Numéro 321 - mars 2005


Est-ce paix l’espéranto ?

Est-ce paix l’espéranto ?

Quelle langue pour une culture de paix ? (de Henri Masson)

Développement et néolibéralisme

L’idéologie déguisée en mieux-être (de Florence Nawratil)

Développement personnel

Des richesses à découvrir (de Florence de Luna)

Energies

Atelier Sol[id]aire (de Christian Maillebouis)

Société

Des nanotechnologies et de ce qui va avec (de Vincent Peyret)

Brèves

Alternatives
Environnement
Paix
Politique
Santé
Annonces
Société
Energies
Nucléaire
Femmes
Nord/Sud
Courriers
Livres

Editorial

Langues communes ?

Au vu de la cacophonie européenne actuelle (1), certains semblent rêver d’une situation telle celle de l’Amérique du Nord où (presque) tout le monde parle anglais. Ainsi, une proposition du récent rapport Thélot pour le compte de l’Education nationale, suggérait son apprentissage à l’école dès le plus jeune âge.

Mais si se comprendre peut avoir de multiples avantages, l’un étant de pouvoir désamorcer les conflits par le dialogue plutôt que par la force, l’anglais n’est peut-être pas le mieux indiqué comme langue internationale.

Car d’une part la pratique de l’anglais est d’une complexité telle que seuls les natifs peuvent en manier les subtilités. D’autre part, adopter la langue de la puissance la plus impérialiste actuellement, c’est lui donner un pouvoir supplémentaire pour nous imposer ses idées.

Et il n’est pas facile de parler une deuxième langue. Maintenir la diversité des langues est un vaste défi : la plupart aujourd’hui dans le monde ne parle bien qu’une langue, et celle-ci n’est généralement qu’une langue extrêmement locale. Les langues étatiques ne sont souvent déjà qu’une deuxième langue (2).

Certains proposent quelques grandes langues régionales comme une langue romane interface entre le français, l’espagnol, le portugais, l’italien et le roumain (3). D’autres, les espérantistes, prônent depuis maintenant un siècle, l’adoption d’une langue internationale simple car sans exception. Cette dernière solution, qui respecte le maintien de la diversité, a également le mérite de mettre tout le monde sur un pied d’égalité.

Michel Bernard

(1) Vingt langues officielles pour l’Union européenne, un tiers du budget consacré aux problèmes de traduction.
(2) Que l’on pense à l’espagnol, deuxième langue pour la plupart dans l’Amérique du Sud… mais aussi en Espagne où cohabitent neuf langues régionales. Quant au français, il n’est première langue que dans très peu d’endroits : la « francophonie » n’est souvent que bien théorique dans nos ex-colonies.
(3) Ce qui fédérerait 60 pays « romans » dans le monde, contre 45 anglophones, 25 arabes… voir à ce sujet « Un monde polyglotte pour échapper à la dictature de l’anglais », Bernard Cassen, Le Monde diplomatique, janvier 2005.