Dossier Environnement Transports France

Un projet rural sans voiture ?

François Schneider

Pour développer des alternatives à la voiture en milieu rural, il faut se confronter à des obstacles structurels, systémiques et psychologiques.

Si la voiture a autant de succès à la campagne, c’est aussi parce que les données fondamentales de la campagne favorisent un tel développement. Les faibles densités ne créent pas de limite par congestion. Les distances sont grandes entre les gens donc les moyens doux comme la marche ou le vélo sont difficiles à utiliser.
La solution inadaptée de la voiture, détruit ce pour quoi on a fait appel à elle : l’accessibilité des services, la proximité de la nature et des gens, tout en créant un système « technico-social » où toute alternative devient impossible (1).
Au niveau psychologique, étant donné l’importance qu’a prise la voiture dans la tête des gens, il faut s’attendre à des réticences extrêmes (2).
Je ne pense pas qu’il soit possible dans l’état actuel des choses de supprimer les voitures des campagnes, car toute l’organisation des activités campagnardes s’est basée sur leur présence. Par contre, je pense primordial le développement de lieux alternatifs et innovants qui en évitent l’usage (lire ci-contre l’état de réflexion dans divers écovillages).

Tinker’s bubble (Angleterre)

Cette communauté est née en 1994 avec comme objectif de « peser » au minimum sur son environnement. Actuellement, seize personnes y vivent (douze adultes et quatre enfants). Elles cherchent à remettre au goût du jour des techniques et des outils qui fonctionnent à la main ou à vapeur (à partir du bois) et ne disposent que d’une vieille camionnette pour faire la jonction avec la civilisation.
Contact : Tinker’s bubble, Little Norton, nr. Yeovil, Somerset, Grande-Bretagne.

Imaginons une ferme sans voiture

La façon la plus facile de vivre à la campagne sans voiture serait de vivre dans un village relié aux transports publics et avec quelques services. Imaginons comment un tel projet pourrait exister au niveau d’une ferme isolée. J’habite depuis quelques temps à la ferme Paulianne (3) et j’ai eu loisir d’imaginer comment ce lieu pourrait devenir la première ferme (volontairement) sans voiture. Juste histoire de rêver un peu.
Paulianne est un grand corps de ferme dans un terrain de 90 ha dont 20 cultivables, la ferme est située à quatre kilomètres de Luc-en-Diois, 500 habitants, dans la vallée de la Drôme, un site magnifique. De par la proximité de la gare de Luc-en Diois (ligne Paris-Briançon) et des accès possibles à vélo, la ferme de Paulianne est un site potentiel pour une telle remise en cause.
Il s’agit de créer un lieu qui arrive à développer une relation différente au temps, où les gens prendraient le temps de se connaître, de connaître là où ils vivent et là où ils vont ; un hameau utilisant les techniques modernes au moins aussi écologique que les anciens hameaux qui arrivaient à vivre de manière complètement locale avec des techniques rudimentaires ; un centre qui associe de nombreuses problématiques, mais mettant la problématique du transport au premier plan d’un accord entre les associés, duquel découleraient toutes les autres.

Il s’agit de créer un lieu qui arrive à développer une relation différente au temps.

Ce lieu réussirait à remettre en cause l’usage des transports motorisés individuels, mais en même temps serait un lieu de passage où de nombreuses activités variées prendraient place, avec des gens de toutes les générations, ayant une grande diversité d’opinions et de philosophies, se retrouvant sur la base d’un contrat simple. Cette remise en cause de la voiture loin de faire fuir les gens, créerait une attractivité que l’on retrouve dans les riches villages sans voitures suisses, dans les refuges autrichiens approvisionnés par câble, dans les villages africains qui font rêver tant d’Occidentaux ou dans les bourgades médiévales. Sauf que dans ce cas, cette situation serait le résultat d’un choix délibéré. De la remise en cause des transports individuels motorisés découle la
relocalisation, l’écologie et la permaculture. Cette relocalisation permettrait de vivre enfin les bénéfices de qualité de vie découlant de nos choix écologiques.

Steward communauty woodland (Angleterre)

Cette communauté est née dans l’optique de développer un mode de vie dans la forêt à base de permaculture (culture avec des plantes pérennes). Elle s’installe en 2000 dans une forêt, avec de simples tentes et construit ensuite en dur avec les matériaux locaux. Quelques personnes y vivent sans voiture et sans beaucoup d’autres choses.
Contact : Affinity Woodland Workers Co-op, Steward Community Woodland, Moretonhampstead, Newton Abbot, Devon TQ13 8SD, Grande-Bretagne, tél : 0845 458 1926.

Multiples conséquences

Réduire les transports motorisés implique de réduire l’importation de denrées alimentaires, évite l’imperméabilisation ou la minéralisation de larges surfaces, favorise l’utilisation d’énergie et de matériaux locaux, remet en cause les allées et venues à tout va pour passer une heure à 50 km de là, incite à explorer les alentours immédiats. Partir se fait alors sur une plus longue période et permet de découvrir vraiment d’autres gens et d’autres horizons.
La non-dépendance à la voiture permet de créer un pôle de vie autonome, de réduire les coûts, de réduire les problèmes de mécanique, de créer une solidarité entre personnes qui ont fait ce choix, de limiter notre pollution, de réduire le danger pour les enfants et les animaux, de favoriser le commerce et les échanges vraiment locaux, de soutenir les transports publics existants et le développement de nouveaux transports publics, de favoriser le recyclage et la réduction des déchets à la source.
Des luttes comme l’alter-mondialisation ou l’anti-mondialisation sont liées à la question des transports. C’est bien parce qu’il y a une révolution des transports rapides à faible prix que la délocalisation de la production a été possible ; c’est parce que les gens avaient la possibilité d’acheter en grande quantité les choses dans les supermarchés que le lit pour le développement des multinationales a été fait. La baisse de la biodiversité, les OGM et autres hybrides sont liés aux transports qui ont permis l’uniformisation des espèces et produits agricoles. Une fois qu’il y a moins de transport, une fois qu’on vit à un endroit donné, alors se développe la récolte des semences et l’utilisation des semences, une diversité qui se développe à chaque kilomètre ou presque.

Des luttes comme l’alter-mondialisation ou l’anti-mondialisation sont liées à la question des transports.

Un lieu sans voitures doit permettre d’être solidaire. Pas juste d’aider les « pauvres » qui n’ont pas de voiture, mais où tout le monde se donnerait les moyens de ne pas brûler de pétrole, d’être logique dans la minimisation de la dépendance à la voiture pour un mieux-être écologique.
Mais comment les transports fonctionneraient-ils de manière concrète dans la ferme ? Paulianne est pour le moment accessible en voiture, le « challenge » étant de créer volontairement un lieu aussi agréable que les lieux qui sont sans voiture grâce à une impossibilité d’accès.

Sieben-linden ecovillage (Allemagne)

L’écovillage Sieben-linden (les sept tilleuls) se situe à Altmark dans la région de Sachsen-Anhalt (dans l’ancienne Allemagne de l’Est). Il réunit des personnes dont le but commun est d’avoir une attitude la plus responsable possible vis-à-vis de la nature. Le groupe est vegan, c’est-à-dire sans aucune exploitation animale que ce soit par la nourriture ou par les vêtements. Afin de ne pas détruire l’environnement avec la voiture, celle-ci est interdite dans l’écovillage. Comme l’école la plus proche se trouvait à une demi-heure de voiture, il a été décidé de faire une école au sein de l’écovillage. Plusieurs maisons collectives ont été autoconstruites selon les principes de l’habitat sain, économes en énergie et chauffage solaire. L’écovillage cherche à mettre en pratique des moyens techniques facilement utilisables localement (cuiseurs solaires par exemple). Le projet a vu le jour en 1989, juste après la fin de la séparation entre les deux Allemagne. Il a commencé à se concrétiser en 1997 sur un terrain de 22 hectares. Une vingtaine de personnes ont commencé à y habiter en 2000 et actuellement y vivent 60 personnes (45 adultes et 15 enfants). L’objectif est d’atteindre 250 à 300 personnes d’ici une vingtaine d’années. Le village se développe chaque été par la tenue de chantiers internationaux.
Contact : Freundeskreis Ökodorf e.V., Ökodorf Sieben Linden, D 38486 Poppau, Allemagne, tél : 49-39000-51235.

Rendre le lieu inaccessible à la voiture

La propriété serait au croisement de vélo-routes évitant la route nationale. A la ferme seraient organisés des rencontres de cyclistes nationaux ou internationaux avec des vélos de toutes sortes. Les vélos couchés seraient utilisés quotidiennement car bien adaptés aux trajets ruraux et aux distances plus importantes. L’utilisation des vélos impliquerait parfois de ne pas revenir le même jour et de séjourner une nuit sur les lieux de visite.
Les liens avec le milieu associatif seraient riches avec le réseau mondial sans voiture (4), Vélo et chemins de traverses (5) et d’autres (6).
Il y aurait des ateliers de fabrication de carrioles, toute une étude des systèmes de carrioles à vélo, de carrioles à mains et autres systèmes de transport à pédale comme les tandem-taxi et vélos taxi, des chaises d’handicapés… (7).
On peut imaginer des systèmes de poulies pour aider à tirer les carrioles dans les endroits plus pentus de la ferme. Le rêve serait d’aller vendre des produits aux marchés locaux voisins (Luc-en-Diois, Die…) avec une carriole à vélo.
Les ânes peuvent aussi permettre le transport de personnes ou de marchandises. Les charrettes à vélo seraient adaptables aux ânes. Les ânes peuvent servir lorsqu’il y a trop
de dénivelé, dans des terrains en hauteur, sur des chemins non carrossables par les vélos. Des sentiers de promenade utilisables par les ânes seraient balisés pour les randonnées en partant de Paulianne. Enfin, les ânes seraient aussi utilisés pour la traction animale.

Centre des technologies alternatives (Pays-de-Galles)

Bizarrement, jusqu’à récemment, ce centre qui présente de très nombreuses alternatives dans les domaines de l’énergie, n’avait pas pris en compte la consommation d’énergie des 50 000 visiteurs annuels qui, du fait de l’isolement, viennent presque tous en voiture. Une étude récente a montré que les visiteurs consommaient quatre fois plus d’énergie que le centre ! Depuis, ils offrent l’entrée au site à demi-tarif pour ceux qui viennent sans voiture. Le centre dispose d’un funiculaire qui fonctionne uniquement en remplissant alternativement d’eau les réservoirs situés sous les cabines.
Contact : Centre for Alternative Technology, Machynlleth, Powys, SY20 9AZ, UK, tél : +44 (0)1654 705950.

Transport en commun

Le train serait largement utilisé, ce qui aurait pour conséquence de soutenir la gare de Luc-en-Diois toujours menacée. Il est envisageable d’organiser un service de transport en commun autonome, qui pourrait être utilisé par d’autres gens sur la distance entre la gare et la ferme (4 km). L’important, c’est que l’heure de départ et le trajet, ne soient pas décidés par le conducteur, mais par un accord de tous les usagers, qui soit à heure fixe et donc planifiable.
Un parking, invisible de la ferme, peut permettre d’accueillir la famille qui vient en voiture et qui ne peut pas imaginer de venir autrement. Ou des gens qui veulent absolument une voiture quand ils restent sur place ou pour les problèmes d’urgence, quand on doit aller à l’hôpital. Ce parking serait juste une espèce de soupape.
La chose normale en tout cas pour les visiteurs serait de venir en train et vélo ou à pied, en kayak, en bus… en gros, pas en voiture. Pour ceux qui viendraient avec un véhicule individuel qui utilise le pétrole, ils devraient payer une éco-taxe (par exemple égale au prix du train) qui servirait à financer les aménagements cyclables ou de transport en ânes ou en commun. Une taxe est préférable à une réduction pour être bien clair que la chose « normale » c’est de venir à vélo et en train.

Communautés Amish (USA)

Les Amish sont des prostestants d’origine suisse qui ont fuit les persécutions au dix-huitième siècle et se sont réfugiés à l’origine en Pennsylvanie. Lors de la révolution industrielle, ils prennent la décision de refuser toutes les machines autres que manuelles ou à traction animale. Ce refus est toujours d’actualité. Ils sont aujourd’hui 18 000 en Pennsylvanie et 40 000 dans le reste des Etats-Unis. Ils pratiquent l’agriculture biologique, refusent les systèmes d’assurance ou de retraite, la communauté devant vivre sur l’entraide entre tous. Alcool, tabac et autres drogues sont interdits. Cela pourrait paraître séduisant, mais encore aujourd’hui, les femmes y sont considérées comme des esclaves !

Transport par câble

Assez développé en Suisse et en Autriche dans les Alpes pour approvisionner des villages et refuges isolés ou pour traverser des fleuves (8), le système de transport par câble est très peu développé en France de nos jours (sauf de grosses installations pour les stations de ski : télésièges et autres). Il ne manque pourtant pas d’atouts : consommation énergétique très faible (9), très faible emprise au sol (surtout si on le compare avec les routes en lacets dans les zones montagneuses), simplicité, coûts modiques si on réussit à l’installer soi-même. Sa mise en place est totalement supplantée par la frénésie du bulldozer (10).
La situation de Paulianne, en aval de la gare et du village, pourrait permettre d’approvisionner le lieu par un chariot pendu à un câble. Les produits qui sortent de la ferme pourraient l’être par un autre câble qui rejoint la route normale en aval.
Des câbles mobiles pourraient permettre de descendre des collines du bois et des récoltes agricoles.
Un moteur électrique mobile serait utilisable dans les cas où on veut faire remonter des matériaux par les câbles (compost, piquets, planches, outils…), mais dans la plupart des cas, les possibilités offertes par les lois de la gravité seraient utilisées au mieux.

Tamera (Portugal)

Cet écovillage de 134 hectares fonctionne depuis 1995 en coopérative autour d’une charte visant à développer un mode de vie non-violent. Il se trouve à une trentaine de kilomètres de l’océan. Il a été fondé par des personnes venant d’un autre écovillage à l’origine en Allemagne. Il n’est pas relié au réseau électrique. Une réflexion s’est engagée pour essayer de réduire les nuisances des villageois et des visiteurs qui utilisent beaucoup la voiture. La station de train la plus proche est à 15 km. Une première étape pourrait être la mise en place d’un transport en commun entre le village et la gare. Il est intéressant de noter que se couper du réseau électrique semble plus facile que de se couper du réseau routier.
Contact : Tamera, Monte do Cerro, P-7630 Colos, Portugal, tél : 00351 283 6353 06.

Autour des transports

Pour être en accord avec la recherche d’un moindre poids écologique, l’agriculture devrait être « biolocale », sans herbicides, sans engrais chimiques, sans importations et peut-être sans labour ; développement de techniques de ruches « biolocales » basées sur un lien avec des pratiques agricoles générant des fleurs toute la saison, et évitant le déplacement des ruches ; traction animale.
Un centre de compostage sur le haut de la propriété près de la route avec système de chargement par câble, servirait de site de compostage en grande quantité, ouvert au dépôt des matières organiques des voisins pour réduire la quantité de déchets à traiter par la commune.
La lutte contre l’érosion par l’eau de pluie, avec des systèmes de digues et mini-barrages, et le recyclage des eaux grises peut servir également à alimenter différentes machines où l’eau fournit de l’énergie par gravité.
Chauffage et électricité devraient provenir des énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse) et s’accompagner d’une super-isolation des maisons. On peut même imaginer un centre de gymnastique écologique. Au lieu de faire des mouvements dans le vide ou sur des appareils divers, les efforts faits par chacun permettrait de fournir l’énergie pour différentes activités : presser des jus de fruit, moudre différents grains pour le pain, les épices, remplir des batteries d’électricité, remonter de l’eau, faire remonter les chariots remplis sur les câbles, faire marcher machines à laver, perceuses… Ce centre de gym serait une attraction du lieu et en même temps un moyen efficace de faire marcher efficacement de nombreuses machines.

François Schneider

(1) On retrouve là la critique d’Ivan Illich du monopole radical lié à la voiture
(2) Jean-René Carré est pessimiste : « les solutions restrictives à l’usage de la voiture peuvent difficilement se justifier quand il n’y pas de congestion. Sans restriction, les incitations aux autres modes ne suffisent pas à provoquer un report modal ». Ecomobilité, mai 2003 INRETS/PREDIT.
(3) Site de Paulianne : http://paulianne.free.fr.
(4) Voir le site www.worldcarfree.net.
(5) Vélo et chemins de traverses, association relais en Rhône-Alpes de AF3V, Association française vélos et voies vertes, chez Association Vélo, 5, avenue F.-Collignon, 31200 Toulouse, tél : 05 34 30 05 59.
(6) Comme Cyclo-camping international, European Cycle Federation, Regroupement pour une Ville sans voiture, Fubicy…
(7) voir www.carrioles.com.
(8) Le câble est le plus souvent aérien, mais il existe des systèmes intéressants où les bateaux utilisent la force du courant pour traverser un fleuve le long d’un câble.
(9) Parfois uniquement en bénéficiant de la chute de l’eau par gravité, comme dans de nmbreux funiculaires de montagne.
(10) Encore autre chose à remettre en cause ou tout au moins à utiliser avec plus de modération. Si on s’attaque aux ouvrages avec des pelles et pioches, le câble prend l’avantage, mais quand de telles machines, pouvant déplacer des montagnes, sont si facilement disponibles alors les solutions les plus insensées prennent toujours le dessus. Voir l’article de Schneider et Niza, 2004, Extractors, a Material Flow Analysis perspective, sur www.seri.at.

Elfi (Italie)

Les écovillages d’Elfi, en Toscane (Italie) existent depuis une trentaine d’années et depuis leur origine, ils sont habités en permanence par 100 à 400 personnes réparties dans une dizaine de hameaux, dans une vallée sauvage pleine de châtaigniers. Chaque hameau est distant d’un autre d’une à deux heures de marche. La plupart ne sont accessibles qu’à pied. Il n’y a ni électricité, ni téléphone, ni télévision, ni système de chauffage dans la plupart des pièces, parfois pas de vitres. Il n’y a pas non plus d’ordinateurs et donc d’internet. Interrogées, une personne qui vit là estime qu’environ 20 % ont quand même des voitures parquées ici où là.
Les moyens techniques utilisés sont minimums comme une machine à laver le linge fonctionnant avec un système de pédales (quand il fonctionne). L’un des hameaux, celui de Picolo Burrone est totalement sans voiture.
Récemment, quelques hameaux d’Elfi ont été reliés au reste du monde par quelques mauvaises routes sinuant dans les bois. Certains restent aujourd’hui à cinq minutes à pied d’une route, d’autres à une heure de marche. La nécessité d’une liaison carrossable proche s’est justifiée essentiellement pour les enfants qui doivent aller à l’école pour garder un lien avec le « monde » (les enfants le demandent eux-mêmes).
Même si ces nouvelles routes ne pénètrent pas dans les hameaux, cela a quand même considérablement changé le mode de vie. Ils peuvent maintenant facilement aller chercher de la nourriture à l’extérieur, pour eux ou pour leurs animaux. Cela a crée un trafic estival avec de nombreux visiteurs et a nécessité, à la demande de personnes génées, de mettre en place des limitations.
Faire les navettes avec les écoles nécessite plus de deux heures d’utilisation de véhicules par jour.
L’arrrivée de la voiture a eu comme conséquence de réduire le recours aux chevaux et aux ânes. Elle a aussi permis de développer des activités extérieures comme la vente de pizzas ou la cueillette d’olives. Cette recherche d’activités rémunératrices à l’extérieur s’est avérée nécessaire pour payer les nouvelles dépenses induites par les voitures.
Cet écovillage a pu naître car les maisons, squattées à l’origine, avaient été abandonnées parce que trop éloignées alors des routes. Se trouver au départ trop loin des modes de transports publics conduit un jour ou l’autre à vouloir construire des routes pour se relier au monde extérieur. La présence de constructions encore aujourd’hui loin des routes, laisse supposer que les matériaux de construction ont été amenés par transport animal.

Tiberkul (Russie)

En 1994, un groupe de personnes décide de développer dans la taïga, en Sibérie, près de Tiberkul, un projet d’écovillage. Celui-ci se développe sur 250 hectares. Cette communauté a un caractère spirituel important sur le principe du retour aux rites de la « Terre-mère ». Aujourd’hui, 3000 personnes y vivent… sans voiture, à 8 km de la première route et de la première gare.

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