Numéro 347 - juin 2007


Liberté, le combat continue

Libertés : le combat continue

Bilan d’une législative sécuritaire (de Françoise Dumont)
Vers une identité désocialisée (de Daniel Julien)
Inventer des alternatives à la logique de contrôle (de Guillaume Gamblin)
Prendre un enfant par la main (de Jean-Philippe et Jean-Pierre Joseph, Christine Rojewski)
Du fichage ADN généralisé à la “grève de la salive” (de Guillaume Gamblin)
Nouveaux passeports européns : un rapport qui accuse...

Irradiation des aliments

Combien de fraudes en France ? (de Véronique Gallais, Roland Desbordes, François Veillerette)

Droit des peuples

Un curieux parc naturel en Guyane (de Survival international)

Energies

Biocarburants impossibles à grande échelle (de Michel Bernard)

Non-violence

La paix a besoin de volontaires (d’Elsa Joyeux-Bouillon)

Préservation de l’environnement

Munich encourage la bio pour préserver l’eau (de Maureen de Mey)

Le meilleur des mondes

Développement durable... des nouvelles technologies (de Jean-Louis Beaumier)

Social

Contrôle de productivité (de Baptiste Mylondo)

Brèves

Société
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Energies
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Éditorial

Libertés surveillées

"La tendance des êtres humains est d’abuser de leur liberté, c’est-à-dire d’empiéter sur celle des autres. La plus grande menace sur la liberté, c’est la liberté elle-même. Comment défendre la liberté
contre elle-même ? En garantissant à tous la sécurité. La sécurité, c’est la liberté. La sécurité, c’est la protection. La protection, c’est la surveillance. La surveillance, c’est la liberté”.

Jean-Christophe Rufin, Globalia, Gallimard, Folio, 2004.

C’est pourtant simple ! Il suffit d’un peu d’esprit logique et d’un zeste de bonne volonté, et nous sommes tous capables de comprendre cela. Commençons par nous persuader que chaque problème appelle une réponse simple, logique, de bon sens : une enseignante se fait-elle agresser dans un lycée ? Le ministre de l’Intérieur fait une déclaration deux jours plus tard en expliquant qu’ “il faut arrêter de tergiverser sur la présence de la police” dans les écoles. Quelques dizaines de personnes partagent en Europe des visées terroristes ? Imposons des techniques d’identification et de contrôle directement issues de l’univers carcéral à l’ensemble de la population. Mieux vaut prévenir que guérir, comme dit l’autre.

La délinquance, l’immigration, le terrorisme : des “menaces” qui ont un visage. Un visage étrangement “soluble” dans les nouvelles techniques et polices de contrôle. La prévention (de la délinquance), le contrôle (des flux humains) et la répression (des déviants) composent ensemble un cocktail d’une efficacité absolue face aux menaces qui nous assaillent. Vous en doutez ?

Face à cet essor actuel du contrôle social, des résistances émergent, tentant de sauvegarder un minimum de libertés démocratiques : protestations contre les lois sécuritaires, refus du fichage ADN,
du puçage des animaux (qui précède et “accompagne” celui des humains), refus ou destruction de dispositifs biométriques…

Mais au-delà des résistances, c’est en amont qu’il faut penser les
alternatives à cette logique de contrôle qui, une fois qu’on l’a acceptée, ne fait que développer ses morbides conclusions. Ne nous trompons pas de menace : est-ce le terrorisme qui nous met en danger et qui provoque l’inquiétude quotidienne des parents, ou est-ce l’omniprésence de l’automobile dans l’espace public ? La délinquance est-elle plus dangereuse que l’insécurité alimentaire, sanitaire, industrielle, nucléaire ?

Et pourtant, identifier comme danger l’une ou l’autre de ces menaces n’amène pas aux mêmes conclusions : dans un cas, il s’agit de renforcer l’ordre existant avec ses inégalités établies ; dans l’autre, il s’agit de remettre en cause nos modes de vie avec bon nombre des fantasmes consuméristes qui leur sont liés.

Avant de choisir les réponses, choisissons les questions.

Guillaume Gamblin