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Le grand éolien va-t-il provoquer une catastrophe ?

Michel Bernard

Si l’éolien ne s’accompagne d’une volonté d’économiser l’énergie, nous allons tout droit dans le mur : car augmenter la production d’énergie, c’est se donner des outils pour accélérer le pillage de la planète.

Le 6 avril 2009, le conseil pour l’environnement du comté de Norrbotten, en Suède, a lancé un projet de parc éolien géant : 1100 éoliennes totalisant une puissance de 10 000 MW pour un coût de 5,1 milliards d’euros (1).
Ceci pourrait être acceptable si parallèlement le gouvernement suédois annonçait la mise à l’arrêt de ses réacteurs nucléaires, conformément au résultat du référendum de 1980. Un premier a été fermé en 1999, un deuxième en 2005… Il en reste 8 et le gouvernement refuse d’aller plus loin. On risque donc d’avoir du nucléaire et de l’éolien.
A Marseille, du 16 au 19 mars 2009, s’est tenue une conférence européenne sur l’énergie éolienne. 390 entreprises y étaient présentes. Plusieurs milliers d’hommes d’affaires débattaient d’un marché en pleine expansion. Les débats y portaient sur les tarifs préférentiels, sur les investissements de fonds publics, sur le potentiel de l’offshore, sur les futurs accords de Copenhague sur le climat… Ce n’est évidemment pas les industriels comme Areva ou Siemens, qui ont la double casquette éolien-nucléaire, qui allaient remettre en cause notre avenir radioactif.

Pour sauver la planète, il ne faut pas simplement produire autrement, il faut consommer moins.
Positionnement difficile

Les écologistes n’osent pas trop critiquer le grand éolien car ils le voient comme un moyen de saborder l’énergie nucléaire. Concrètement, c’est une réalité de plus en plus palpable.
Côté économique, selon EDF, le temps de retour (2) dans le nucléaire est de l’ordre de 14 ans. Dans l’éolien, il est de moins de 3 ans.
Côté écologique, la « laideur » des éoliennes n’est que subjective : les tours de refroidissement des réacteurs nucléaires de 100 m de haut où les pylônes des lignes à très haute tension ne font pas mieux.
Les différences sont ailleurs : un avion qui tombe sur une éolienne ou une crue qui inonde un site ne provoquent pas une catastrophe. Une éolienne ne produit pas des déchets pendant des millénaires. On ne sait toujours pas démonter un réacteur nucléaire, alors qu’il faut quelques mois pour démonter une centrale thermique, quelques jours pour démonter une éolienne.
Il n’y a pas photo. Mieux vaut des éoliennes géantes que des réacteurs nucléaires.
Mais la dérive actuelle qui consiste à ajouter la production éolienne à celle du nucléaire et du thermique n’a aucun sens en terme d’écologie. Pour sauver la planète, il ne faut pas simplement produire autrement, il faut consommer moins.

Diminuer la consommation énergétique

C’est donc des choix politiques qu’il faut faire : utiliser le grand éolien pour fermer au plus vite les réacteurs nucléaires, puis les centrales thermiques… et en parallèle se lancer dans une campagne de sobriété énergétique visant à diminuer notre consommation. Et là, il ne s’agit pas seulement d’améliorer notre efficacité énergétique, mais bien de changer nos modes de consommation car tout appareil qui consomme de l’électricité est aussi fait de matériaux de plus en plus rares qu’il faut aller chercher de plus en plus loin et de plus en plus profond. Soit les écologistes arrivent à reprendre la main sur ce dossier, soit la catastrophe écologique disposera d’une énergie propre pour se poursuivre de plus en plus vite.

Michel Bernard

(1) Soit un coût sensiblement le même que celui de l’EPR, pour une production cinq à huit fois plus importante !
(2) Temps entre le moment où l’on fait un investissement et le moment où l’on s’est remboursé.

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