp international fin novembre 2009 en contre-point des négociations internationales. Une caravane cycliste partira de Hambourg, en Allemagne, le 5 juillet pour arriver au camp le 11.

Principes de fonctionnement

Un camp action climat repose sur quelques grands principes.
• Une empreinte écologique minimale : il est demandé aux participants d’éviter de venir en voiture individuelle et de préférer le train, le bus, le vélo ou la marche à pied. Tout au long du camp, chacun-e est invité-e à adopter un mode de vie le plus écologique possible : toilettes sèches, économie d’eau, nourriture achetée localement, si possible bio, la plus végétarienne possible, utilisation de matériaux simples : douche solaire, petites éoliennes ou photopiles pour assurer un minimum d’éclairage…
• Une volonté pédagogique à travers la tenue d’ateliers pratiques, de moments de débats, pour – à partir de la question du climat –, élargir la problématique aux questions sociales, politiques, écologiques, solidarités internationales… sans oublier des moments de repos, de promenades pour se ressourcer en dehors du seul militantisme.
• Un fonctionnement non hiérarchique, avec recherche de consensus dans les décisions, respect des personnes, communication non violente, échanges d’informations et mise en place de réseaux pour de futures actions, entraînement à la désobéissance civile, à l’action non violente. Le principe de base des camps est qu’ils doivent pouvoir accueillir toute personne qui se sent concernée par la question climatique, quelle que soit sa sensibilité sur la question.
• Au moins une fois pendant le camp, mener une action importante visant à donner un éclairage médiatique à une question locale liée à la question climatique.
C’est assez complexe. Les Ami-e-s de Silence, qui en sont à leur 7e camp cette année, ont rédigé une brochure expliquant tous les aspects auxquels il faut penser : alimentation en eau, boulangerie, cuisines, règles de camping, aire de jeux, aire de repos, déplacements, présence ou non d’animaux, problèmes liés à l’alcool et à la drogue… (1). Mais les Ami-e-s de Silence n’ont pas encore joué sur la carte médiatique. Ce point, lié au choix du lieu et à l’action finale, doit faire l’objet d’un règlement spécifique. Ainsi, lors du camp allemand de Hambourg, les journalistes devaient se présenter à un stand presse et ne pouvaient déambuler librement dans le camp que deux heures par jour, accompagnés d’un membre du groupe « média ».

Le premier camp français

Ayant connaissance de ces camps à l’étranger, Silence en a parlé aux Ami-e-s de Silence, leur suggérant de s’investir sur un lieu « militant ». Après des échanges avec différentes personnes, l’idée est venue que cela pourrait se faire à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, où des terrains sont menacés par un projet d’aéroport. Les contacts se sont vite avérés positifs, même si s’est alors posée la question de comment maintenir la spécificité de la rencontre des Ami-e-s de Silence dans un cadre plus large. Cela se traduira concrètement par un seul lieu… avec des « villages » par affinités, les Ami-e-s de Silence formant l’un de ces villages.

Michel Bernard

Pour en savoir plus :
• Grande-Bretagne : http://climatecamp.org.uk (en anglais)
• Danemark : http://camp09.dk (en danois et en anglais)
• Australie : www.climatecamp.org.au
• Etats-Unis : www.climateconvergence.org
• Québec : www.uncampement.net.

(1) Elle est téléchargeable gratuitement sur le site http://amisilence.apinc.org.

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