Fukushima, septembre 2011

1er septembre

  • Un 42e réacteur est arrêté au Japon. Il n’en reste plus que 12 en fonctionnement sur 54.
  • Nicolas Sarkozy menace de « frappes chirurgicales » le réacteur nucléaire iranien actuellement en démarrage… sans penser un instant que cela pourrait en inspirer d’autres pour en faire de même sur un réacteur français.

2 septembre

  • Corinne Lepage, de retour du Japon monte au créneau pour dénoncer le silence mensonger des médias français. Après avoir rencontré des ministres japonais, elle confirme que les cœurs des réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima ont fondu, que les cuves ont été transpercées, que le traitement de millions de m3 d’eau n’en est qu’à ses balbutiements, que des milliers de familles souhaitent quitter la région mais n’en ont pas les moyens. Il y a pire : tout est fait pour maintenir en place les agriculteurs de la région… alors que les contrôles sur les aliments sont insuffisants. Les médecins n’osent plus parler. Les économies d’électricité dans le pays ont permis de baisser la consommation de 28 % depuis l’accident (avec même 40 % dans la région de Tokyo), ce qui permet d’arrêter les réacteurs nucléaires au fur et à mesure qu’ils arrivent à un moment de maintenance. Corinne Lepage annonce que dans les ministères japonais, il est acquis que l’on va vers une sortie rapide du nucléaire. Elle dénonce le relèvement des seuils d’exposition de 1 à 20 mSv, relevant que plus de 80 000 personnes vivent actuellement dans des zones où l’on est entre 10 et 20 mSv. « J’ai vécu Tchernobyl en 1986 et j’ai l’impression de revivre la même histoire ».

4 septembre

  • Un 43e réacteur est arrêté au Japon. Il n’en reste plus que 11 en fonctionnement sur 54.

5 septembre

  • Un typhon traverse le Japon … et provoque une dispersion importante de débris et terres contaminées entassés souvent sous de simples bâches dans la région de Fukushima.
  • Koichiro Gemba, nouveau ministre des affaires étrangères du Japon, a annoncé que son pays allait orienter sa diplomatie pour faire la promotion des énergies renouvelables.
  • Le gouvernement allemand annonce que les fonds d’investissement multiplient leurs propositions d’investissements dans les énergies renouvelables : Volkswagen a annoncé vouloir investir 1 milliard, Blackstone Energy (USA) veut investir 1,2 milliard pour 80 éoliennes (288 MW) et 1,3 milliards pour un autre projet de 64 éoliennes…
  • Selon la chaîne de télévision du Qatar, Al-Jazeera, des boues radioactives provenant de l’usine Areva de traitement des eaux radioactives du site de Fukushima, seraient stockées dans des stations d’épuration… lesquelles les mélangeraient à d’autres avant de les épandre dans des champs, en les présentant comme des engrais.

6 septembre

  • Dans un entretien au journal Tokyo Shimbun, l’ancien premier ministre Naoto Kan, raconte qu’il a craint de devoir donner l’ordre d’évacuation de Tokyo. Des plans ont été fait pour évacuer jusqu’à 100, 200 et 300 km de la centrale… mais n’ont pas été mis en application. Ce qu’il ne raconte pas c’est que l’industrie du nucléaire, Nicolas Sarkozy en tête, est venue en force pour l’en dissuader. Résultat : aujourd’hui, les 30 millions d’habitants de Tokyo vivent dans la radioactivité et le Japon refuse toujours d’étendre la zone d’évacuation comme le demande toujours le gouvernement des Etats-Unis. Naota Kan raconte aussi que TEPCO a demandé à faire évacuer le site car les doses de radioactivité étaient trop fortes pour y maintenir une présence humaine et que le gouvernement a refusé. Aujourd’hui des centaines d’ouvriers sont en train de mourir… mais cela a peut-être évité une catastrophe encore plus importante.
  • Le nouveau gouvernement japonais annonce vouloir lancer un impôt pour collecter 90 milliards d’euros en vue de la reconstruction du nord du pays.
  • TEPCO annonce que dans les réacteurs 1 et 3, la température du cœur serait maintenant maintenue en-dessous de 100°C.
  • Eric Besson, ministre de l’industrie lance une commission pour étudier les scénarios énergétiques pour 2050. Pour la première fois, un scénario prévoira une « sortie progressive du nucléaire ». Malgré cet engagement, plusieurs grandes associations (Greenpeace, Negawatt, Réseau Sortir du nucléaire) annonce leur refus de participer à cette commission.
  • Kenzaburo Oe, lauréat du prix Nobel de littérature en 1994, a appelé le nouveau Premier ministre à abandonner l’énergie nucléaire et à ne pas redémarrer les réacteurs arrêtés.

7 septembre

  • L’ACRO, laboratoire indépendant français, publie des résultats d’analyse réalisés sur les urines d’enfants de la préfecture de Fukushima : 100 % des échantillons présentent une contamination. Les enfants évacués présentent par contre des taux de contamination en baisse. Les urines d’enfants de la préfecture de Tokyo ne présentent pas de contamination significative.
  • La Cour d’appel de Paris classe le procès demandé par les malades de la thyroïde, estimant qu’il n’y a pas de lien prouvé scientifiquement entre l’augmentation des maladies de la thyroïde, le passage du nuage radioactif et les mensonges de l’Etat de l’époque. Ce « non-lieu », 25 ans après, provoque un tollé des associations. Le conseil régional de Corse annonce la mise en place d’une enquête épidémiologique qui prouvera qu’il y a bien un lien. L’association des malades va se pourvoir en cassation.
  • TEPCO estime pouvoir prochainement redémarrer les réacteurs 5 et 6 de Fukushima ! Même s’ils sont peut-être en état de fonctionner, ils sont quand même en zone radioactive intense.

8 septembre

  • Alors qu’une procédure avait été adoptée pour le contrôle des installations nucléaires françaises, Areva et le CEA ont annoncé leur refus des visites programmées par l’Autorité de sûreté nucléaire. Alors qu’EDF est d’accord, Areva et le CEA refuse les visites qui prévoient la présence de représentants syndicaux, de parlementaires et de représentants du milieu associatif. La transparence a donc une nouvelle fois ses limites.
  • La CRII-Rad publie des mesures réalisées à Fukushima, à 65 km du réacteur. La radioactivité est de 10 à 20 fois trop importante… y compris à l’intérieur des bâtiments. En l’absence d’évacuation, la CRII-Rad annonce comme inévitable l’augmentation des cancers et la naissance d’enfants génétiquement handicapés.
  • L’Agence pour l’énergie atomique de Tokyo publie une étude qui estime que les rejets en mer estimés par TEPCO sont sous-estimés. Rien que pour l’iode-131 et le césium-137, ils estiment que les rejets sont au moins trois fois plus importants qu’annoncé.
  • Projection au festival de la Mostra à Venise, du film Himizu, l’adaptation d’un manga extrêmement violent où deux adolescents s’affrontent. Le scénario a été modifié au dernier moment et le film tourné dans les débris du Tsunami et proche de Fukushima. En conférence de presse, Sono Sion, le réalisateur, a dit que son prochain film serait directement sur l’accident de Fukushima et qu’il demandait aux Japonais de se mobiliser contre le nucléaire.

10 septembre

  • Après avoir visité une ville de la zone interdite de Fukushima, le nouveau ministre de l’économie Yoshio Hachiro a fait le commentaire suivant : « cela faisait penser à une ville de mort ». Ce commentaire abrupt a provoqué un tollé d’indignation et le ministre a du donner sa démission dès le lendemain. Dire la vérité sur le nucléaire au Japon, c’est dangereux.

11 septembre

  • Des comités de citoyens des villes situées entre 20 et 30 km de la centrale, qui ont la consigne depuis six mois maintenant de « rester confinés », demandent concrètement ce que cela veut dire et combien de temps cette demi-mesure inapplicable va être la seule réponse qu’on leur oppose.
  • Six mois après l’accident, le gouvernement annonce qu’il va essayer de financer des plans de décontamination : en lavant à grandes eaux et en enlevant une couche de terre, il est possible de faire baisser les taux de radioactivité, mais cela coûte énormément cher… et pour le moment, cela n’est fait que dans les cours d’écoles. Alors que des taches de radioactivité trop importantes ont été cartographiées bien au-delà des 20 km évacués, le gouvernement demande au moins un délai de deux ans pour décontaminer prioritairement ces zones.
  • Un sondage dans la préfecture de Fukushima indique que 55 % des habitants ayant des enfants souhaitent déménager… ainsi que 35 % de ceux qui n’ont pas d’enfants. Mais que malheureusement, c’est très difficile. A une autre question, seule 18 % disent ne pas prendre de précautions particulières vis-à-vis de la radioactivité.
  • Les quotidiens japonais rapportent que dans les magasins, du fait de la méfiance sur les contrôle de radioactivité, les clients font très attention à l’origine des aliments et cherchent à acheter des produits qui viennent du sud du pays. Le gouvernement reconnaît qu’il est impossible de vérifier systématiquement tous les aliments. Régulièrement des associations alertent le public après la découverte de produits trop contaminés.
  • 2500 personnes ont manifesté devant le siège de TEPCO à Kyoto. Quatre personnes ont entamé un jeûne de dix jours. D’autres manifestations se sont tenues dans de nombreuses grandes villes du pays. Une quinzaine de manifestants ont été placés en garde à vue… laquelle au Japon peut durer légalement 27 jours.
  • L’inspection de tous les sites nucléaires par l’AIEA, Agence de l’ONU, pourtant pro-nucléaire, ne se fera peut-être jamais : les Etats-Unis ont en effet amendé le texte de la mission de manière à rendre celle-ci complètement sans pouvoir.

13 septembre

  • Premier discours du nouveau premier ministre japonais sur la question de l’énergie : il annonce la mise en place d’une nouvelle politique pour le pays d’ici l’été 2012 et lance un appel aux centres de recherche « pour réduire au maximum le recours à l’énergie atomique ». A l’horizon 2030, le Japon devrait être un modèle mondial dans ce domaine.
  • Greenpeace présente un plan énergétique réalisé avec des universitaires qui indique que le Japon pourrait produire 43 % de son électricité avec des renouvelables d’ici 2020. Alors qu’au Japon, du fait de la climatisation, c’est en été que la consommation est maximale, Greenpeace fait remarquer que le pays a réussi à passer ce cap avec seulement 11 réacteurs en fonctionnement.

14 septembre

  • EDF remet un rapport à l’ASN de 7000 pages, bilan de stress-tests menés sur les réacteurs français. EDF estime ces centrales parfaites. Le Réseau sortir du nucléaire pointe toutes les malfaçons déjà rendues publiques et demande une contre-expertise indépendante. Il rappelle que si l’on avait demandé un tel rapport à TEPCO il y a un an, la firme japonaise aurait sans doute aussi conclu que Fukushima était une centrale parfaite.
  • Le gouvernement japonais annonce le lancement symbolique de la création d’un parc éolien… dans la zone interdite de Fukushima.
  • La préfecture de Fukushima estime qu’elle va devoir enlever le sol sur le septième de son territoire soit 200 000 hectares. Cela représenterait 100 millions de m3 de déchets à gérer ensuite.

15 septembre

  • Débat entre les candidats socialistes : François Hollande refuse une sortie du nucléaire, se contentant de prôner une baisse de celui-ci de 75 % à 50 % d’ici 2025 Même position pour Manuel Valls. Martine Aubry se prononce pour la sortie au-delà de 2030 « en 20 à 30 ans », Ségolène Royal d’ici 2050. Montebourg pour « une baisse progressive » sans précision. Greenpeace demande un engagement concret : que l’on stoppe le chantier de l’EPR, totalement inutile si l’on s’oriente vraiment vers la sortie du nucléaire. Pour le moment, aucun candidat socialiste n’a pris un tel engagement.
  • Areva suspend pour deux mois le fonctionnement des usines Comurhec à Malvesi, dans l’Aude , et à Tricastin, dans la Drôme, suite à la baisse des commandes de combustibles nucléaires de la part du Japon.
  • En Bulgarie, les autorités ont saisi 200 kg de champignons trop radioactifs : ils regorgent encore de Césium provenant de l’accident de Tchernobyl de 1986.

16 septembre

  • Outre les 100 000 personnes déplacées par les autorités, un pointage indique qu’au moins 60 000 autres personnes ont quitté les environs de Fukushima et que 300 000 autres essaient d’en faire autant.
  • Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez inaugure avec Eric Besson, ministre de l’industrie, une centrale photovoltaïque de 4 MW à Bollène (Vaucluse). Après avoir annoncé la construction d’une autre centrale de 26 MW à Curbans (Alpes-de-Haute-Provence), il a précisé dans son discours que « on raconte des histoires quand on prétend que les renouvelables vont remplacer le nucléaire ».

18 septembre

  • Siemens annonce son retrait définitif du nucléaire. Cela ne provoque aucune réaction à la bourse. Les financiers savent que l’on est déjà passé à autre chose…
  • Le Journal du Dimanche publie à côté de l’autosatisfaction d’EDF sur ses stress-tests, un courrier de l’ASN adressé à EDF, du 23 août 2011, qui s’étonne de l’absence de réponse concernant la prise en compte des risques séismiques. Donc tout va bien, sauf en cas de problèmes.
  • L’Autriche proteste auprès de la République Tchèque en apprenant que le gouvernement travaille sur trois scénarios énergétiques pour 2060 qui, tous les trois, misent sur le développement du nucléaire.
  • 1500 personnes ont de nouveau manifesté en Alsace pour la fermeture de Fessenheim alors que le jeûne tournant se poursuit.

19 septembre

  • Avec 60 000 personnes rassemblées dans un parc de Tokyo à l’appel de nombreuses personnalités, le Japon a connu sa plus grande manifestation antinucléaire. Slogan principal : « Sayonara Genpatsu » [Adieu à l’énergie atomique].
  • L’Inde suspend ses contrats avec Areva pour la construction de 2 à 6 réacteurs EPR. Cette décision intervient alors qu’une centaine de paysans menacé par le projet étaient en grève de la faim depuis dix jours. Les Evêques d’Inde demande au gouvernement d’aller plus loin en mettant en place un programme de sortie du nucléaire.

20 septembre

  • Le gouvernement japonais estime que deux des trois réacteurs sont en voie d’être arrêtés et que le troisième le sera avant la fin de l’année.
  • TEPCO reconnaît que 200 à 500 tonnes d’eau contaminée pénètrent chaque jour dans le sol… lequel en contient déjà plus de 80 000 tonnes. Cette eau est fortement contaminée.
  • Le quotidien Mainichi Shugum publie un sondage qui indique que 65 % des Japonais préfère des coupures d’électricité plutôt que l’on redémarre les réacteurs nucléaires arrêtés.
  • Un typhon, avec des rafales allant jusqu’à 250 km/h arrive sur le Japon par le sud de Tokyo et se déplace vers les zones contaminées.
  • Malgré l’arrêt de neuf réacteurs nucléaires, le gouvernement allemand annonce que l’Allemagne reste exportatrice d’électricité et que son premier client est toujours la France.

22 septembre

  • Le typhon Roke passe sur Fukushima avec des vents de plus de 200 km/h. La zone est provisoirement évacuée. TEPCO dit ne pas être en mesure de dire ce que cela a pu provoquer au niveau de la dispersion de particules radioactives, les appareils de mesure ayant du être stoppés provisoirement. A Tokyo, il a été noté une élévation importante de la radioactivité (1,38 microsievert/h) dans les heures qui ont suivi. A 30 km de là, de nombreuses maisons provisoires mises en place pour accueillir les personnes victimes du séisme ou évacuées de la zone radioactive ont été détruites.
  • Un séisme de magnitude 5,3 secoue la région de Fukushima.
  • La banque d’investissement de l’Etat allemand KWE indique que sortie du nucléaire en Allemagne va nécessiter environ 250 milliards d’euros en dix ans et que l’Etat va prêter 100 milliards aux entreprises pour cela. 145 milliards vont concerner la production à partir des renouvelables, 62 milliards les réseaux de chaleur, 17 milliards l’efficacité énergétique, entre 10 et 29 milliards le réseau électrique et 5 à 10 milliards les centrales gaz à cogénération, seul recours au thermique. Ceci s’ajoute à un plan d’isolation des bâtiments déjà lancé avant cela.
  • Interrogeant un responsable du CEA qui analyse les données allemandes, Le Figaro titre « Sortir du nucléaire coûterait 750 milliards ». Mais ce qu’il oublie de dire ce que renouveler le parc nucléaire coûterait sans doute tout aussi cher : 58 EPR à 7 milliards, cela fait 406 milliards, démantèlement des réacteurs existants, de l’ordre de 100 milliards, gestion des déchets radioactifs d’aujourd’hui et de demain, plusieurs centaines de milliards… sans compter les problèmes de santé du personnel sous-traitant exposé à la radioactivité, sans compter un possible accident (Tchernobyl a coûté plus de 1000 milliards)… Selon l’association Global Chance qui a chiffré des scénarios, la poursuite du nucléaire coûterait 470 milliards d’ici 2031… alors qu’un scénario de sortie du nucléaire ne coûterait que 410 milliards.
  • Présente à Toulouse pour les dix ans de l’accident d’AZF, Eva Joly a demandé que l’on double le nombre des inspecteurs de la DRIRE et que l’on interdise la sous-traitance sur les sites Seveso, ce qui inclut le nucléaire.

23 septembre

  • Alors que TEPCO tient un discours rassurant, la découverte d’un taux anormal d’hydrogène dans le réacteur n°1 fait craindre une augmentation de la réaction de fusion du cœur. Le taux atteindrait 1 % (à partir de 4 % il y a risque d’explosion). Pour éviter l’explosion, TEPCO annonce augmenter ses injections d’azote.
  • Du riz cultivé à Nihonmatsu , à 56 km de la centrale de Fukushima est mesuré avec un taux de radioactivité supérieur à 500 bq/kg alors que la limite autorisée est de 200 bq/kg.
  • La compagnie Scottish et Southern annonce son retrait d’un projet de réacteur nucléaire en Grande-Bretagne. La compagnie devait financer 25 % du projet. Les autres partenaires sont GDF-Suez et l’espagnol Iberdrola.
  • Lors de l’assemblée générale de l’AIEA, Agence internationale de l’énergie atomique, le gouvernement japonais demande officiellement l’aide de la France et des Etats-Unis pour arriver à arrêter les réacteurs de Fukushima.

24 septembre

  • 800 personnes ont réalisé une chaîne humaine sur un pont d’Avignon… pour annoncer la chaîne géante prévue dans la vallée du Rhône le 11 mars 2012.

26 septembre

  • l’IRSN, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, publie un nouveau rapport sur Fukushima. Six mois après l’accident, si l’iode radioactif a pratiquement disparu, les taux de césium 134 et 137 sont énormes. A l’ouest de la centrale, dans la zone d’exclusion, des taux moyens de 14 à 15 millions de becquerels/m2 sont observés soit des niveaux équivalents à la zone interdite de Tchernobyl ; à l’extérieur de cette zone, on a une pollution discontinue avec des pointes comme à Namie où l’on a mesuré plus de 3 millions de Bq/m2. L’IRSN s’inquiète du maintien de la population dans ces zones polluées et des risques de contamination alimentaire. Rappelons que le Césium ne perd la moitié de sa radioactivité qu’au bout de 30 ans… et qu’en France, on en a encore qui date de l’accident de Tchernobyl.

27 septembre

  • Le gouvernement japonais met en place une commission d’experts chargée de redéfinir la politique énergétique du pays. Grande nouveauté, sur les 25 membres, plusieurs sont connus pour leurs positions antinucléaires comme Hideyuki Ban, co-directeur du Centre citoyen d’information sur le nucléaire ou Tetsunari Iida, directeur de l’Institut pour le développement des énergies renouvelables…
  • La ville de Fukushima lance un vaste plan de nettoyage de la ville : 110 000 maisons individuelles vont être nettoyées, les terres superficielles des jardins enlevés… en espérant ainsi diviser la radioactivité par un facteur 5. La ville est à 70 km du réacteur et présente un taux de radioactivité trop important. Le nettoyage va commencer par les maisons où habitent des enfants. La mairie indique toutefois qu’elle n’a pas les moyens de faire plus et qu’en particulier les champs et les bois ne seront pas nettoyés (70 % de la surface de la commune).
  • TEPCO, pour avoir de quoi financer la suite du suivi de Fukushima va devoir vendre d’autres activités. Selon une commission d’experts, cela pourrait concerner un capital de 30 à 40 milliards d’euros et faire changer de société environ 7400 salariés. TEPCO étant propriétaires de centrales nucléaires, thermiques et de barrages hydrauliques, ce sont sûrement ces derniers, les plus rentables, qui devront être vendus. 

28 septembre

  • Le Conseil des Etats Suisse a entériné la décision de sortie du nucléaire : plus aucune centrale ne peut être construite sur le territoire, les cinq réacteurs existant seront arrêtés lorsqu’ils ne rempliront plus les consignes de sécurité. Par contre la recherche dans le domaine du nucléaire reste autorisée. Les Verts ont annoncé le maintien de leur initiative pour demander par référendum la fermeture des réacteurs existants.
  • EDF commende 32 générateurs de vapeur à Areva pour remplacer les existants dans les réacteurs français entre 2016 et 2018. Manière de forcer la main sur un futur président de la République qui déciderait de stopper les réacteurs les plus âgés.

29 septembre

  • Un haut niveau de césium 237 a été trouvé lors de mesures dans la préfecture de Gunma. Les mesures indiquent une contamination supérieure à celles mesurées dans la ville de Fukushima, à 60 km au nord-ouest du réacteur. Or Gunma est à 250 km au sud-ouest de la centrale et au nord-ouest de Tokyo. Selon le gouvernement japonais, dans les montagnes autour de la ville, les taux de contamination atteignent entre 100 000 et 300 000 bq/m2. Pour rappel, le critère retenu pour la zone d’évacuation de Tchernobyl était de 37 000 bq/m2. On est entre 3 et 8 fois plus.

30 septembre

  • Du plutonium a été retrouvé dans les sols des communes d’Iitate, Namie, Futuba, jusqu’à 45 km de la centrale… et donc dans des zones pas encore évacuées. Le plutonium est l’un des radionucléides le pire que l’homme est créé.
  • Le conseil régional d’Ile-de-France adopte une proposition d’Europe-Ecologie-Les Verts en faveur d’une sortie progressive du nucléaire. Ce vœu précise que cela suppose la fermeture prochaine de la centrale de Nogent-sur-Seine, que l’on lutte contre la précarité énergétique qui touche 17 % des Franciliens (chauffage électrique), que la région va aider les entreprises qui veulent investir dans le domaine des énergies renouvelables et des économies d’énergie.