Numéro 329 - novembre 2005


Désobéissance civique

Désobéissance civique

Croître, croire, obéir (de Guillaume Gamblin)

Henri-David Thoreau et sa révolte solitaire (d’ Yvette Baillly)

La “criminalisation” de la désobéissance civile (d’Alain Refalo)

Le sens de la marche (de Madeleine Nutchey)

Une mondialisation de la désobéissance (de Madeleine Nutchey)

Les Faucheurs volontaires (de Jean-Baptiste Libouban)

Habitat écologique

Un projet pour Paris (de Philippe Bovet)

Alternatives

Wwoof autour de la terre (d’Alban Labouret et Aymeric Mercier)

Alternatives

La maison de l’écologie de Lyon (de Michel Bernard)

Le téléphone portable (2) 

Gadget de destruction massive (www.piecesetmaindoeuvre.com)

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éditorial

La servitude volontaire

Si on veut chercher le fondement philosophique de la désobéissance civile et de la non-coopération, il faut remonter aux écrits d’Etienne de La Boétie (1530-1563). Ce grand ami de Montaigne rédige en 1548, le “Discours de la servitude volontaire”. Cet essai développe l’idée que la nature de l’homme est d’être libre et s’il est esclave c’est volontairement. L’homme est complice de la servitude qu’il subit puisque le tyran tire son pouvoir et sa force de ceux-là mêmes qu’il domine. L’esclavage du peuple ne tient pas à la force du tyran mais à sa propre démission. La paresse, la coutume, les habitudes endorment la raison et la vigilance. Le pouvoir du tyran existe parce que le peuple obéit à ses ordres, pour défaire le tyran il faut refuser de le servir. La Boétie, cet étudiant en droit de vingt-trois ans, a l’intuition que le peuple, sans utiliser la violence, peut faire tomber un pouvoir absolu en lui retirant son soutien. “Soyez résolus de ne servir plus et vous serez libres. Je ne veux pas que vous le poussiez ou l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même, fondre en bas et se rompre”.

Cet écrit d’avant-garde pose clairement la question de la soumission à l’autorité. Ce texte a fait scandale, il fut brûlé à Bordeaux par arrêt du Parlement en 1579. Il fut réédité pendant la Seconde guerre mondiale où il circulera sous le manteau. Ce texte reste d’actualité. Nous pouvons refuser dans la vie de tous les jours cette servitude volontaire, par exemple en refusant de se soumettre à la publicité et à une consommation effrénée, et en gardant la maîtrise de nos choix de vie. Ce texte nous incite en notre âme et conscience à ne pas cautionner des orientations prises en notre nom et à désobéir à des lois injustes. Il s’agit de préférer la légitimité à la légalité.

Yvette Bailly

Référence : Etienne de La Boétie et la servitude volontaire, Alain Réfalo, Non-violence actualité, octobre 1994.