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Eoliennes et choix de société

Bertrand Louart

Les éoliennes industrielles récemment construites en France et ailleurs sont-elles une alternative ? C’est oublier de se poser la question : pourquoi a-t-on besoin d’autant d’énergie ? Pour finir de détruire la planète ?

J’ai du mal à comprendre l’engouement de Silence pour les éoliennes industrielles. Un article du numéro d’octobre 2001 m’a agacé à cause des contrevérités qu’il contient, et puisque vous récidivez dans le numéro de janvier 2002 (n°278-279), je me décide à prendre la plume pour exposer les arguments qui me rendent sceptique quant à ces engins.
Christian Maillebouis écrit dans cet article : « Et que se passera-t-il quand notre mode de vie occidental sera légitimement revendiqué par les 4/5 de la population mondiale actuellement en phase de développement et que le nombre des passagers de notre vaisseau planétaire atteindra des sommets vertigineux ? ».
Je croyais que les lecteurs de Silence savaient que le “mode de vie occidental” ne peut pas être généralisé à l’ensemble de la population mondiale sans détruire irrémédiablement les conditions de vie sur la planète. Déjà, on voit comment 1/5 de cette population arrive à salement les endommager. Et je ne crois pas que ce “mode de vie” mortifère soit vraiment ce à quoi aspirent les populations du reste du monde. J’ai même cru comprendre que bien souvent il leur était imposé par le dumping économique, la privatisation des terres, les lois du marché mondial, les multinationales, les polices et les Etats… Et d’autre part, on ne dénonce pas assez, en Occident, à quel point ce “mode de vie” est en réalité une misère humaine et sociale dissimulée par une abondance matérielle et technologiquement suréquipée : il a fallu vider de tout contenu et stériliser la vie sociale et humaine pour faire place nette à la circulation des marchandises et des images.
Dès le début de cet article, le problème est donc mal posé. La solution qui lui est apporté, avec un enthousiasme naïf et qui plus est comme une “solution miracle”, est malheureusement tout aussi boiteuse : « Évidement, seules les énergies renouvelables peuvent résoudre ce dilemme. »

De l’énergie pour quoi faire ?

L’auteur de cet article écrit : “Il faut de l’énergie : en voilà de la propre”. C’est ne vouloir s’occuper que la partie technique du problème, qui est importante certainement, mais qui devrait être subordonnée à ses aspects politiques et sociaux. Or, il se place délibérément dans le cadre de la société industrielle, il fait comme si le “mode de vie” qu’elle promeut était tout à fait naturel et agréable, il feint de croire qu’elle est raisonnable et pondérée dans l’usage de ses ressources, il prétend que le seul problème est celui de la généralisation de ce “mode de vie" et non que c’est ce “mode de vie” lui-même qui est un problème et il est par conséquent décidé à trouver des solutions pour en assurer à l’avenir le “développement durable”. M. Maillebouis vit-il sur Terre ou bien vient-il d’une autre planète ? Quelqu’un serait-il assez charitable pour lui expliquer ce qui se passe ici ?

Ce qui se cache sous le terme d’énergie, c’est la capacité des hommes à transformer le monde.

Sous le terme général et abstrait d’énergie, on a trop tendance à oublier que ce que l’on désigne par là c’est, d’une manière aussi générale mais plus parlante, la capacité des hommes à transformer le monde. Par conséquent, avant de trouver de l’énergie physique en abondance, il vaudrait mieux d’abord savoir plus précisément à quoi elle va être employée, sinon on risque de transformer le monde n’importe comment. C’est d’ailleurs bien ce que nous voyons aujourd’hui, où le “mode de vie occidental”, particulièrement dispendieux en énergie, porte atteinte partout aux conditions de la vie. Je crois donc qu’il faudrait non pas plus ou autant, mais moins de cette énergie physique si désastreusement employée, et peut-être plus, beaucoup plus d’énergie d’ordre moral, de « force et de fermeté » (selon le sens originel du mot) dans les analyses et les convictions écologiques, par exemple.
Pour cela, il est nécessaire non seulement de savoir dans quelle sorte de monde nous vivons, mais aussi ne pas avoir peur de dire que nous n’en voulons pas, et que par conséquent ses problèmes ne sont pas les nôtres. Ou plus exactement, que les termes dans lesquels la société industrielle impose à chacun ses problèmes, pour justifier son existence et son “développement durable”, ne sont pas ceux des individus dépossédés comme vous et moi, mais bien ceux des dirigeants. En considérant ces problèmes selon ces termes, on se retrouve alors naturellement sur le terrain de la gestion du système, de ses nuisances et de ses catastrophes, et non sur le terrain d’une transformation sociale, c’est-à-dire d’une appropriation par les individus ou les communautés des pratiques qui permettent de se passer, autant que possible, de ce système et d’essayer d’en sortir un tant soit peu. Et sur la question de l’énergie, le but des écologistes ne devrait pas être seulement de trouver de quoi remplacer les centrales nucléaires, mais aussi d’expérimenter et de réfléchir à des pratiques où l’énergie ne serait plus cette grandeur abstraite à laquelle on fait faire n’importe quoi, mais serait plutôt, par exemple, la mesure de l’adéquation des rapports entre l’homme et la nature.

La question n’est pas seulement de se passer du nucléaire, mais également de définir ce que peuvent être les rapports entre l’homme et la nature.

Il me semble que c’est vraiment à partir d’un tel point de vue que l’on peut commencer à se poser les bonnes questions — à propos de l’énergie comme du reste — et avancer vers des solutions constructives pour fonder une société sur la base démocratique de l’activité individuelle et collective, et non plus sur la base de méga-machines, d’automates, d’experts et de technocrates, fussent-ils “écologistes”.

Faut-il des éoliennes industrielles partout ?

Il est mensonger de prétendre que l’on pourrait avoir le “mode de vie occidental” avec les énergies renouvelables. Un “mode de vie occidental propre” est tout aussi illusoire et fallacieux que la “voiture propre”, que Silence ! a pourtant justement analysée et dénoncée.
Dans un petit ouvrage Sortir du nucléaire, c’est possible avant la catastrophe (éd. l’Esprit Frappeur), Bella & Roger Belbéoch avaient pourtant montré cette impossibilité et avaient essayé de recentrer le débat sur la question de l’usage social de l’énergie. « Pour remplacer les 57 140 MW produits par les 54 réacteurs nucléaires à eau pressurisée (au 31 décembre 1995), il faudrait un ensemble éolien de 180 500 MW, c’est-à-dire 600 000 éoliennes de 300 kW. La distance entre éoliennes ne doit pas être inférieure à 200m, cela représente donc une ligne d’éoliennes de 120 000 km. ».
Personne ne nous dit où l’on va mettre ces centaines de milliers de machines… des “experts” sortis d’on ne sait où nous disent (comme il y a 50 ans avec le nucléaire) qu’il n’y a pas de problème et par conséquent personne ne se pose plus de questions. C’est beau, la propagande… (1)
On aura compris que je ne vois pas d’un bon œil la multiplication des éoliennes industrielles. Je parle d’éoliennes industrielles parce que ces machines sont gigantesques et que seuls peuvent les fabriquer et les mettre en œuvre de grands groupes industriels ; elles n’ont donc strictement rien à voir avec une appropriation individuelle ou sociale de la production d’énergie. C’est une appropriation privative, quand bien même les pouvoirs publics la réglementeraient. Il ne s’agit ici que de commerce et d’industrie qui comme on le sait sont très respectueux de la nature et des hommes… puisqu’ils cherchent à les exploiter tous deux un maximum [Là, M. Maillebouis, c’est moi qui ai honte de rappeler de telles évidences.].
J’ai donc été surpris de voir que Christian Maillebouis avait d’abord commencé ses recherches sur les éoliennes par d’autres problèmes techniques, mais qui étaient alors directement à sa portée, à savoir la fabrication de ces machines pour une production personnelle d’électricité. Quelques années après, en lisant son article, j’ai l’impression de lire un rapport gouvernemental sur le développement d’un secteur industriel. Comment est-il passé de cette première démarche, qu’Ivan Illich qualifierait de conviviale, car elle produit des résultats que chacun peut s’approprier, à cette seconde démarche qui me semble être plus proche du lobbying, fût-il écologique ?

De la démesure

Mon hypothèse est celle-ci : parce que les besoins en énergie de la société industrielle sont démesurés, il faut leur trouver des solutions à la même échelle. Voilà ce que j’appelle le chantage à la démesure, qui
fait que l’on s’occupe d’abord et de toute urgence des questions technologiques — que seule cette société industrielle peut mettre en œuvre, puisque c’est elle qui crée des problèmes de cette ampleur — et que l’on oublie de se demander : “A quoi, en fin de compte, sert tout cela ?”.
Il semblerait que chez certains “écologistes” on n’imagine même plus qu’il soit possible de se poser ce genre de questions. J’en veux pour preuve l’article ahurissant publié l’été dernier dans Le Monde (3 août 2001) par Mme Danièle Auffray, adjointe Vert au maire de Paris, intitulé A-380 : une seule solution, le zeppelin. Il commence ainsi : « Pour le transport des ailes de l’Airbus A-380, de Bordeaux à Toulouse, le zeppelin est la seule solution écologiquement satisfaisante ». Et plus loin : « Le zeppelin, avec ses moteurs à faible puissance, entraîne une très faible pollution sonore ou d’émission de CO2 ». Combien de milliers de litres de kérosène va brûler un seul de ces avions géants A-380 au cours de sa carrière ? Quelles pollution sonore et quantité de CO2 va-t-il ainsi émettre ? Voilà quelques questions que bêtement, moi qui ne suis pas Vert, je me posais devant un appareil aussi monstrueux. Mais on voit la méthode : repeignons tout en vert (avec de la peinture “bio”, s’il vous plaît !) et nous pourrons enfin nous adonner aux délices de la consommation tout en ayant bonne conscience…
A quoi servent, en fin de compte, les éoliennes industrielles ? Elles servent à beaucoup de choses, mais à mon avis, elles ne servent pas l’écologie et moins encore la liberté des hommes ou l’autonomie de leurs communautés. En fait, et c’est ce que je voulais suggérer avec le précédent exemple, elles ont avant tout une fonction idéologique.

Repeignons tout en vert et nous pourrons enfin nous adonner aux délices de la consommation tout en ayant bonne conscience…

Ces derniers temps, les catastrophes générées par le mode de production industriel n’ont pas manqué, et par conséquent, le consommateur a besoin d’être rassuré. Voir des éoliennes sur le bord de l’autoroute, sur le bas-côté de la ligne de TGV, ou avant de pénétrer dans une zone industrielle, peut contribuer à le rasséréner. S’il est un lecteur de Jonas (le magazine “écolo” pour branchés) il pourra parler de “développement durable” et de “droit des générations futures” à ses enfants sur les longs trajets de l’autoroute du Sud tout en allumant la climatisation de son 4x4. Et cela en toute bonne conscience…
Les éoliennes industrielles ne sont rien d’autre que des moulins à prières d’une société qui va vers le désastre et qui ne veut pas le savoir tout en cherchant tout de même à en tirer profit. Maintenant que le changement climatique est avéré, que le nombre de phénomènes météorologiques violents est en augmentation, il est temps d’investir dans l’éolien ! A la prochaine tempête, elles tourneront à plein régime…
Que l’on doive la construction de ces éoliennes à des gens sincèrement soucieux de la préservation de l’environnement, c’est ce dont je ne doute pas ; je voulais simplement souligner que la solution qu’ils proposent est une illusion tant qu’ils ne remettent pas en question le système des besoins que cette société a créé, avant tout pour faire circuler ses marchandises. Que d’autres, ou les mêmes, soient également soucieux du “développement durable” de la société industrielle qui est elle-même à l’origine de cette dégradation sans précédent, cela ne fait aucun doute non plus. Ce sont d’ailleurs les mêmes groupes industriels qui nous ont construit les centrales nucléaires, les raffineries de pétrole, et bien d’autres saloperies qui maintenant cherchent à “verdir” leur image avec ces éoliennes. On avait déjà vu qu’il n’y a pas plus écologique que Monsanto avec ses OGM (censés consommer moins de Round-Up), et bientôt nous aurons un monde encore plus écologique et encore plus propre grâce aux éoliennes de CEG-Alstom, Framatome, TotalFinaElf, Bouygues, etc. « A part ça, madame la Marquise, tout va très bien, tout-va-très-bien… » (air connu).
La fonction idéologique de ces machines est flagrante lorsqu’on considère le terme de “fermes éoliennes”. Leurs promoteurs ne pouvaient parler de “centres de production d’électricité éolienne”, cela sonne trop technocratique ; parler de “parc d’éoliennes” sent trop la “réserve naturelle” et dénonce l’opération qui consiste à cacher la centrale nucléaire derrière quelques uns de ces engins bien voyants. Mais “fermes éoliennes” est vraiment génial : cela sonne tout de suite bucolique et écolo. Quel merveilleux tour de prestidigitation que celui qui consiste à faire passer un ensemble de machines pour une ferme ! Je sais bien qu’il n’existe maintenant pratiquement plus de paysans et que dans les campagnes on trouve plutôt des “exploitations agricoles” et des “élevages en batterie”, mais tout de même, comme le dit M. Maillebouis avec le titre de son article, nous voilà en plein chez Hélice au pays des merveilles !

Les éoliennes industrielles sont les moulins à prières d’une société qui va vers le désastre et qui ne veut pas le savoir tout en cherchant tout de même à en tirer profit.

Désolé, donc, de revenir à la réalité. Les éoliennes industrielles ne servent pas l’écologie, elles ne servent qu’à soutenir l’idéologie du despotisme industriel. Elles n’économisent pas la nature, mais elles permettent plutôt de faire l’économie de la conscience : « la technologie a réponse à tout », c’est-à-dire qu’il n’y a plus de questions à se poser sur les fins mais uniquement sur les moyens à mettre en œuvre, et… l’énergie et l’argent qu’il faut y consacrer. Voilà un des principaux articles de foi de l’obscurantisme scientiste, malheureusement trop répandu encore chez de nombreux écologistes.
Pour conclure, je crois qu’il est temps de dire — un peu brutalement peut-être, mais ce sont des évidences qui s’imposent à moi — que les éoliennes industrielles sont des hochets pour des adultes qui se payent de mots, d’images et de symboles (en l’occurrence ceux des “énergies renouvelables”) parce qu’ils ont peur de regarder en face la réalité. Que cette réalité fasse peur, c’est l’évidence. Mais ni l’aveuglement volontaire, ni la fuite en avant technologique et moins encore la soumission à « ce qui existe pour la [mauvaise] bonne raison que cela existe » n’éviteront à quiconque d’affronter le danger de mort que la société industrielle fait courir à l’humanité et à la nature dans leur totalité. Seule une démarche critique et expérimentale s’opposant à la poursuite du développement de cette société et de son mode de production permettra, peut-être, d’éviter une aggravation irrémédiable du désastre.

Bertrand Louart.
email : b.louart@9online.fr

(1) Note de la rédaction : dans ces calculs, Roger Belbeoch estime que la puissance réelle des éoliennes doit être divisée par quatre pour tenir compte de l’écart entre l’énergie du vent et de l’énergie électrique produite, ce qui signifierait un rendement réel de l’ordre de 25 %. Si ce rendement est réel, les industriels qui vendent des éoliennes indiquent la puissance électrique potentielle et non la puissance du vent, de même que lorsque l’on parle d’un réacteur nucléaire, on parle de sa puissance électrique et non de la puissance nucléaire (qui serait trois fois plus élevée). Cette multiplication par quatre est donc erronée. De même, ce calcul de 1995 est fait ici avec des éoliennes de 300 kW alors que l’on en construit actuellement des dix fois plus puissantes. Au lieu de 600 000 éoliennes, on n’en est plus alors qu’à 15 000... soit autant que de châteaux d’eau.

Il est parfois dur de regarder le soleil noir en face

"Dans un contexte nouveau, nous n’échapperons pas aux questions de fond qui ont toujours hanté et déterminé l’homme, faute de quoi nous nous perdrons dans la jungle actuelle sans arriver à dégager une direction commune. A savoir qu’est-ce que la nature et qu’est-ce que l’homme ? D’où venons-nous et où allons-nous ?…
Notre paradoxe est de devoir nous hâter lentement, sommés de réfléchir dans une maison qui prend feu. Mais on ne force pas plus le développement d’un grand changement humain que celui du développement d’une plante.
On n’édifie que sur un fondement solide : si l’on est tant soit peu clair sur soi-même, sa situation et ce que l’on veut en faire. Et cette recherche de fond est nécessaire à l’action pour une autre raison. Sauf catastrophe nucléaire ou autre qui retournerait l’opinion, le mouvement écologique doit compter sur lui-même. La force d’un mouvement naissant est moins dans les circonstances (le nombre, la puissance matérielle et l’influence sur le public) qu’en lui : dans la vigueur et la qualité des motivations spirituelles, morales et rationnelles de ses adhérents, sans lesquelles une telle entreprise manquerait d’un moteur. Un mouvement s’enracine d’abord dans les convictions personnelles de ses membres. Plus elles le seront, plus le mouvement sera solide et vivant parce que puisant sa sève par d’innombrables et profondes radicelles. Si pour chacun le motif d’agir est vraiment une question de vie ou de mort pour
laquelle les chances de réussites ne sont que secondaires, alors il résistera aux échecs et à l’usure du temps. Et c’est la conviction qui suscite l’imagination, celle qui fait qu’à force de se cogner la tête contre les murs on découvre ou invente la fissure qui rend l’impossible possible. Et si par malheur une crise grave éclate, ce qui se pourrait bien dans l’actuel chaos, c’est la force des convictions qui permettra de tenir dans la tempête en affrontant la solitude et les risques de l’action clandestine. Le for intérieur de chacun est le dernier réduit d’un mouvement en cas de troubles. Par contre celui qui s’identifie à son organisation comme la sociale-démocratie allemande en 1933 se dissipe comme un fantôme au premier choc.
L’énergie des motivations personnelles — la foi vivante, antithèse des idéologies ou mythologies qui ne sont que ciment pour boucher du vide — peut seule amener des hommes à se fédérer à d’autres en dépit de la variété de leurs origines religieuses, professionnelles ou nationales. Plus une certitude est vivante et profondément enracinée, moins elle a besoin d’une cuirasse idéologique, de vérités et d’un cadre tout faits pour se défendre, moins elle craint la critique et se ferme à autrui. Elle seule peut inspirer ce qui n’est ni un dogme ni une organisation, mais une alliance.
Le réalisme oblige à constater que le mouvement écologique rassemble des participants très divers par le caractère, l’âge, le milieu et les préoccupations. C’est son intérêt et sa difficulté. Si chacun ne sort pas de sa spécialité ou de son petit coin, l’action écologique se dispersera en institutions diverses ou parallèles et concurrentes. On n’évitera cette divergence qu’en ayant bien conscience de l’unité du phénomène industriel et des raisons qui poussent à le combattre. Tout en étant parfaitement au clair sur ce qui nous distingue, afin de l’être d’autant plus — sans mensonge ni illusion cette fois — sur ce qui nous unit. C’est une grande et difficile nouveauté qu’une association où l’accord se dégage des différences ; mais un monde qui les menace toutes nous y contraint. Rappelons qu’il n’est pas de motif plus fort qui puisse réunir les hommes les plus divers que la menace d’une destruction totale de la nature et de la liberté. A nous d’y penser sans cesse, même s’il est parfois dur de regarder ce soleil noir en face…
Bernard Charbonneau
Le feu vert, 1980.

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