Numéro 346 - mai 2007


Quelles relations Sud-Nord ?

Quelles relations Sud-Nord ?

L’après développement, version indigène (de Sabine Rabourdin)
Le rôle ambigu des ONG de développement (de Daniel Julien)
De la logique de profit, au souci de l’humain et de la nature (de Pierre Rabhi)

Linux

Hôtel de voyageurs (de Christophe Goby)

Alternatives

Rencontre des Ami-e-s de Silence

Détention préventive

Un homme averti en vaut deux, un homme prévenu zéro (d’Abd el Hafed Benotman)

Urbanisme

Faut-il raser les banlieues ? (de Michel Bernard)

Paix

Les nouvelles technologies au service de la guerre (d’Antonin Reignaud et Guillaume Gamblin)

Sortir du nucléaire

Toujours plus nombreux contre l’EPR (de Michel Bernard)

OGM

Procès des faucheurs volontaires (de Jean-Marie Muller)

Décroissance

Dissidence de la broussaille (de Rodolphe Christin)

Brèves

Nord-Sud
Alternatives
Femmes-Hommes
Société
Paix
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Santé
Politique
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Éditorial

Sud / Nord : agir local, penser ... glocal ?

Si l’on comptabilise tous les pillages de ressources réalisés dans les pays du Sud par les pays du Nord, pillages organisés sans scrupules depuis des siècles par des pays dominants et colonisateurs, au nom de la “civilisation”, on réalise que ce n’est pas le Sud qui a une dette envers le Nord, mais bien le Nord envers le Sud (1).

Comment donc (r)établir un équilibre juste (et non pas “juste un équilibre”) dans les rapports entre le Sud et le Nord ?

Le commerce dit “équitable”, s’il cherche à mieux rémunérer les producteurs du Sud, est très loin de l’être sur toute la chaîne de la distribution (transporteurs, caissières, etc.) (2). Dans la revue S!lence, nous avons souvent montré les limites de ces concepts de commerce et de tourisme qui s’autoproclament “équitable” (3).

Alors comment faire ?
Et si on laissait vivre la biodiversité des cultures vivrières au Sud, plutôt que d’entretenir des monocultures destinées aux petits déjeuners des riches du Nord (café d’Amérique latine, cacao d’Afrique, thé d’Inde…) (4) ?

On serait ainsi invité du même coup à favoriser la production et la consommation de produits éco-locaux et de saison, au Nord, au lieu de manger des fraises ou des légumes qui roulent au gasoil et qui viennent de loin.

Les champs, la fraîcheur et le goût n’en seraient que meilleurs au Nord, et la vie au Sud elle-même serait sans doute plus vivable si l’on y mange (et si l’on y composte) ce que l’on produit localement.

Si l’on doit échanger quelque chose entre le Sud et le Nord, ce devrait plutôt être des savoir-faire (5) : on a beaucoup à s’apprendre réciproquement, et ces échanges-là sont riches de perspectives !

Esteban Montoya

(1) C’est notamment ce que Eduardo Galeano explique dans Les veines ouvertes de l’Amérique latine, une contre-histoire, éditions Pocket, collection Terre humaine, 2005.
(2) Les coulisses du commerce équitable : mensonges et vérités sur un petit business qui monte, de Christian Jacquiau, éditions Mille-et-une-nuits, 2006.
(3) Voir notamment “Dix objections au commerce équitable”, S!lence n°303 et “Andines : construire des alternatives au commerce équitable”, S!lence n°325, ou encore “ Commerce équitable : pratique néo-coloniale ou extension de la mondialisation ?” S!lence n°341.
(4) Lire à ce sujet le livre Commerce inéquitable : le roman noir des matières premières, de Jean-Pierre Boris, éditions Hachette littératures/RFI, 2005.
(5) La revue Les échos du COTA (Collectif d’échanges pour des technologies appropriées, en Belgique) ouvre largement ses pages à ces riches expériences-là . Voir www.cota.be. On pourra aussi relire “La santé a besoin d’une révolution” d’Eric Ledru, S!lence n°341, décembre 2006.