Fukushima, octobre 2012

1er octobre

  • Japon : la compagnie Electric Power Development co annonce vouloir reprendre la construction d’un nouveau réacteur dans la province d’Aomori. Ce réacteur est prévu pour fonctionner avec du Mox (mélange uranium plutonium testé dans le réacteur n°3 de Fukushima). Le ministère de l’industrie a dit qu’il fallait respecter les nouveaux processus d’autorisation mis en place par les autorités de sûreté… en totale contradiction avec les déclarations du premier ministre qui avait annoncé qu’il n’y aurait plus de nouvelles constructions de réacteurs.
  • Bulgarie : le parti socialiste, dans l’opposition, a réuni plus de 540 000 signatures pour demander la tenue d’un référendum sur la construction ou non d’un deuxième réacteur nucléaire dans le pays. C’est la première fois depuis la chute du régime communiste en 1989 qu’une pétition arrive à dépasser les 500 000 signatures nécessaires pour obtenir la tenue d’un référendum. Les socialistes sont pour la construction de la centrale alors que le gouvernement libéral a suspendu l’accord de construction passé avec la Russie. Un premier sondage indique 38 % pour la construction, 28 % contre, les autres ne se prononçant pas. La droite n’est pas contre le nucléaire, mais contre le fait que ce soit les Russes qui le construisent.
  • Grande-Bretagne : la compagnie électrique espagnole Iberdrola annonce son retrait du consortium formé avec GDF et Scottish and Southern Energy après le retrait de cette dernière compagnie le 23 septembre dernier. Ce consortium avait vu le jour pour répondre à un projet de nouveaux réacteurs nucléaires dans le pays. GDF se retrouve donc seul… face à EDF qui a aussi perdu ses associés.
  • Finlande : TVO, le commanditaire de l’EPR en construction depuis 2005 demande 1,8 milliard d’euros à Areva-Siemens pour compenser le manque de production électrique du fait des retards accumulés. Le réacteur sera fini au mieux seulement en 2014… au lieu de 2009.
  • Japon : dans son bulletin d’octobre, la CRII-Rad publie une mesure de la radioactivité lors d’un voyage en train, le 21 juin 2012, de Tokyo à Inawashiro, une ville de la préfecture de Fukushima à 85 km de la centrale accidentée. Dans la gare de Tokyo, le niveau de radioactivité est normal (70 coups/seconde), il monte ensuite légèrement jusqu’à la moitié du voyage (100 c/s), mais ensuite, cela se gâte : entre 80 et 600 c/s selon les moments. Les chiffres varient aussi dans un même lieu selon que l’on est sous un toit, à l’air libre, ou près d’une descente des eaux de pluie… Dans l’hôtel où ils sont hébergés, cela varie de 150 à 660 c/s selon les lieux de mesure. Et comme c’est le césium qui est en cause, ce sera comme cela pour quelques siècles (demi-vie du césium 137 : 30 ans).

2 octobre

  • Europe : publication d’un rapport d’expertise sur l’ensemble des 147 réacteurs nucléaires de l’Union européenne. Les réacteurs français sont tous mis en cause car la France n’a rien fait depuis l’accident de Fukushima, pour les protéger en cas de séisme important. Selon ce rapport, le montant des travaux à prévoir est de l’ordre de 100 à 200 millions d’euros par réacteur donc à multiplier pour la France par 58 soit 6 à 12 milliards. Dans ce rapport, la centrale de Fessenheim n’arrive pas en queue de peloton : ce sont les réacteurs de Chooz et de Cattenom qui sont jugés les moins bien préparés à un accident grave. Le rapport rappelle qu’aucun réacteur n’est capable de résister à la chute d’un avion. Greenpeace publie une analyse de ce rapport : les réacteurs français ne sont pas meilleurs que les autres, la Commission a enfin pris en compte des risques comme les chutes d’avion, les attaques informatiques et les intrusions malfaisantes… mais ignore encore l’amont de la filière (d’où vient l’uranium et comment on le prépare).
  • Japon : le gouvernement publie un rapport d’enquête sur les morts provoquées par le déménagement des hôpitaux et des maisons de retraite de la zone de 20 km autour de la centrale de Fukushima. Ce rapport conclut qu’au moins 40 personnes sont mortes par manque de moyens pendant l’évacuation. Et que ces morts sont directement à mettre sur le compte de l’accident nucléaire.
  • France : la centrale de Gravelines enregistre son cinquantième incident depuis le début de l’année (37 de niveau 0, 13 de niveau 1 sur une échelle de 7). En trois trimestres, cela dépasse déjà le nombre d’incidents de 2011.

3 octobre

  • Japon : les déclarations contradictoires se multiplient. Le ministre de l’industrie essaie de faire passer des décrets pour autoriser le rédémarrage de réacteurs en liaison avec le patronat… alors que d’autres ministères comme l’environnement essaient de faire passer des décrets qui bloqueraient ces redémarrages…
  • France : la centrale de Brennilis (Bretagne) est en cours de démantèlement depuis 1985. Après plusieurs démêlés techniques et politiques, il était prévu que le réacteur serait entièrement démonté entre 2020 et 2025 (40 ans pour le démontage après seulement 18 ans de fonctionnement). Le directeur du site annonce que ce délai ne pourra pas être tenu car il n’y a pas de lieu pour le stockage du cœur. Ce stockage était envisagé sur le site de la centrale de Bugey, à l’est de Lyon, mais pour le moment le chantier du site de stockage est bloqué par différents recours juridiques. Le réacteur de Brennilis ne faisait que 70 MW… alors que les réacteurs actuellement en fonctionnement font entre 900 et 1400 MW, on imagine les difficultés que nous allons avoir pour les autres réacteurs ! Quant au coût de l’opération, il a été avalué en 2005 par la Cour des Comptes à 482 millions… soit 20 fois ce qui était intialement prévu.
  • Grande-Bretagne : Areva n’a pas présenté de projet de réacteurs dans les délais impartis et renonce donc de fait à construire un EPR dans ce pays.
  • Union européenne : le rapport sur la sûreté nucléaire en Europe estime que les travaux nécessaires pour répondre à un accident de type Fukushima se monteront à des dizaines de milliards, mais la commission européenne rappelle qu’elle n’est pas compétente pour imposer ces travaux aux différents Etats. En France, l’ASN demande de faire les travaux, mais ne semble pas compétente non plus pour les faire réaliser.
  • Japon : la NRA, nouvelle autorité de sûreté annonce qu’en cas de prochain accident grave, la zone d’évacuation serait porté à 30 km. On se demande pourquoi elle n’applique pas cette mesure à l’accident en cours. Elle annonce que la distribution d’iode doit être portée à 50 km. Le débat sur les limites de dose n’est pas fini…
  • Japon : un professeur de journalisme de l’université de Tokyo, Ken Fujimori, a analysé les prises de position des quotidiens japonais : 28 ont pris position pour l’arrêt du nucléaire, 14 se sont prononcés pour une baisse progressive du recours au nucléaire et 2, le Yomiuri et le Sankei, soutiennent la poursuite du nucléaire. Beaucoup de ces médias ont reconnu avoir été manipulés avant l’accident en ne croyant pas à la possibilité d’une catastrophe. Beaucoup regrettent de n’avoir accès qu’aux informations du gouvernement et de Tepco. Les journaux locaux donnent plus la parole aux habitants, mais présentent moins les risques liés à la radioactivité.
  • Japon : selon l’association des infirmières et infirmiers de Fukushima, le recrutement avant l’accident était déjà difficile… mais depuis la situation a empiré. Ainsi, en février 2011, il y a eu 366 postes à pourvoir et seulement 216 candidatures (rapport de 1,69). En août 2012, pour 768 postes à pourvoir, il y a eu seulement 174 candidatures (rapport de 4,41).
  • Japon : Tepco a fini le contrôle des barres de combustible de la piscine du réacteur n°3 après la chute d’une poutrelle le 20 septembre dernier : il n’y aurait pas de dégâts.
  • Japon : Tepco indique perdre les thermomètres de mesure les uns après les autres. Il en reste moins de cinq sur les réacteurs 1 et 3. Sur le réacteur 2, il n’en reste qu’un qui fonctionne en bas de cuve au lieu de sept. Cela rend difficile de connaître les quantités d’eau à injecter.
  • Japon : dans une conférence de presse à Paris, des chercheurs japonais du programme Devast (Disaster Evacuation and Risk Perception in Democracies) rappelle que le Japon s’est engagé sur la sortie du nucléaire civil… mais continue à laisser ses entreprises construire des réacteurs nucléaires à l’extérieur du pays : il y a des projets ou des chantiers en cours au Vietnam, en Indonésie, aux Philippines, en Turquie et en Lituanie. Dans les Philippines, les japonais participent à la restauration d’un réacteur jamais mis en route dans les années 70 car construit sur une zone séismique ! Au Vietnam, on est sur une côte régulièrement victime de tsunamis. Les chercheurs s’inquiètent aussi des stocks de plutonium disponibles dans le pays (157 tonnes) : alors que celui-ci a signé le traité de non-prolifération nucléaire, des petits partis nationalistes militent pour la possession de l’arme nucléaire.

4 octobre

  • France : Michèle Rivasi, députée européenne EELV, s’étonne dans les médias de voir deux versions du rapport européen circuler en France : la deuxième version, datant de ce jour, a vu disparaître un certain nombre de points depuis le 1er octobre, suite aux pressions exercées par l’ASN, Autorité de sûreté nucléaire française. Un point énerve tout particulièrement les autorités françaises : la demande de Bruxelles de mettre en place un système d’assurance en cas d’accident. Actuellement, aucun réacteur dans le monde n’est assuré.
  • Monde : une équipe de chercheurs du Potsdam Institute for Climate Impact Research (Allemagne) et de l’Université de Dayton (Ohio, USA) ont travaillé sur les conséquences pour le climat de l’abandon ou de la renaissance du nucléaire. Résultat : cela ne change pas grand chose. L’étude publiée dans les Annales de l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis montre en effet que si l’on prend l’ensemble de la filière, elle n’est pas si économe en gaz à effet de serre que cela et que si la tendance est de la remplacer par des renouvelables, c’est un peu mieux, par du gaz, un peu moins bien… mais que globalement c’est de peu d’importance vis-à-vis des impératifs que pose la question du climat : cela se joue plus sur la question des transports où le nucléaire n’a aucune importance.

5 octobre

  • Japon : le gouvernement publie de nouvelles cartes de la contamination marine, jusqu’à 200 km des côtes. En général, la contamination reste pratiquement stable, baisse légèrement par endroits, augmente légèrement ailleurs.
  • Allemagne : le quotidien Frankfurter Rundschau (Francfort) ironise sur les conclusions de la Commission européenne : elle prône des travaux coûteux de sécurisation des réacteurs alors que la bonne solution est la fermeture des réacteurs et d’utiliser l’argent pour les énergies de substitution… comme le fait avec succès l’Allemagne.
  • Grande-Bretagne : le Daily Telegraph s’inquiète du coût des assurances que l’Europe demande de mettre en place pour le nucléaire. Selon des financiers interrogés par le quotidien, cela augmenterait très sensiblement le prix de l’électricité produite.
  • Inde : selon le quotidien Hindustan Times , deux chercheurs de l’Institut indien de Science de Bangalore ont publié une étude démontrant que l’Inde peut atteindre son autonomie énergétique avec uniquement les énergies renouvelables. L’étude montre qu’avec seulement le solaire c’est possible : cela n’occuperait que 4,1 % des terres du pays, largement en-dessous des terres actuellement en friches. En combinant le solaire avec l’éolien, on n’occupe plus que 3,1 % de la surface des terres. L’étude indique que c’est moins que si l’on fait le choix des barrages hydroélectriques qui eux noient des zones fertiles et obligent à déplacer des populations.
  • France : l’eau du Rhône se réchauffe. Selon l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse, En 35 ans, de 1977 à aujourd’hui, la température moyenne du Rhône a augmenté de 2°C. Au niveau de Genève, cette hausse est limitée à 0,5°C (avec une moyenne de 10,9°C). A son estuaire en Camargue, c’est environ 3°C (avec une moyenne de 14,1°C). La différence s’explique essentiellement par le rejet des eaux chaudes des réacteurs nucléaires. En amont, le réchauffement vient de la modification du climat et en particulier du manque de neige. La baisse du débit en été est aussi un sujet d’inquiétude : de l’eau salée est remontée dans l’estuaire cet été, détruisant des rizières.

6 octobre

  • Japon : l’école de Kawauchi, située à une vingtaine de km de la centrale, a rouvert en avril 2012. Alors qu’avant l’accident, elle comptait 114 enfants, elle n’en a plus aujourd’hui que 16.
  • Japon : l’association des citoyens et scientifiques préoccupés par la contamination interne est allée vérifier les balises qui servent à la cartographie communiquée par le gouvernement (géré par le Mext, ministère des sciences et de la technologies). Résultat : les résultats sont biaisés car elles sont placées dans des lieux décontaminés. Des mesures à seulement 10 m de la balise, montrent des données 40 à 50 % plus élevés.
  • Japon : Le Figaro  rapporte qu’une délégation européenne a rencontré des membres du gouvernement japonais à Kyoto avec au programme le débat sur le choix des sources d’énergie pour le futur dans le cadre d’un abandon du nucléaire. La ministre française de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, présente dans la déclaration a mis l’accent sur les économies d’énergie. Elle a indiqué des accords de coopération pour développer conjointement la recherche sur les photopiles.

7 octobre

  • Japon : le premier ministre organise une réception pour remercier les 50 ingénieurs qui se sont sacrifiés en travaillant jour et nuit dans la centrale en perdition. Mais bizarrement, peu de ces 50 invités vont être présents, la plupart ne souhaitant pas que leur identité soit connue, de peur d’être victime d’actes de ségrégation et aussi parce que parfois leur famille n’est pas au courant de leurs activités. Finalement, Yoshihiko Noda devra se contenter d’en rencontrer seulement trois.

8 octobre

  • Japon : Tepco estime que depuis l’accident la chaleur dégagée par les barres de combustibles usés qui sont dans la piscine du réacteur n°4 a baissé de 58 % et annonce que cette baisse sera de 75 % dans un an, 83 % dans deux ans. Cela paraît peu réaliste quand on connaît les isotopes à longues vies qui sont présents dans ces barres.
  • Japon : le gouvernement donne son feu vert à la reprise de la construction du réacteur Oma, dans la préfecture d’Aomori. La centrale est construite à 37 %.
  • Japon : le premier ministre Yoshihiko Noda s’est rendu sur le site de Fukushima et il s’est rendu sur le toit du réacteur n°4 où Tepco a expliqué les risques de la piscine du réacteur et ce qui a été entrepris pour que cesse le danger d’un effondrement.
  • France : Une délégation menée par Annie Thébaud-Mony, avec des représentants de différentes associations travaillant sur les questions de santé au travail, est reçue par Cécile Duflot. Annie Thébaud-Mony (qui a refusé la Légion d’honneur de la part de Cécile Duflot) a demandé que soit mis en place en priorité un registre des cancers dans chaque département. Ces registres sont demandés depuis longtemps et permettent de repérer les « tâches » de contamination. La délégation a aussi demandé l’accélération du traitement de l’amiante et du plomb dans les bâtiments anciens, l’interdiction de la sous-traitance sur les sites Seveso et dans le nucléaire, l’introduction dans le droit de la notion de « crimes industriels ».

9 octobre

  • Suède : soixante-dix militants de Greenpeace réussissent à pénétrer dans les centrales nucléaires de Forsmark et Ringhals. Tous ont été interpellés… dont deux seulement au bout de 38 heures ! Greenpeace a rappelé qu’un camion chargé d’explosifs avait été interpelé en juin 2012 sur une route conduisant à la centrale de Ringhals et qu’en cas de visite de terroristes, cela risque de se passer de manière moins conviviale qu’avec l’organisation écologiste.
  • France : trois militants inculpés après les blocages d’un train de déchets radioactifs en novembre 2011, sont relaxés par le tribunal de Cherbourg. Les juges ont estimé que les plaignants n’apportaient pas les preuves que ces militants étaient plus responsables que les autres des gènes et dégâts occasionnés. Les 200 personnes présentes à l’extérieur pour l’annonce du verdict ont applaudi.
  • Belgique : La Libre Belgique révèle que le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie qui a une frontière commune avec la Belgique a demandé à cette dernière la fermeture des réacteurs de Doel-3 (60 km de la frontière) et Tihange-2 (120 km de la frontière).
  • Japon : des lots contrôlés dans différentes préfectures et trop radioactifs sont retirés à la vente : tabac, noix, châtaignes, riz… Malheureusement seule une fraction infime de la nourriture est analysée.

10 octobre

  • Japon : le chef de l’opposition Shinzo Abe annonce qu’en cas de victoire aux élections, il remettra en cause la politique énergétique et qu’il ne souhaite pas la sortie du nucléaire.
  • Japon : un niveau élevé de césium a été mesuré dans les boues de la station d’épuration de Kasai, un quartier de Tolyo : 170 fois plus que les limites autorisées. La preuve que la capitale japonaise continue à vivre sous la pollution radioactive.
  • France-Allemagne : Les Echos annoncent que la capacité des énergies renouvelables, en Allemagne avec 60 000 MW, a maintenant dépassé la capacité du nucléaire français.
  • France : Dans Les Echos , Bernard Lazponche, de l’association Global Chance, rappelle que vis-à-vis de la loi, le gouvernement a le pouvoir de faire arrêter les réacteurs qui ne se mettent pas en conformité avec les demandes de l’ASN (ce qui est le cas de plusieurs actuellement) et qu’en cas d’accident, la loi précise que ce sont les ministres concernés, le premier ministre et le président de la République qui sont responsables devant les tribunaux.

11 octobre

  • Japon : les moissons commencent dans des parcelles de riz cultivées à 6 km de la centrale. Des parcelles ont été nettoyées de différentes manières pour voir quelles conséquences cela a sur le riz. Ce riz est de toute manière contaminé et n’a que des fins scientifiques. Les moissons se font avec des tenues de protection.
  • Japon : L’assemblée de la province de Shizuoka, au sud-ouest de Tokyo, a rejeté la demande de référendum sur l’avenir de la centrale de Hamaoka, malgré 160 000 signatures (sur 3,8 millions d’habitants).
  • Japon : Tepco a procédé à de nouvelles mesures dans le réacteur n°1. Un ouvrier qui s’y aventurerait recevrait une dose mortelle en 40 minutes. Dans le réacteur n°2, c’est encore pire : en 6 minutes, la dose létale est atteinte. Les relevés vidéos montrent le développement de la rouille qui laisse craindre des ruptures de fixation.
  • France : neuf militants de Greenpeace sont condamnés par la cour d’appel de Reims à six mois de prison avec sursis pour avoir pénétré dans la centrale de Nogent-sur-Seine le 5 décembre 2011. Greenpeace estime la décision injuste : l’association a en effet fourni au gouvernement un stress-test gratuit qui lui a permis de constater les failles de son système de sécurité.
  • Allemagne : une douzaine de militants de Robinwood bloque pendant une journée l’entrée de l’usine Areva de Lingen, dénonçant la poursuite de son activité de fabrication de combustible nucléaire en contradiction avec la sortie annoncée du nucléaire : avec une autre usine à Gronau, les deux unités travaillent pour l’exportation.
  • Allemagne : le gouvernement annonce une hausse de ses objectifs dans le domaine des énergies renouvelables : ce sera 40 % de la production électrique en 2020 contre 35 % avant.
  • Pologne : la ministre française du commerce extérieur, Nicole Bricq, essaie de vendre un réacteur Areva lors de sa rencontre avec son homologue polonais. Comme quoi, Sarkozy ou Hollande, cela ne change pas de méthodes.

12 octobre

  • Japon : le gouvernement estime qu’il n’est pas nécessaire de redémarrer de nouveaux réacteurs pour passer la pointe de consommation hivernale… à condition de ne pas avoir trop de pannes dans les centrales thermiques.
  • Japon : l’assemblée régionale de Fukushima veut construire une ville nouvelle à Iwaki pour y héberger les 50 000 personnes évacuées qui ne pourront jamais retourner dans la zone interdite. Problème : Iwaki n’est qu’à 50 km au sud de la centrale accidentée et le taux de radioactivité y est élevé.
  • Japon : Tepco pour pouvoir continuer à exploiter des réacteurs nucléaires doit apporter la preuve qu’elle peut en améliorer la gestion. Dans un document publié ce jour, elle reconnaît ses erreurs et en particulier le fait qu’elle n’a pas pris en compte l’accident à la centrale du Blayais en 1999. Il s’agit de la centrale française près de Bordeaux, victime d’une inondation qui a failli provoquer un accident majeur et dont on ne parle que peu en France.
  • France : l’AFP pervertit les informations. Exemple dans un communiqué de ce jour : « Seuls deux réacteurs ont été redémarrés (…) malgré l’hostilité d’une frange de la population ». Une frange qui selon les sondages est d’environ 80 % de la population.
  • Suède : plus de trente militants de Greenpeace passent en procès « en flagrant délit » après les intrusions du 9 octobre. Le procès se déroule en quatre langues car les militants arrêtés viennent de nombreux pays différents.

13 octobre

  • Japon : le quotidien Asahi Shimbun dénonce dans son éditorial le redémarrage des réacteurs d’Ohi. Selon les données statistiques que le quotidien a réunies, il n’y avait pas besoin de la production électrique de ces réacteurs pour passer la pointe de consommation de l’été : la consommation a suffisamment baissé pour que les seules centrales thermiques suffisent. Le quotidien dénonce une attitude politique et demande l’arrêt immédiat de ces deux seuls réacteurs en fonctionnement.
  • Japon : reprise des rassemblements devant la résidence du premier ministre. 6500 personnes manifestent pour demander l’arrêt des travaux de la centrale d’Ôma repris après l’autorisation du gouvernement le 8 octobre.
  • France : des manifestations antinucléaires se déroulent dans une dizaine de villes françaises : Lyon (chaîne humaine de 1000 personnes à l’arrivée d’une marche de trois jours depuis la centrale de Bugey), Laval (4000 dont Jean-Vincent Placé et Pascal Durand d’EELV), Strasbourg (logo Stop avec des parapluies par 600 personnes), Bordeaux (300), Paris (50 devant l’ambassade du Japon), Lille (300), Metz (800), Narbonne (400), Lons-le-Saunier (60)…

14 octobre

  • Japon : l’ Asahi Shimbun publie sur de nombreuses pages les retranscriptions de bandes vidéos de Tepco au moment de l’accident. On y apprend que pour éviter l’explosion du réacteur n°3, il faut ouvrir des vannes… mais celles-ci ne fonctionnent pas car il n’y a plus d’électricité. A 7h05, le 13 mars, alors que l’explosion menace, des hauts-parleurs annoncent : « Si vous êtes venus en voiture à la centrale, merci de vous signaler, nous voulons emprunter votre batterie » puis à 7h17, nouvel appel général : « Nous allons acheter des batteries, mais nous n’avons plus d’argent. Si vous pouvez prêter de l’argent, ce sera très apprécié ». Un peu plus loin, la vidéo montre la salle de contrôle : les employés ont collecté 20 batteries de voitures et 8 autres batteries ont été achetées dans un discount d’Iwaki. On voit les ingénieurs essayer de les brancher ensemble pour produire l’électricité nécessaire pour l’ouverture des vannes… Comme ils n’y arrivent pas, certains suggèrent de faire appel à l’armée pour les faire exploser. L’amateurisme continue jusqu’au lendemain, 11h01 lorsque le réacteur explose. Il y aura sans doute des ingénieurs et des syndicalistes français pour nous dire qu’eux auraient pu se sortir de la situation (après tout, on trouve des batteries en vente dans toutes les stations service !).
  • Lituanie : les Lituaniens consultés par référendum sur la question du nucléaire se sont prononcés à 63 % contre la construction d’un nouveau réacteur. Un vote uniquement consultatif qui va à l’encontre des désirs des grands partis. La gauche arrivée en tête des élections a toutefois indiqué qu’elle tiendrait compte de ce vote.

15 octobre

  • Japon : Tepco publie des vidéos des piscines du réacteur n°3. On y voit de nombreux débris et le moteur d’un treuil au fond de l’eau. Du fait de la présence de Mox et de ces débris, Tepco estime que pour sortir le combustible, cela sera plus délicat que pour le réacteur n°4.
  • France : Les fédérations de l’énergie CGT, FO, CFDT, CFE-CGC et CFTC publient un communiqué contre la fermeture de Fessenheim, estimant que cette décision n’est basée sur « aucun argument technique, économique, social ou environnemental ». « L’énergie est un facteur de développement industriel et social. Or dans la dramatique situation économique et industrielle actuelle, cette annonce porte un signal fortement négatif aux salariés du secteur énergétique et industriel, à leurs familles, aux sous-traitants et aux territoires concernés ». Quand on habite à proximité de la frontière allemande, on traverse le Rhin et on se rend compte alors de l’ineptie de ces syndicats !
  • France : du fait des nombreuses pannes dans le secteur du nucléaire, celui-ci connaît en août son quatrième mois consécutif de baisse de production. Alors qu’EDF avait annoncé un objectif à 85 % de la production électrique, sur un an, nous n’en sommes qu’à 79 %. Conséquences : en août, la consommation de charbon s’est élevée à un niveau qui n’avait pas été atteint depuis 2004.
  • France : l’Etat a mis en demeure Areva de mettre en place un plan de prévention dans son usine de la Hague après la publication d’un rapport qui fait état d’un taux de suicide dans l’usine trois fois supérieur à celui de la Manche, lequel est lui-même plus élevé que la moyenne nationale. Les syndicats mettent en cause le grand nombre d’heures supplémentaires demandées aux salariés.

16 octobre

  • Japon : une première exploitation des schistes bitumineux démarre dans la préfecture d’Akita. Le feu vert a été donné par le gouvernement pour essayer d’augmenter son indépendance énergétique. Le Japon importe actuellement 96 % de son énergie.
  • Japon : le maire de Hakodaté, sur l’île d’Hokkaïdo, s’est rendu dans la capitale pour demander une audience au gouvernement. Il demande que celui-ci revienne sur sa décision d’autoriser la reprise de la construction de la centrale d’Oma sur sa commune.
  • Allemagne : la construction de grands parcs éoliens dans les mers du nord nécessite la construction de nouvelles lignes à haute tension. Si la sortie du nucléaire a l’aval de la population, l’installation des pylônes rencontre des oppositions. Un débat a été lancé entre le gouvernement fédéral et les régions pour étudier comment gérer au mieux la transition énergétique qui prévoit non seulement l’arrêt du nucléaire mais aussi la fermeture progressive des centrales thermiques. L’Allemagne vise à produire 80 % de son électricité par les énergies renouvelables d’ici 2050.
  • Allemagne : Autre sujet de discussion : le prix de l’électricité. Celui-ci monte pour les particuliers. Les médias pro-nucléaires français titrent que le prix de l’électricité renouvelable augmente de 47 % en Allemagne (Les Echos, Le Figaro…)… C’est totalement tendancieux ! Le gouvernement allemand a fait un choix politique : la contribution pour les énergies renouvelables qui apparaît sur les factures des particuliers a effectivement augmenté de 47 % en un an, mais c’est parce que le gouvernement a choisi d’inciter ici les particuliers à faire des économies et d’en exempter les industriels pour maintenir leur compétitivité. Globalement, le gouvernement estime que chaque année, du fait du passage au renouvelable, le prix de l’électricité en Allemagne baisse en fait de 0,9 centime par kWh ! Sortir du nucléaire, c’est dépenser moins ! Mais cela bizarrement, nos médias français n’en parlent pas : il faut aller lire la presse allemande pour le découvrir.
  • France : selon Yves Lacoste, président de l’ASN, le démantèlement de Fessenheim n’est pas pour demain. Selon lui, il faudra environ cinq ans pour qu’EDF franchisse les étapes administratives de l’arrêt définitif du réacteur et il faudra ensuite 20 à 25 ans pour faire la première phase du démantèlement (où l’on démonte tout sauf les bâtiments réacteurs trop radioactifs). Il faut ensuite encore du temps pour la suite, un temps que nul ne connaît puisque cela n’a jamais été fait. 12 réacteurs sont déjà à l’arrêt en France : 3 à Marcoule (Gard, 12, 21 et 24 ans de fonctionnement), 3 à Chinon (Indre-et-Loire, 10, 20 et 24 ans), 1 à Chooz (Ardennes, 24 ans), 1 à Brennilis (Finistère, 18 ans), 2 à Saint-Laurent (Loir-et-Cher, 21 et 21 ans), 1 à Bugey (Ain, 22 ans), 1 à Creys-Malville (Isère, 12 ans). Les deux de Fessenheim seront les premiers de la filière PWR. Ce seront aussi les premiers à avoir fonctionné aussi longtemps (35 ans). Et plus un réacteur fonctionne longtemps plus les bâtiments sont radioactifs.

17 octobre

  • Japon : le NRA, nouvelle autorité de sûreté, annonce une inspection sur les réacteurs en fonctionnement d’Ohi pour le 2 novembre et invite le professeur Mitsuhisa Watanabe, auteur d’une critique sur le risque séismique du site, à y participer.
  • Chine : le gouvernement annonce qu’il va investir 13 milliards de dollars d’ici 2020 pour augmenter la sécurité de ses réacteurs. Il y a 41 réacteurs en fonctionnement en Chine… et une centaine en projet.
  • Suisse : pour favoriser la sortie du nucléaire, le gouvernement annonce une enveloppe supplémentaire de 202 millions de FS (167 millions d’euros) pour la recherche dans les énergies de substitution.

18 octobre

  • Japon : certains quartiers de la ville de Fukushima, particulièrement contaminés, comme Watari et Ônami, n’ont pas été évacués, le gouvernement assurant que la décontamination était possible. En octobre 2011, celle-ci a été normalement réalisée. Un an après, les habitants ont fait leurs propres mesures et constatent qu’ils vivent toujours dans un environnement radioactif. Une habitante qui fait des mesures tous les jours rappelle que le taux de décontamination était descendu à 226 microsieverts par mois après la décontamination, mais que depuis, elle a mesuré 238 en juin 2012, 246 en juillet, 251 en août. Rien d’étonnant : les réacteurs continuant à émettre un nuage radioactif cent fois supérieur aux limites autorisées, la radioactivité se redépose jour après jour.

19 octobre

  • Japon : un incendie détruit un transformateur haute tension situé entre les réacteurs 1 et 2 du site accidenté. Sans conséquence selon Tepco.
  • Japon : les autorités régionales de Fukushima autorisent la commercialisation d’un riz de la région d’Iwaki en estimant qu’il ne dépasse pas 100 bq/kilo. Pourtant, les chiffres dans le détail donnent 39,6 bq/kg de césium 134, 63,2 bq/kg de césium 137 et sans doutes de nombreux autres becquerels puisque la centrale crache des centaines de radionucléides différents. Rien que pour le césium ont est déjà à 102,8 soit au-dessus de la limite et les autorités ne donnent pas le rayonnement global. Donc non seulement, très peu de nourriture est contrôlée, mais en plus, voici un cas évident de mensonges.
  • Suisse : l’Agence solaire suisse estime qu’en utilisant les toits des bâtiments à énergie positive pour y installer systématiquement des photopiles, il serait possible de produire autant que le nucléaire aujourd’hui dans seulement une dizaine d’années.
  • France : Louis Gallois, ancien président EADS remet un rapport au gouvernement sur les possibilités de gagner des points de productivité dans l’industrie. Celui-ci insiste « la France a deux richesses phares, le nucléaire et les gaz de schiste (…) il est hors de question de faire l’impasse ». Le gouvernement par la voix de Delphine Batho puis celle de François Hollande lui a répondu qu’il était hors sujet. Ne l’a-t-il pas remis la semaine dernière ?

20 octobre

  • France : EDF publie un rapport estimant à 18,4 milliards d’euros le coût du démantèlement des 58 réacteurs actuels. La Cour des Comptes réagit en estimant ce chiffre largement sous-estimé. Si on compare avec ce que prévoient d’autres pays en proportion du nombre de réacteurs, cela ferait plutôt 40 milliards (Japon) ou 46 (Grande-Bretagne) ou 62 (Allemagne)… et nous n’en sommes qu’à une phase d’estimation et ce sera sans doute beaucoup plus.

22 octobre

  • Japon : nouvelles données sur les poissons à 20 km de la centrale de Fukushima. Le taux de contamination reste toujours très élevé : 1430 bq/kg (limite autorisée : 100).
  • Japon : le gouvernement reconnaît qu’il n’arrive pas à avoir l’aval des autorités locales de Yaïta (Tochigi) et Takahagi (Ibaraki) pour ouvrir un stockage de déchets radioactifs dans des forêts qui appartiennent à l’Etat. Il indique qu’il y a urgence car les boues d’usine d’épuration, les cendres d’incinération et les aliments contaminés s’accumulent.
  • Japon : le quotidien Asahi révèle que Tepco continue de verser des taxes importantes à des communes comme Rokkashô (usine de retraitement en chantier) et de Higashidôri (réacteur en construction) alors que les chantiers sont à l’arrêt depuis mars 2011 et que normalement ces sommes ne sont dues que lorsqu’il y a une activité économique. Depuis l’accident de Fukushima, la première commune a reçu 2,7 millions d’euros, la seconde reconnaît en avoir perçu 760 000. Ces versements que Tepco estime légaux sont d’autant plus étonnants que Tepco a dû être nationalisé pour poursuivre ses activités alors que l’entreprise était en faillite.
  • Japon : selon l’expert Arnie Gundersen, le réacteur n°4 s’enfoncerait dans le sol de manière inégale. Une mesure réalisée à 13 m de hauteur montre un affaissement de 3,3 cm du côté sud-ouest.

23 octobre

  • Japon : Greenpeace fait des contre-mesures au niveau des balises officielles. Ses conclusions rejoignent celle de l’Association des citoyens et scientifiques préoccupés par la contamination interne : les environs des balises sont soigneusement nettoyés… et l’on peut avoir jusqu’à six fois plus de radioactivité à seulement 25 m d’elles.
  • Japon : la préfecture de Fukushima essaie de contrôler l’ensemble de la récolte de riz de la province cette année. 193 appareils contrôlent 3000 sacs de 30 kg par jour soit 100 tonnes contrôlés par jour pour une récolte estimée à 360 000 tonnes. A ce rythme, il faudrait un an pour vérifier l’ensemble de la récolte… et le coût annoncé est déjà de 110 millions d’euros. Et seul le césium est contrôlé donc c’est insuffisant. Nul doute que les Japonais mangent du riz contaminé à longueur d’année.
  • France : RTE a remis un rapport à la ministre de l’écologie Delphine Batho qui explique que l’alimentation en électricité de l’Alsace en cas de fermeture de la centrale de Fessenheim ne nécessitera aucun investissement particulier.

24 octobre

  • Japon : la NRA, autorité de sûreté nucléaire publie les nouvelles cartes d’évacuation à prévoir pour les accidents des centrales. En s’appuyant sur les exigences (très faibles) de l’AIEA, Agence internationale de l’énergie atomique, les 20 km d’évacuation deviennent 30 km pour des centrales ayant quatre réacteurs comme à Fukushima, 40 km pour ceux ayant plus de réacteurs. Bizarrement, la NRA n’en tire pas la conclusion qu’il faut évacuer la zone entre 20 et 30 km autour de Fukushima. La NRA spécifie aussi dans ses nouvelles recommandations que pour redémarrer, les réacteurs devront pouvoir résister à un tsunami aussi fort que celui du 11 mars 2011, à un séisme aussi fort que celui du 11 mars 2011, résister à une attaque terroriste et… à la chute d’un avion. Ce dernier point, demandé depuis longtemps par les opposants, a peu de chance d’être réalisé : aucun réacteur au monde ne peut résister à un attentat style 11 septembre 2001 à New-York.
  • France : Le Réseau Sortir du nucléaire rend publiques différentes études autour de la question de Fukushima. On y apprend notamment que l’AIEA, à la demande d’ingénieurs du milieu, débat de la possibilité de créer un niveau 8 sur l’échelle des accidents nucléaires. Ce niveau 8 correspondrait à l’accident de Fukushima : un accident capable de continuer à émettre de la radioactivité à des niveaux élevés, sans interruption pendant des années (alors que Tchernobyl, référence du niveau 7 a cessé ses émissions externes après la construction d’un sarcophage en quelques mois, ce qui ne semble pas possible à Fukushima). Si le niveau 7 (Tchernobyl) provoque un million de morts 25 ans après et sept à neuf millions à terme, calculer ce que peut provoquer un accident de niveau 8. Le Réseau Sortir du nucléaire rappelle qu’à 200 m du réacteur de Tchernobyl , on est auourd’hui à 5,5 microsiverts par heure… alors que dans la ville de Fukushima, à 50 km de la centrale accidentée, on mesure jusqu’à 8 microsieverts par heure et qu’à Tokyo, on mesure dans les quartiers nord jusqu’à 1,4 microsivert par heure… soit sensiblement ce que l’on mesure à la limite de la zone évacuée de Tchernobyl. Mais comment évacuer les 30 à 40 millions de Japonais qui vivent aujourd’hui dans ce qui devrait être une zone interdite ?
  • Japon : le quotidien Mainichi publie une photo aérienne d’un quartier de Fukushima. Dans chaque jardin, on y voit un tas recouvert de plastique bleu. Ces tas correspondent aux terres de surface contaminées qui ont été grattées à la surface du sol pour essayer de faire baisser l’exposition à la réadioctivité des habitants. Faute de solution, ces tas restent en place, faisant de chaque maison un site de stockage de déchets radioactifs.
  • France : le Commissariat à l’énergie atomique, en procédant à un contrôle, se rend compte que le centre de recherche de Valduc (Côte-d’-Or) a envoyé huit colis au centre de stockage de Soulaines (Aube) avec à l’intérieur des détecteurs de fumée contaminés à l’américium 241. Ce dernier isotope étant un déchet à vie longue, il n’a pas sa place à Soulaines… mais cela va être difficile de retrouver les colis car ils ont été expédiés en 2007 et 2008. Plusieurs millions de ces détecteurs de fumée, aujourd’hui interdits, sont actuellement stockés (où ?) en attente d’un stockage adéquat (Bure ?).
  • Japon : Kunihiko Shimazaki, nouveau vice-président de la nouvelle NRA et seul sismologue, veut revoir la définition de « faille active ». Actuellement, une faille est déclarée active si elle a bougé ces 120 000 dernières années. Il veut remonter à 400 000 ans… ce qui de fait condamne certains réacteurs. La centrale d’Ohi, où se trouvent les deux seuls réacteurs en marche actuellement, est concernée.

25 octobre

  • France : le redémarrage du réacteur n°1 de Flamanville, à l’arrêt depuis le 21 juillet 2012 pour maintenance, a dû être interrompu en urgence après la découverte d’une fuite de 7000 litres par heure d’eau radioactive en provenance du circuit primaire. La CGT dénonce les conditions de l’opération, estimant que la direction a poussé à redémarrer trop vite. L’incident est classé au niveau 1 sur une échelle de sept.
  • Chine : le gouvernement annonce, sans préciser de date, qu’il envisage d’autoriser la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Il indique que les projets en bord de fleuve vont être abandonnés du fait des risques en cas de sécheresse, mais les projets côtiers seront développés « en petit nombre »… en tenant compte des risques de tsunami. C’est globalement un coup de frein vis-à-vis d’un développement auparavant rapide du nucléaire.
  • Japon : Tepco annonce que toute l’eau envoyée dans les réacteurs n’est pas récupérée. Et même si le stock d’eaux contaminées dépasse maintenant les 200 000 tonnes, il y aurait entre 300 et 500 tonnes par jour qui partiraient dans le sous-sol de la centrale… et donc dans la mer.
  • Japon : Selon une enquête du quotidien Maïnichi , sept provinces sur les 21 qui ont un bout de territoire à moins de 30 km d’une centrale nucléaire, ont assez de place dans des abris pour accueillir les déplacés en cas de catastrophe nucléaire. Six autres en ont partiellement. Seize provinces n’ont pas de plan de distribution de l’iode. Douze comptent encourager les gens à partir avec leurs propres moyens de locomotion.

26 octobre

  • France : « la centrale de Fukushima continuerait de fuir ». De nombreux médias reprennent un communiqué de l’AFP ainsi titré sans aucune vérification. Evidemment qu’elle fuit ! Et pas qu’un peu ! Aucun n’a donc aucun accès aux chiffres de Tepco : la centrale dégage en permanence au moins 1000 fois les limites autorisées et cela ne bouge plus depuis un an selon l’opérateur. Mais l’AFP distribue son mensonge au quotidien concernant le nucléaire.
  • Japon : le gouvernement annonce un plan de reconstruction de maisons détruites après le tsunami en zone non évacuée pour un montant de 2,6 milliards d’euros.
  • Japon : une étude indique que 40 % des poissons péchés dans le Pacifique au large du Japon présentent un taux de contamination supérieur à la limite de 100 bq/kg… et qu’un problème est que l’on ne peut définir une zone de contamination, les poissons ayant la mauvaise habitude de se déplacer comme ils veulent.
  • France : 133 m3 d’eau radioactive se sont échappés dans la mer à partir du site d’Areva à La Hague. L’incident est classé niveau 1 (sur sept). La même journée la découverte de deux fûts radioactifs enterrés dans les années 1970 sur le site et présentant un taux de radioactivité trop élévé (car probablement fissurés) a aussi été classé niveau 1.

28 octobre

  • Slovénie : la seule centrale nucléaire du pays, à Krsko, est arrêté en urgence du fait de la crue de la rivière Sava qui assure le refroidissement du réacteur. La présence de nombreux débris végétaux risquait de bloquer l’alimentation en eau.

29 octobre

  • Japon : plusieurs communes se sont déclarées inquiètes car jusqu’à maintenant elles n’avaient pas réalisé qu’elles étaient à moins de 30 km à vol d’oiseau d’un réacteur nucléaire et devaient donc prévoir un plan d’évacuation suite aux nouvelles recommandations de la NRA. Ces élus locaux devraient se pencher un peu plus sur les cartes de contamination de Fukushima : des communes situées à 200 km sont aujourd’hui sérieusement touchées.
  • Japon : selon une enquête faite auprès de 1232 personnes, l’Université de Fukushima annonce que 170 (13,8 %) essaient de quitter la région mais n’y arrivent pas du fait des questions de travail et de finances. 772 (62,7 %) espèrent que les radiations diminuent rapidement pour pouvoir rester. Les 290 autres n’envisagent pas de partir.
  • Inde : une équipe de l’AIEA mène jusqu’au 10 novembre une inspection dans la centrale nucléaire du Rajasthan. Le 23 juin dernier, 38 personnes ont été exposées à des radiations lors de travaux de maintenance. Le 19 juillet, une fuite de vapeur a procoqué l’irradiation de quatre personnes. La centrale comporte quatre réacteurs de 220 MW mis en route en 1972, 1980, 1999 et 2000.
  • France : Areva annonce un carnet de commandes record, en hausse de 10 % en un an et tous les médias de reprendre l’info sans se poser de questions… Areva oublie juste de dire qu’il y a un an il était au plus bas ! Chiffres d’affaires en millions d’euros en 2009 : 8529, en 2010 : 9104, en 2011 : 5890, prévu en 2012 : 6542. Donc on reste à 72 % d’avant l’accident de Fukushima. Et la remontée de cette année doit peu au nucléaire (+5 %), mais plus au développement de nouvelles activités comme… les énergies renouvelables (+270 %).

30 octobre

  • Etats-Unis : l’ouragan Sandy passe sur 12 centrales nucléaires (22 réacteurs). Le principal risque est la destruction d’une piscine de combustible. Les seules piscines de combustible de la centrale de Pilgrim’s contiennent plus de césium radioactif que les quantités libérées à ce jour par Fukushima. A 3h, heure de Paris, le réacteur de Oyster Creek (New Jersey) a été victime d’une inondation par l’eau de mer. Les autorités ont craint un moment que l’eau ne noie les pompes du système de refroidissement des piscines de combustible. L’eau est montée dans le réacteur à 2,30 m soit à 30 cm du niveau critique. Il avait été arrêté préventivement. La centrale d’India Point, la plus proche de New York (80 km) a dû arrêter un réacteur en urgence, les lignes haute tension étant détruites et l’électricité ne pouvant plus être évacuée. Un troisième réacteur à Salem a dû être stoppé en urgence du fait de la montée des eaux et de l’accumulation de débris végétaux à l’entrée des pompes d’aspiration pour le refroidissement du réacteur. Un quatrième réacteur s’est arrêté à Nine Mile Point du fait de l’écroulement d’une ligne à haute tension. Les réacteurs 1 et 2 de Limerick, 3 de Millstone et 1 de Vermont Yankee ont dû réduire leur production électrique du fait du manque de ligne électrique pour évacuer le courant. Conséquence : 8 millions de foyers se sont retrouvées privés d’électricité… c’est le nucléaire et la bougie !
  • Japon : cinq compagnies électriques demandent à pouvoir augmenter le prix de l’électricité. Ce n’est pas tant le recours aux énergies fossiles qui coûte cher, mais le fait que parallèlement, il faut continuer à entretenir les réacteurs nucléaires à l’arrêt. La meilleure preuve en est que les deux seules compagnies (sur dix) à annoncer des bénéfices en 2012 sont une compagnie qui n’a pas de centrale nucléaire et une autre qui n’a qu’une très faible partie de sa production en nucléaire. Le gouvernement pourrait accepter 8 % de hausse comme cela a été fait autour de Tokyo pour aider Tepco.

31 octobre

  • Etats-Unis : des médias annoncent que de la radioactivité s’échappe du réacteur Salem 1 arrêté en urgence la veille. De nombreux articles s’inquiètent de la fragilité du réseau électrique et nucléaire sachant qu’il est prévisible qu’avec le réchauffement des eaux de l’Atlantique, les ouragans vont se multiplier et augmenter de puissance.
  • Japon : à partir d’un contrôle portant sur les 1813 personnes les plus exposées sur le site de Fukushima, le ministère de la santé, du travail et des affaires sociales, a repéré au moins 19 violations des règles. Bizarrement, les erreurs de mesure des doses reçues vont toujours dans le sens d’une minoration de la réalité (jusqu’à 25 % selon le ministère).
  • Japon : selon un audit, environ un quart des 117 milliards d’euros dépensés pour la reconstruction après le tsunami et la catastrophe nucléaire, ont été utilisés pour d’autres opérations… et seules 15 000 des 340 000 personnes déplacées depuis maintenant dix-huit mois, ont retrouvé un logement définitif.
  • Japon : Tepco espère ne faire que 0,45 milliard d’euros de pertes en 2012-2013, révisant ses prévisions qui étaient auparavant de 1,6 milliard d’euros. Raisons évoquées : aides publiques, augmentation du coût de l’électricité et économies en interne. Pour l’année 2012-2013 le déficit avait été de 7,5 milliards d’euros.
  • France : pour répondre aux demandes de l’Europe, la direction de Cattenom, à 10 km de la frontière luxembourgeoise et de la frontière allemande, annonce des investissements de 3,5 milliards sur dix ans. Il semble que cette promesse soit surtout une manœuvre pour tenter de refuser les contrôles que demandent à faire les autorités luxembourgeoises et allemandes, avec leurs propres experts.
  • France : l’ASN, autorité de sûreté nucléaire annonce passer de 1 à 2 le niveau de l’incident qui a eu lieu le 26 septembre dernier sur l’usine Areva FBFC qui fabrique des barres de combustibles à Romans-sur-Isère (Drôme). L’incident concerne un entreposage inadéquat entre différents produits radioactifs.