Dossier Elections Politique

Des maires qui s’essaient à la politique autrement

Guillaume Gamblin

En vue des prochaines élections municipales, Silence a envoyé un questionnaire à une cinquantaine de maires ayant des démarches « différentes » (Verts pour la moitié). Nous avons reçu sept réponses que nous vous présentons ici.

Ces communes sont très variées dans leur situation géographique : deux sont situées dans le Nord Pas-de-Calais, deux en Savoie, deux en région parisienne, la septième dans le Rhône. Elles vont d’un arrondissement du centre de Paris très dense et urbanisé à un petit village savoyard échelonné sur 1200 mètres de dénivelé, le premier culminant à 20 000 habitants tandis que le second ferme le cortège avec 550 habitants. Les autres communes oscillent entre 7 000 et 12 000 habitants. Deux communes se situent en espace urbain, une en espace rural, et les quatre autres sont de petites villes ou des bourgs qui se situent entre les deux, parfois en agglomération. Ces communes ont chacune des particularités qui vont orienter les problématiques dans lesquelles les maires se situent : arrondissement de Paris avec ses problèmes de logement, île avec ses problèmes d’accès, village de montagne, villes minières avec des problèmes de chômage, de requalification et de revalorisation... Au niveau de l’histoire politique de la ville, les maires font état d’équipes sortantes de droite pour deux d’entre eux (Paris, La Motte), de gauche pour deux autres (Grigny et Fresnes). Enfin toutes font état d’un statut d’intercommunalité, avec l’appartenance à une communauté de communes ou d’agglomération.

Comment devient-on maire ?

Lorsque l’on demande à ces élus de se présenter et d’indiquer leur parcours politique, la première chose qui frappe est le fait que les sept maires sont des hommes. Cette situation reflète malheureusement la réalité sociologique de la représentation démocratique à ce niveau aujourd’hui... Les circonstances d’entrée en politique varient : certains (G. Maistre) évoquent leurs débuts de « gauchiste libertaire » de 1970 à 1975, ou (M. Bourgain) de « maoïste et syndicaliste » en 1968. Pour d’autres c’est l’engagement syndical ou associatif qui a été une porte d’entrée en politique, à l’instar des maires de Grigny et de Loos-en-Gohelle. Pour Jacques Boutault, maire du IIe arrondissement de Paris, c’est l’engagement dans un parti qui est évoqué.
Seuls deux maires évoquent leurs études supérieures (sciences de l’énergie, et information et communication), et trois leur emploi de cheminot, de maître de conférence, et de journaliste pour Jacques Boutault. Ce dernier travaille toujours à temps partiel en tant que responsable de la communication interne dans un organisme de protection sociale. Il précise : « J’estime en effet souhaitable qu’un élu conserve un lien avec le monde du travail et donc exerce, en parallèle, une autre activité professionnelle. C’est le meilleur rempart contre la professionnalisation des fonctions électives ».
La plupart ont exercé des activités associatives avant de se frotter au champ politique électif. Ces activités sont marquées par le territoire dans lequel chacun évolue : actions de protection de la nature qui ont contribué à « installer l’écologie politique dans la région » (L. Coppin), organisation en 1993 des « Assises du bassin minier » afin de « penser l’après-charbon sur un territoire » marqué par cette activité (J.-F. Caron), création en 1996 de l’association « bien vivre dans le IIe » (J. Boutault ). Le passage de la société civile au champ institutionnel est visible chez Michel Bourgain à travers la participation à une liste citoyenne en 1995. Pour René Balme, c’est l’engagement en syndicat et en comité d’entreprise qui sert de formation politique.
Sur les sept maires interrogés, quatre mentionnent leur appartenance au parti des Verts, l’un se revendique sans étiquette et les deux autres ne précisent pas. La formation à la responsabilité de maire s’est souvent faite également à travers des responsabilités préalables de conseiller municipal ou d’adjoint au maire, à part pour Jacques Boutault qui est directement devenu maire en 2001. Le maire le plus ancien exerce sa fonction depuis 1989, tandis que quatre d’entre eux ont débuté leur mandat en 2001. L’un d’entre eux (G. Maistre) évoque ses parrainages présidentiels : Dominique Voynet, puis Pierre Rabhi (refus du médiatique Mamère) puis José Bové « avec regret au regard des ses positions anti-laïques et quelques peu communautaristes ».

Comment élargir la démocratie locale (et/ou participative) ?

Comment les maires interrogés définissent-ils le but et le sens de la démocratie locale et/ou participative ? Jacques Boutault parle d’un « outil pour mieux vivre ensemble » qui doit permettre à tous d’« intervenir dans les décisions qui les concernent », alors que pour Jean-François Caron il s’agit de « permettre à tout le monde d’accéder à l’action politique » et de « générer des individus responsables et citoyens », de « mobiliser et responsabiliser ». Gérard Perrier parle de « remettre le citoyen au cœur des décisions municipales » tandis que Michel Bourgain parle d’une « méthode appropriée à la construction d’une communauté écologique et citoyenne ». Pour René Balme, il s’agit de « se rapprocher de la démocratie directe », de « redonner aux populations les moyens de décider et d’agir pour l’intérêt général », d’une « démarche permettant d’accroître l’implication et la participation des citoyens dans le débat public, d’enrichir la prise de décision politique et de rendre la politique efficace ». Il recherche « une bonne gouvernance, mobilisatrice, qui parte des citoyens et de leurs vrais besoins ». Il s’agit pour lui au final d’ « appliquer le principe de la souveraineté du peuple à la vie locale ».
Quels sont les dysfonctionnements et les poids auxquels cette démocratie plus directe cherche à remédier ? Le maire de Grigny évoque « le poids du pouvoir, le pouvoir des dirigeants qui restait très différent de celui des adhérents, malgré les déclarations d’intention exhortant ces derniers à prendre leurs affaires en main. J’ai retrouvé ce sentiment lorsque j’ai été élu municipal ». Il s’agit de « s’attaquer, par un état d’esprit différent, à la culture paternaliste et individualiste que développent, globalement, les décideurs ». D’autres évoquent les dérives de la « sur-expertise refermée sur elle-même et les erreurs majeures que cela a parfois produit » (J.-F. Caron) ou encore « des commissions municipales trop formalisées » (G. Maistre).
Quel est le rapport de cette démocratie de proximité qui veut se rapprocher d’une démocratie directe, à la démocratie représentative ? Pour le maire de Loos-en-Gohelle, « loin de s’y opposer, la démocratie participative renforce la démocratie représentative ». Même si, pour le maire de Grigny, la délégation de pouvoir à l’élu reste une tentation toujours forte. Quel est donc le rôle de l’élu ? Pour Luc Coppin, le maire « a beaucoup de pouvoir », mais il s’agit d’un « pouvoir de proximité ». Il trouve alors un équilibre en « déléguant » beaucoup, y compris aux associations de quartier. Pour Jean-François Caron, l’élu a un rôle de production de politique publique et d’arbitrage. Il doit être en posture d’écoute. Le politique doit créer les conditions pour que les gens soient présents pour construire la société. Pour le maire de La Motte-Servolex, la démocratie participative remet le citoyen au cœur de la décision « sans pour autant diminuer le rôle des élus, à qui appartiennent in fine les décisions ».

Concrètement, comment cela se passe-t-il ?

Dans les faits, quels sont les moyens et les politiques mis en œuvre pour réaliser ce transfert de pouvoir vers les habitants des communes ?
A l’Ile-Saint-Denis, la démocratie participative est passée par la mise en place d’un « référendum d’initiative locale avec le vote des habitants de nationalité étrangère pour l’adhésion à la communauté d’agglomération Plaine Commune » ; de « quatre comités de quartier se réunissant une fois par mois chacun (1800 habitants en moyenne par quartier) ; d’un »atelier public d’urbanisme et de déplacements pour concerter les habitants sur les grands projets urbains (tramway…) ; d’un « conseil de la vie associative » et enfin de « commissions municipales ouvertes aux habitants et d’un conseil municipal en quartier ».
Dans le IIe arrondissement de Paris, « les conseils de quartier sont au nombre de trois. Chaque conseil regroupe une entité urbaine de 7000 habitants environ (soit environ chacun un tiers de la population de l’arrondissement). Les conseils sont présidés par des habitants et non par des élus. Chaque conseil est composé de 21 membres. Le collège des habitants, avec 12 membres, est majoritaire. Un collège de personnalités qualifiées composé de responsables associatifs compte six membres. Les élus au nombre de trois forment le troisième collège ; ils n’ont pas le droit de voter. Les Conseils de quartier se réunissent à leur convenance sur un ordre du jour de leur choix. Leurs réunions sont ouvertes au public. Les élus y participent. Les conseillers de quartier sont désignés, parmi les candidats qui se sont portés volontaires, par un tirage au sort »paritaire« (femme/homme). Leurs travaux font l’objet d’un rapport annuel présenté en conseil d’arrondissement et suivi d’un débat. Dans le cadre de l’élaboration du budget d’investissement localisé, les conseils de quartier sont invités en mairie pour débattre des orientations budgétaires. Les citoyens s’expriment sur leurs souhaits d’investissements à mener dans l’arrondissement pour l’année à venir ».
Gérard Perrier fonde sa pratique sur la construction de « dispositifs d’échange avec la population, visite de hameaux et quartiers avec élus et services techniques : comités consultatifs thématiques pour nous accompagner dans les réflexions et les propositions d’action, ateliers de coproduction pour les aménagements de sécurité, d’espaces verts, de logements sociaux » … et prochainement sur « l’adoption par le conseil municipal d’une charte de la participation habitante ».
Le maire de Grigny évoque, sans plus de précisions, la création progressive de conseils de quartier, qui fut un « tournant décisif » pour se rapprocher de la démocratie directe. Il insiste surtout sur la présence d’un état d’esprit différent de la part de l’équipe municipale, qui consiste notamment à être à l’écoute et à faire confiance aux habitants et à leur capacité à « garder le cap de l’intérêt général ». Pour J.-F. Caron, dans ce même esprit, il s’agit de « reconnaître les expertises d’usage » des habitants. Le maire de Fresnes-sur-Escaut évoque quant à lui le « travail avec les associations », et la mise en avant du rôle du CCAS (Centre communal d’action sociale) comme moteur de développement.
Gilles Maistre fonde sa politique de démocratie participative sur le « dépassement des commissions municipales trop formalisées par des commissions ouvertes au fur et à mesure des projets. A chaque conseil municipal mensuel, poursuit-il, il y a un tirage au sort de citoyens d’honneur, à partir de la liste électorale. Citoyens d’honneur ayant la parole en début de séance et pouvant participer pendant tout le conseil. Trois référendums communaux ont déjà eu lieu et deux consultations citoyennes nominatives (chaque électrice, électeur doit rapporter une feuille signée de sa main et fixant sa position sur un sujet) ».

Quels sont les impacts de ces nouvelles formes démocratiques sur la politique communale ?

Jean-François Caron estime que cette démarche participative « donne du poids et aide donc l’élu à porter ses projets ». Elle est « un véritable gage d’efficacité ». Le maire de Grigny estime lui aussi qu’elle « permet d’enrichir la décision politique et de rendre la politique efficace ». Par ailleurs, elle permet aux habitants de passer « du statut d’individu au statut de citoyen », de générer des individus responsables (J.-F. Caron).
Quelles sont les pistes qu’envisagent les maires pour élargir la participation ?
Pour Jacques Boutault, « les avis des Conseillers de quartier en matière d’orientations budgétaires devraient être formulés sous forme de vœux soumis au vote du Conseil d’arrondissement. Et, pour plus de participation des habitants un système de garde d’enfants pendant les réunions devrait être envisagé ».
Pour Michel Bourgain on peut améliorer la participation « en approfondissant la connaissance détaillée des conditions de vie de chacun (ressources, handicap, difficultés, compétences, expériences, engagements…) », tandis que René Balme voit « plusieurs niveaux d’action pour étendre le champ de la démocratie participative. En premier lieu, »simplement« la volonté des élus, là où ils sont, de construire cette démarche avec leurs administrés. Ce processus est indispensable, eu égard, en tout cas, au système français qui nous régit, pour créer un »climat ambiant de démocratie participative« , une expérience telle qu’il deviendra inéluctable aux pouvoirs publics de légiférer. Donc, en second lieu, la Constitution, la loi, qui peuvent parfaitement traduire cette pratique dans leurs textes ». Pour Luc Coppin enfin, « il n’y a pas de limites à la démocratie participative locale sauf la capacité des gens à la pratiquer, tout doit être fait pour la favoriser, la conforter », notamment en dépassant « les freins sociaux, sociologiques (culture de la marchandisation par exemple) qui obligent à reprendre sans cesse la recherche de l’autonomie de comportement, de jugement, d’action, etc. ».

En quoi la fonction d’élu permet-elle une politique alternative ?

Certains, comme Gilles Maistre, évoquent la « notoriété » du maire lui ouvrant une marge de manœuvre plus importante. « Pour un petit village, la première démarche est de tenter de faire comprendre aux citoyens que l’intérêt collectif ne saurait être réduit à la somme des intérêts privés ».
Pour Gérard Perrier aussi, « le maire est, dans la réalité locale, un personnage respecté et écouté, ce qui m’a changé du dénigrement auquel j’étais habitué en tant que militant écologiste ! Les citoyens attendent de lui, outre la représentativité, qu’il offre des services concrets à la population, ainsi que des idées de projets pour la société locale. Dans le contexte récent de prise de conscience des nécessités environnementales par l’ensemble des habitants, les politiques alternatives et novatrices sont relativement bien comprises et acceptées, pour peu que l’on consacre de la volonté et du temps à expliquer, écouter, adapter… ».
Pour Jean-François Caron, « la fonction d’élu permet de pouvoir confronter les idéaux écologistes, les théories que l’on porte au terrain, à la pratique. On l’a évoqué pour ce qui concerne la participation, avant d’être un décideur, un élu écologiste doit être un animateur du débat public et de la société, un élu animateur. Il doit aussi, et c’est ce qu’une fonction d’élu peut permettre, construire du rapport de forces pour rentrer en résistance et combattre des décisions contraires à ses options : un élu rempart, fonction protestatrice et tribunicienne (par opposition à la recherche d’un consensus de principe). C’est historiquement sur ces bases que s’est construite la posture de la gauche face au capitalisme et ses conséquences. Il doit produire du projet, inventer ce projet de nouvelle société vers un développement réellement durable et partagé : un élu développeur. Le développement ne se résume pas à accompagner et faciliter la progression du marché, et de plus en plus il importe d’intégrer au sein même du concept de développement et de progrès une vision plus qualitative. Enfin, un élu peut remettre du lien social en impliquant les acteurs dans la décision ».
Pour le maire de Grigny, « il demeure qu’il y a, au plus près de nous, deux champs d’intervention : celui des élus municipaux dont les décisions, pour pouvoir être appliquées, doivent être actées et sont les seules reconnues par l’Etat (via le préfet) qui contrôle toute leur légalité. Et il y a le champ d’intervention citoyenne. A Grigny, je fais donc en sorte qu’il soit pris en compte dans la prise de décision des élus municipaux. C’est bien ma fonction qui permet cela. De même que c’est la fonction d’élu qui autorise à faire des choix en matière d’organisation des services municipaux, afin que la démocratie participative soit partie intégrante de la façon de travailler des fonctionnaires. Cela signifie pour eux la nécessité d’appréhender différemment les demandes des administrés et les réponses aussi ; tout comme ils doivent tenir compte de cette démarche dans les propositions de moyens qu’ils font aux élus, pour atteindre l’objectif fixé. Tout cet ensemble est long à mettre en place, au sens de la crédibilité à gagner, rien n’est jamais acquis pour personne. Les moyens dont les élus disposent, s’ils sont mis au service de cette cause, permettent l’expérience alternative. A défaut, les citoyens peuvent toujours demander à consulter le budget de la Collectivité, c’est un document public comme tout acte voté par l’Assemblée (communale, départementale, régionale, gouvernementale). Et à partir de là... tout est permis pour construire, concrètement, une démarche alternative ».
Pour Luc Coppin, le maire a « un rôle moteur, incitateur ou novateur ». « Si on écoute les gens, ils sont partout en insécurité et c’est en les écoutant, en leur faisant prendre des initiatives qu’ils se rendent compte que l’insécurité est dans les têtes avant d’être dans la rue. ». Il s’agit également d’« agir pour refuser l’effet nimby » [littéralement « Not in my backyard », « pas dans mon arrière-cour ». L’expression désigne de façon péjorative le combat d’associations de riverains créées pour défendre leur environnement local, sans tenir compte de l’intérêt général, ndlr]. « On a accepté des équipements dont les autres maires ne voulaient pas par crainte de la réaction de leurs habitants : une station d’épuration, un silo à boue, une résidence sociale, une aire d’accueil des gens du voyage. Bien sûr il faut expliquer les raisons de nos choix, les redire souvent, mais lorsque le capitaine est sûr de sa route, les passagers sont plus sereins ».
Jacques Boutault concentre sa réponse sur les résultats qu’il a pu obtenir à l’échelle intercommunale en tant que maire. Il a pu « décliner, dès 2001, dans le IIe arrondissement, les principes de l’agenda 21. Mais les arrondissements parisiens agissant dans une intercommunalité de fait, c’est en tant que Conseiller de Paris, avec le groupe Verts et donc d’une façon plus large qu’il nous a été possible d’avancer. Avec le groupe Verts, nous avons pu mettre en pratique, durant ce mandat municipal, des innovations écologiques et environnementales structurantes sur le long terme. Le plan de développement et d’aménagement durable (PADD) voté dès 2002 a posé le cadre général de notre action. (…) Le plan de déplacement de Paris (délégation de Denis Baupin, adjoint Vert) puis le plan climat (délégation d’Yves Contassot, autre adjoint Vert) ont été élaborés, débattus et votés. Ces textes, même s’ils sont perfectibles, car faisant l’objet d’un compromis, compte tenu de notre rapport de force au sein de l’Assemblée parisienne (23 élus sur 163) opèrent une véritable rupture par rapport aux modes de développement productivistes qui prévalaient jusqu’alors. L’ensemble de ces plans a permis d’aboutir à la mise en œuvre d’un véritable Agenda 21 pour Paris et son agglomération. Le groupe Vert au Conseil de Paris, dans ses orientations, a porté une attention particulière à sa périphérie en travaillant en étroite collaboration avec le groupe des élus Verts de la région Ile-de-France. (…) On est typiquement dans le ’penser global, agir local’ ».

Des exemples de réalisation d’une politique écologiste

Le maire du IIe arrondissement de Paris est précis : "Ma réponse risque de paraître un peu prétentieuse… En effet, difficile de fournir une liste exhaustive des réalisations mises en œuvre dans le IIe tant elles sont nombreuses ! Résumons : j’ai construit mon action autour de trois idées-forces : la solidarité, l’environnement et la démocratie. La solidarité pour tisser du lien entre les habitants, améliorer la situation des plus démunis et construire un arrondissement dans lequel chacun a sa place. L’environnement pour lutter contre les pollutions urbaines, réduire la place de la voiture et végétaliser la ville. La démocratie pour permettre à ceux qui vivent et travaillent dans l’arrondissement d’intervenir dans les décisions qui les concernent. Cette orientation a permis de faire aboutir un grand nombre de réalisations. Dix exemples ? Le nombre de logements sociaux a été multiplié par trois (de 112 à 334). Le premier immeuble social entièrement HQE à Paris équipé de panneaux solaires a vu le jour dans le IIe. L’ouverture de deux nouvelles crèches et d’une halte garderie (en tout, 115 berceaux supplémentaires). L’arrivée de l’alimentation bio dans les restaurants scolaires (la moitié des repas servis sont issus de l’agriculture biologique). La réduction de la place de la voiture (le Sentier est devenu quartier vert, nombreux élargissements de trottoirs, création de zones deux-roues, contresens cyclables, encouragement des livraisons par triporteurs, transformation d’un ancien parking en une placette arborée…). La plantation de près d’une centaine d’arbres supplémentaires dans l’arrondissement. La création de trois jardinets et l’installation de bancs publics. L’ouverture du Réseau vert (continuité cyclable et piétonne) rue Saint-Denis. L’agrandissement du quartier piétons Montorgueil et la restriction des conditions d’accès aux véhicules motorisés. La création de conseils de quartier entièrement libres : paritaires (femmes/hommes), présidés par des habitants, maîtres de leur ordre du jour, se réunissant à leur propre initiative.
Réalisations auxquelles j’ajoute une attention particulière portée à l’ensemble des citoyens, mieux considérés dans leur diversité : organisation de cérémonies Pacs et de baptêmes civils en mairie, parrainage d’enfants sans papiers, création d’un centre de soins pour toxicomanes, d’une bagagerie pour SDF aux Halles, mise en place d’un Bus des Femmes pour venir en aide aux prostituées de la rue Saint-Denis, ouverture d’une maison des associations… Allez, j’arrête là 
  Pour le maire de Grigny, la mise en place d’une politique alternative et écologique sur sa commune s’est traduite par les réalisations suivantes : »d’abord la sauvegarde en espaces verts, dûment inscrite dans le Plan local d’urbanisme, de 42 % du territoire de la commune. C’est également, selon moi, permettre à l’être humain de vivre dignement dans son environnement ; c’est ainsi que la ville compte 45 % de logements sociaux et que tous les futurs programmes urbains doivent contenir au moins 30 % de logement social. Plus récemment, j’ai déclaré l’interdiction des OGM sur la ville. Enfin, je m’attelle maintenant à la relocalisation de l’économie et fait mes premières expériences sur la restauration municipale en me fournissant auprès des producteurs agricoles locaux bio ou non« . »Sur la commune de Loos-en-Gohelle, nous écrit Jean-François Caron, nous avons porté des projets de développement durable, à la fois dans la gestion de la commune (management écologique) et dans les réalisations concrètes (écoconstruction, ceinture verte, gestion alternative de l’eau, énergie, gestion différenciée des espaces verts, biodiversité…), dans les modes de construction de logements sociaux ou de bâtiments communaux, dans la mise en place d’un système de transports par modes doux… Mais ce que je cherche à faire surtout, c’est à faire de la ville un lieu de démonstration de ce qu’est le développement durable mis en pratique, et du fait que (c’est) ce soit effectivement porteur de développement : un lieu d’interprétation du développement durable où il soit donné à comprendre le bien-fondé de la démarche. Transformer le local, mais dans le but de généraliser ce qui est fait, au global.
Ainsi, la ’base du 11/19’, lieu symbolique de l’exploitation minière et du développement non durable, se transforme–t-elle peu à peu en terrain d’expérimentation. Elle accueille des structures d’action régionale en matière de développement durable, dont le CD2E (Création et développement des éco-entreprises) qui assure le développement des activités des éco industries, le CERDD (Centre ressources du développement durable), Culture commune, structure de production culturelle qui a le label de scène nationale, ou encore le CPIE Chaîne des Terrils (préservation et valorisation des espaces miniers reconquis). La commune accueille aussi la construction de « maisons-écoles » portées par la fédération française du bâtiment pour former les professionnels aux techniques de construction écologique…
".
Selon le maire de La Motte-Servolex, « outre la mise en place d’une réelle démocratie participative, nous avons engagé les habitants et les services municipaux dans une démarche d’Agenda 21, opérationnel depuis 2004, avec une déclinaison récente sous la forme d’un Plan de déplacement d’entreprise. Plus globalement, la politique de notre ville place l’homme et son environnement physique, social et culturel au centre de ses préoccupations. A titre d’exemples, une forêt communale éco-certifiée, des méthodes de gestion plus écologiques pour les espaces verts (lutte biologique, fauches tardives…), des constructions de chaufferies bois-plaquettes forestières, des aides aux énergies renouvelables et à la récupération d’eau de pluie, des bâtiments sociaux équipés de capteurs solaires, des espaces de jeu intergénérationnels, un fort soutien à la vie associative, des achats publics éthiques et locaux, des circuits courts de commercialisation des produits agricoles, des tarifs les plus bas du bassin chambérien pour les événements culturels, une volonté de rattrapage du retard en logement social, des parcours de promenade accessibles aux personnes à mobilité réduite… ».
Pour cet autre Savoyard qu’est le maire d’Entremont, « notre village a eu en 2006, le premier prix national des éco-maires pour sa politique globale : démocratie participative, agenda 21 rural reconnu par le ministère de l’Environnement, 60 % du territoire inscrit volontairement dans la démarche Natura 2000, maison de la Nature qui prend diverses initiatives, agence postale communale, ouverte 35 h par semaine, plus de vingt associations ».
Le maire de Fresnes-sur-Escaut fait état quant à lui d’« une politique de réduction des gaz à effet de serre sur 10 ans avec déjà des effets sur la flotte électrique des espaces verts et des services techniques, des économies d’énergie dans les écoles, la mise en place d’énergies douces, de temporisateurs, l’aménagement de voiries avec noues d’infiltration (système d’absorption des eaux de ruissellement sur la chaussée) ». A cela s’ajoute « un musée vivant des enfants et la création d’un hôtel de vie. L’hôtel de ville gère la commune, les écoles, l’urbanisme, l’état civil, l‘assainissement, les ordures ménagères, il s’occupe du bien. L’hôtel de vie s’occupe du lien entre les habitants : CCAS comme moteur de développement social, logement, associations, petite enfance, personnes âgées, insertion emploi, permanence sociale, conseillère en économie sociale et familiale ».
Le maire de l’Ile-Saint-Denis évoque le « soutien au PHARES (pôle d’hospitalité des activités et des ressources en économie sociale) qui compte 150 emplois sur la commune ; la construction d’un bâtiment solaire selon les normes HQE, les économies d’énergie au sein de l’administration (arrosage du stade par pompage d’eau non potable dans la nappe du fleuve), l’utilisation des énergies renouvelables, un projet d’éco-quartier fluvial, une coopération décentralisée avec des villes étrangères ».

Les limites des communes face à l’Etat et autres instances (région, département, agglomération…)

Pour Luc Coppin, « les conflits de pouvoir ou de compétence sont rarement directs, frontaux ». Alors que « la région interfère peu dans la commune, le département descend plus dans les projets (sports, environnement, aménagement) ». L’agglomération quant à elle « n’a rien compris aux attentes des habitants. Elle n’a pas intégré l’intérêt collectif ni la réflexion prospective. Ce n’est qu’un supersyndicat intercommunal sans stratégie ni objectif. Le fonctionnement est totalement opaque et la gouvernance n’existe pas. Je suis favorable à des intercommunalités de proximité avec les villes voisines, pas avec des machins qui veulent tout régenter sans rien y connaître. Avec l’Etat on fait le minimum, les services s’en tiennent à des réglementations souvent inapplicables ».
« Les arrêtés municipaux interdisant les OGM sur la commune, regrette René Balme, sont attaqués systématiquement par le préfet (donc l’Etat) qui m’assigne au tribunal administratif. Il en va de même pour les arrêtés municipaux interdisant les expulsions locatives pour impayé de loyers. Dans l’un comme dans l’autre cas, le tribunal ne reconnaît au maire ni la compétence ni le pouvoir de protéger ses administrés contre... des lois de la République qui autorisent à prendre le risque d’empoisonner les cultures et les gens ou à les jeter, littéralement, à la rue, sans relogement, en cas d’impayé. Je suis en conflit également, mais pas encore assigné, pour refuser le financement par la commune des écoles privées. Situation similaire en ce qui concerne l’arrêté municipal déclarant la ville zone hors AGCS [Accord général sur le commerce des services qui imposerait la liberté de commerce, ndlr]. Pour ces deux derniers cas, les maires qui entrent en conflit juridique s’y trouvent à la demande de l’Etat. En revanche, depuis les dernières élections régionales, une entente nettement différente s’est installée avec la région et j’ai pu démarrer un programme de travaux pour réhabiliter la gare ferroviaire de Grigny-Le Sablon, ce qui n’avait pas été possible auparavant ».
« C’est dans la force des habitudes et l’inertie des systèmes, estime Jean-François Caron, que résident les plus grandes difficultés, dans le passage à la pratique. Bousculer un partenariat en place depuis toujours, convaincre des ingénieurs de la DDE d’adopter des techniques ou des technologies différentes alors qu’ils ont ’toujours fait comme ça’, changer les modes de prises de décisions sur de grandes infrastructures, sur l’établissement des PLU… c’est à tout cela que l’on se frotte. A l’inverse, lorsque l’ambition de construire du développement durable et d’agir sur la transformation est affichée par une institution qui compte, comme cela est le cas au conseil régional Nord-Pas-de-Calais depuis de nombreuses années, cela permet de provoquer les changements, de convaincre, et du coup, cela aide le local à pouvoir porter des projets, et espérer ainsi créer des effets d’entraînement. Et pour entraîner, un élu local doit prendre part à l’intercommunalité qui l’entoure. Il peut y relayer ce qu’il fait, produire de la démonstration, créer une culture ».
« La grande difficulté, pour un maire écologiste en début de mandature, explique Jacques Boutault, était de s’imposer face à l’administration qui écarquillait les yeux quand on lui parlait d’Agenda 21, de bio, d’effet de serre, de déplacements à vélo, de commerce équitable… aujourd’hui tout le monde est pour. Tant mieux ».
« Notre principal partenaire institutionnel, explique Gérard Perrier, est la communauté d’agglomération Chambéry métropole, à laquelle ont été confiées les compétences essentielles que sont les transports en commun, la collecte et le traitement des déchets, la fourniture de l’eau et son assainissement, le développement économique… Présents dans l’exécutif, les écologistes ont réussi à réorienter la politique de l’agglomération dans de nombreux domaines. Pour leur part, le département et surtout la région possèdent maintenant des lignes budgétaires permettant aux projets communaux et intercommunaux de bénéficier de financements qui peuvent accompagner une politique novatrice. Malheureusement, l’Etat est souvent en retrait sur les domaines liés au développement durable… »
Gilles Maistre regrette quand à lui « l’impossibilité, malgré trois mandats, de participer aux commissions départementales qui m’intéressaient. L’association départementale des maires filtre tout et sélectionne les ’bons profils’. Actuellement, j’ai de bons rapports avec le conseil général suite au conflit dur de 1992 (17 jours de grève de la faim pour se faire entendre. Depuis cette date, on évite de nous chercher des poux). Il existe bien des ’petits maires’ qui sont juste bons à jouer les fusibles en cas de problèmes et dont on voudrait bien qu’ils se contentent de gérer les caniveaux au lieu de poser des problèmes politiques. En Rhône-Alpes, parler de démocratie participative et citoyenne à ce niveau est une vaste fumisterie (nous avons mené à bien une consultation nominative pour la création d’une région Savoie au moment où l’état lançait sa consultation en Corse) ».
Michel Bourgain évoque essentiellement les conflits de compétence avec l’Etat : « interdiction de faire voter les étrangers lors d’un référendum d’initiative locale » déjà évoqué, « expulsion des squats de Roms sans information préalable »… alors qu’avec l’agglomération le bilan global est jugé « positif ».

Et maintenant, des souhaits pour le futur…

Avec la dernière question « Vos souhaits pour votre commune ? », nous souhaitions donner sa place à l’imaginaire. Et parfois l’utopie reprend voix dans le discours du gestionnaire…
Jacques Boutault ancre sa réponse dans un agenda politique réaliste et concret : « La mise en place du plan Climat de Paris, dans le cadre d’un agenda 21 local nous permettra de décliner les principes du développement soutenable dans de nombreux domaines. Notamment, en matière de logements et de création de crèches (il manque toujours des berceaux), nous devrons adopter définitivement les normes de haute qualité environnementale. Nous devrons également poursuivre notre politique de réduction de la place de la voiture dans l’hyper centre par la création d’une zone 30 généralisée au centre ville (je ne suis pas favorable à un péage urbain d’accès au centre), renforcer le respect des règles d’accès au Réseau vert, multiplier les pistes cyclables. Mener des actions pédagogiques auprès des enfants pour les sensibiliser à l’écologie. Et enfin, sans doute l’un des problèmes les plus difficiles, répondre aux légitimes besoins des personnes mal logées. »
René Balme inscrit ses vœux dans la prolongation de sa politique actuelle : « Le premier c’est que la commune puisse continuer à être gérée par une équipe capable de comprendre et de mettre en œuvre la politique que nous menons depuis de longues années : une politique humaniste qui place l’homme au centre de toutes les décisions. Je souhaite que la démocratie participative se développe, que le référendum devienne un outil de gestion, y compris le référendum révocatoire à mi-mandat. Et je suis prêt à m’y soumettre. Je lui souhaite d’avoir la volonté de conserver sa qualité de vie en ne cédant pas à l’appel des investisseurs. Je lui souhaite, enfin, de demeurer vigilante et combative face aux attaques qui sont menées contre le service public et le bien commun. »
Gérard Perrier inscrit lui aussi ses désirs de changement dans la continuité de sa politique actuelle : « les bases de la participation habitante et de l’approche durable des besoins que nous avons construites doivent permettre aux élus, aux services municipaux et aux habitants de poursuivre le développement harmonieux de La Motte-Servolex, avec des projets d’éco-quartier, de grand espace écologique à vocation agricole, naturelle et de loisirs, d’insertion économique… Cette approche, nécessaire à l’équilibre du territoire, a aussi pour but d’avoir valeur d’exemple, aussi bien pour les autres collectivités que pour les particuliers et les entreprises. »
Pour Jean-François Caron, « il va maintenant être nécessaire d’évaluer les actions engagées afin de poursuivre l’action qualitativement et en visant de nouveaux objectifs. L’effort sera porté dans les prochaines années sur la question de l’interprétation de l’action conduite dans le cadre de Ville-Pilote du développement durable. Je suis persuadé qu’il faut s’inscrire dans une double stratégie : celle des ’petits pas’ où chacun à un bout de la réponse et c’est l’effet de masse qui en résulte qui est significative ; et la stratégie de la rupture où des choix courageux sont faits pour faire changer les choses en profondeur. Tout ceci bien sûr ne peut se faire qu’avec une réelle implication des habitants, car cela donne du poids dans les combats. »
Luc Coppin inscrit ses souhaits dans une certaine modestie : il souhaite « que l’intérêt des habitants pour la communauté s’amplifie un peu, et que les projets nombreux puissent voir le jour malgré des montagnes de paperasseries ».
Pour Michel Bourgain, « les souhaits portent sur l’amélioration du service public, l’approfondissement de la démocratie participative et une meilleure concertation avec la communauté d’agglomération ».
Gilles Maistre dessine quand à lui un plan en quatre points pour avancer vers plus d’alternatives : « il devient urgent de créer une taxe pour que la collectivité bénéficie de la spéculation foncière et immobilière. Deuxièmement, nous avons, au centre du village, défini une ZAD [Zone d’aménagement différé permettant à une commune de contrôler la nature des investissements immobiliers, ndlr] et avons pris la décision avec l’EPFL [Etablissement public foncier local, société d’économie mixte permettant aux communes d’investir notamment dans le logement social, ndlr] d’engager une procédure permettant la maîtrise foncière. Ensuite, il faut que l’intercommunalité ne fasse pas disparaître les petits villages. L’élection des délégués des communes au suffrage universel direct est un véritable piège pour nos villages. Sous couvert de démocratie purement formelle, on cherche à mettre sur un même territoire deux instances : la communauté de communes et le conseil municipal. Il est indispensable, par souci de cohérence, que le conseil municipal reste la seule instance reconnue pour représenter le village et pour désigner et contrôler les délégués intercommunaux. Enfin, il faut poursuivre l’agenda 21. Créer un esprit de résistance aux logiques libérales… On peut toujours rêver ! »

Paris 2e

« Le 2e arrondissement compte 20 000 habitants et 58 000 emplois salariés, sur une surface de 1 km2. Dense et très urbain, il est peu pourvu en espaces verts. Composé de logements anciens et petits (70 % sont d’une ou deux pièces), il se distingue par une forte présence de jeunes adultes (44 % de 20-39 ans), de résidents étrangers non communautaires et un taux d’attributaires du RMI et d’allocataires de la CMU qui atteint 8 %. Ce n’est donc pas un arrondissement sociologiquement favorisé. »

Jacques Boutault  : "J’avais 16 ans, en 1977, quand j’ai commencé à m’intéresser à la politique. Je m’engage chez les Verts. En se positionnant clairement à gauche, les Verts deviennent un parti de transformation sociale et donnent à l’écologie politique sa dimension généraliste. Après un diplôme d’études supérieures à l’Ecole des hautes études de l’information et de la communication (Celsa Paris IV-Sorbonne), j’exerce durant 10 ans le métier de journaliste. Puis je rejoins un organisme de protection sociale en 1995 où je suis responsable de la communication interne. Poste que j’occupe encore aujourd’hui à temps partiel.
En 1996, je créé l’association Bien vivre dans le 2e. L’association émet des propositions pour lutter contre les nuisances et la pollution automobiles. Elle organise des débats sur le thème du logement et la place de l’enfant dans la ville.
Je suis désigné tête de liste des Verts du 2e arrondissement aux municipales de 2001. Après le deuxième tour, je suis élu maire, à la suite d’un accord politique avec le parti socialiste.
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Grigny (Rhône)


« Grigny est une ville qui compte aujourd’hui environ 9000 habitants. Le recensement de 1999 classait Grigny la commune la plus jeune du département. Située au sud du département du Rhône, à distance équivalente entre Lyon et Vienne, elle est à la périphérie de l’Isère et de la Loire. Facile d’accès par les trafics ferroviaires, fluviaux et routiers, voire autoroutiers
. »

René Balme  : « Je suis avant tout cévenol. J’ai effectué toute ma carrière professionnelle et syndicale, en qualité de cheminot, ce qui m’a conduit dans le Rhône en 1968 et donc à Grigny. Mon élection au Comité d’entreprise, avec la charge de la communication et de la culture, m’a ouvert des horizons différents. C’est dans ce contexte que j’ai développé des activités extra-professionnelles dans, notamment, la peinture sur toile, l’écriture, l’édition et les technologies de l’information et de la communication. En 1983, je suis candidat, sans étiquette, sur la liste pour les municipales, aux côtés du maire de Grigny, Roger Tissot (PCF). Et je deviens adjoint à la communication et à la culture en 1987. Roger Tissot souhaite préparer son retrait de ce mandat et me propose, un jour, de lui succéder. C’est une grande surprise pour moi, car les usages accordent davantage de légitimité aux ’encartés’ dans les formations politiques. Cette proposition voulait donner, aux électeurs et au monde politique, un signe supplémentaire d’ouverture. C’est en 1992 que je suis élu maire. »

Loos-en-Gohelle (Nord)

« Loos-en-Gohelle est une commune de 7000 habitants, située dans l’ancien bassin minier de la région Nord Pas-de-Calais. Elle fait partie de l’agglomération de Lens Liévin, qui compte 252 000 habitants. Le paysage de la commune a été modelé par la mine et par l’agriculture. Le village rural du 19e siècle s’est transformé en ville minière (charbon). Cependant, 70 % du territoire est composé, aujourd’hui encore, de terres agricoles. Se dressent les terrils les plus hauts d’Europe (146 m de dénivelé), témoins de l’histoire de la mine, que l’on peut désormais visiter. Ces trente dernières années, les démolitions des cités minières ont une nouvelle fois éprouvé le paysage communal. Des opérations innovantes de logement ont permis de faire face à cette nouvelle épreuve. »

Jean-François Caron
 : "Je suis issu de plusieurs générations de militants du combat ouvrier.
Après avoir, dans les années 1980, créé deux associations sur le territoire du bassin minier, dont l’action visait à faire reconnaître les richesses écologiques et le patrimoine historique du bassin, et à en faire de réels leviers d’aménagement et de développement local, j’ai créé, dans les années 1992-1993, une autre association : ’les Assises du bassin minier’. Il s’agit de commencer à penser l’après-charbon. J’entre ensuite au conseil municipal à Loos-en-Gohelle en 1995 avec la délégation à l’urbanisme et à l’environnement, je conduis la révision du plan d’occupation des sols, et mets en place plusieurs politiques structurantes dans le domaine du développement durable. Je suis élu maire en 2001.
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La Motte-Servolex (Savoie)

La Motte-Servolex, ville de 12 000 habitants, non loin de Chambéry, se caractérise par un territoire équilibré entre ses parties urbanisée (1000 ha entre habitat et économie), agricole (1000 ha, première commune agricole de Savoie) et naturelle (1000 ha, principalement forêts, ruisseaux et zones humides). Elle s’étage de 430 m à 1450 m d’altitude, dans la chaîne de l’Epine, à proximité du lac du Bourget. C’est la deuxième ville de la communauté d’agglomération ’Chambéry métropole’, et la quatrième du département. Elle a vécu une urbanisation accélérée ces dernières décennies (3500 habitants en 1965) et accueille environ 650 entreprises pour 4000 emplois. La part de chômeurs et de RMIstes y est sensiblement inférieure à la moyenne.

Gérard Perrier : « Docteur en Sciences de l’énergie, maître de conférences à l’école d’ingénieurs Polytech’Savoie, militant écologiste, je suis adhérent des Verts Savoie depuis 1992. Elu en 1995 sur une liste conduite par un socialiste, mes années de conseiller municipal minoritaire m’ont convaincu que la politique locale pouvait être menée différemment. Avec le soutien de l’ensemble des partis de gauche et des acteurs associatifs locaux, j’ai conduit une liste plurielle et ouverte aux élections municipales de 2001, qui a été gagnante. »

Entremont (Savoie)

« Entremont est un village de 550 habitants, 800 avant 1900 et 330 en 1987. En aval des stations de ski de la Clusaz et du Grand-Bornand, membre de la communauté de communes des Vallées de Thônes, il se situe à une altitude allant de 780 à 2010 mètres, sur 1950 hectares. En 1988, il restait 9 enfants dans la classe unique menacée. Aujourd’hui, ce sont près de 70 enfants qui fréquentent le petit groupe scolaire de trois classes, construit en 1998. »

Gilles Maistre
 : « Gauchiste libertaire de 1970 à 1975 ; de 1976 à 1982 au PSU Besançon ; en 1984 co-fondateur des Verts Haute-Savoie et toujours adhérent depuis cette date malgré les couleuvres à avaler ; en 1989, conseiller municipal puis maire depuis novembre 1989, suite à la démission de la moitié du conseil municipal pour diverses magouilles. »


Fresnes-sur-Escaut (Nord)

« Fresnes-sur-Escaut est une ville de 7600 habitants, commune minière jusqu’à la fermeture des puits en 1960, elle a subi la récession minière et sidérurgique du Nord Pas-de-Calais. Le Parti communiste a régné en maître absolu et sans partage de 1938 à 1995. Comme toutes les communes minières, le taux de chômage y est encore élevé (26 %). Nous faisons partie de la Communauté d’agglomération de Valenciennes Métropole. Commune du Parc naturel régional, nous faisons partie de l’arc minier qui cumule les handicaps dont un taux d’échec scolaire élevé, une faible présence de cadres supérieurs (2 % de recensés ont fait des études jusqu’à Bac + 4), et de nombreux problèmes sanitaires ».

Luc Coppin
 : « Entré en politique en 1978, j’ai exercé différentes responsabilités associatives dans les mouvements de protection de la nature. Conseiller Régional de 1992 à 1998, j’ai été président de l’Espace naturel régional. Je suis maire depuis 1995 en partie à cause de mon action militante mais aussi et surtout parce que j’étais un ’notable’ local et que la population commençait à comprendre que le stalinisme était terminé. »

L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)

« L’Ile-Saint-Denis est la seule commune île fluviale. Pendant 54 ans, de 1947 à 2001, la commune a été dirigée par une équipe PC/PS. Elle a été marquée par une urbanisation massive à partir des années 1960 et compte actuellement 68, 6 % de logements sociaux. L’Ile-Saint-Denis, ville de banlieue nord parisienne, est aujourd’hui l’une des plus petites communes de Seine-Saint-Denis avec 7200 habitants. C’est une ville ouvrière, populaire, métissée, riche de 85 nationalités présentes. Depuis 2002 elle est membre de la communauté d’agglomération Plaine (350 000 habitants). »

Michel Bourgain est « entré dans le milieu militant et politique (maoïste, syndicaliste, différentes associations) en 1968. Depuis 1988, il s’est investi dans de nombreux champs de la société civile (éducation populaire, économie sociale et solidaire, environnement, logement, sports, culture, santé) en particulier à l’Ile-Saint-Denis et en Seine-Saint-Denis. Il est membre des Verts depuis 1991. En 1995 la première liste citoyenne a remporté 15 % des suffrages au premier tour des municipales. Au deuxième tour la liste s’est unie avec celle du PC et du PS. Après trois années d’expérience au sein de la majorité, sans succès, la liste a repris son autonomie en 1998. Parallèlement, un mouvement politique citoyen ’Ensemble pour une île vivante’ s’est construit sur la commune. En 2001, la liste d’entente citoyenne, écologique et solidaire a remporté les élections municipales devant le PS/PC et la droite ».

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