Fukushima, mars 2015

2 mars

  • France : publication d’une série de quatre ouvrages par Les Presses des Mines, reprenant les déclarations de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima au moment de l’accident. Le premier volume porte pour titre "L’anéantissement" et raconte les premiers jours de la catastrophe. Le livre, préfacé par Jean-Christophe Niel, Directeur général de l’autorité de sûreté nucléaire, se conclut par un appel à restaurer la culture de sûreté dans le nucléaire… et donc à poursuivre dans le nucléaire. Nos ingénieurs des Mines sont d’indécrottables pronucléaires.
  • Japon : sur 120 000 personnes évacuées après l’accident, 79 000 l’ont été forcées et 41 000 volontairement. 1726 entreprises de la zone évacuée ont été déclarées en faillite.
  • Japon : TEPCO a déployé une bâche de plastique au-dessus du réacteur n° 2 pour empêcher la pluie de lessiver la radioactivité sur le toit du réacteur. Après 3 ans et onze mois, il était temps d’y penser !
  • Japon : en septembre 2013, devant le Comité olympique, le premier ministre avait affirmé que TEPCO s’engageait à résoudre le problème de l’eau contaminée avant mars 2015. Aujourd’hui TEPCO annonce que, sauf nouvelle déroute, tout le strontium présent dans les stocks d’eau contaminée devrait être fixé et retiré de l’eau d’ici mai 2015. A cette date, il reste 200 000 m3 d’eau à traiter. Ensuite, il faudra filtrer les autres radionucléides… et pour ça TEPCO annonce une nouvelle date : mai 2016. Et après, même si ces délais étaient tenus, il faudrait encore traiter les 400 m3 d’eau contaminée supplémentaire par jour, attendre que le taux de tritium (qui ne peut pas être filtré : c’est la forme radioactive de la molécule d’eau) descende à un niveau suffisamment bas… Il reste aussi à savoir ce que l’on fait des déchets (que deviennent les filtres des stations de décontamination), car la radioactivité ne se détruit pas, elle change seulement de support. 
  • Etats-Unis : Des pêcheurs s’inquiètent après avoir pêché dans le Pacifique des poissons ayant le même taux de contamination que ceux que TEPCO pêche à 150 km de la centrale. Cela prouve que les poissons savent parcourir de grandes distances.

3 mars

  • Japon : le surgénérateur Monju va fêter cette année ses 20 ans de panne ! La NRA vient d’annoncer la prolongation de six mois de la suspension de toute procédure de redémarrage, car il reste entre 4967 points de sûreté à vérifier sur les 10 000 recensés en 2014. De l’acharnement thérapeutique !

4 mars

  • Japon : la Fondation Hiroshima pour l’étude des effets des radiations annonce le lancement d’une "enquête dans la durée", pour suivre l’état de santé des 20 000 personnes qui ont travaillé sur le site de Fukushima en 2011. Cette étude est financée conjointement par le Japon et les Etats-Unis. C’est la première fois que cette fondation va travailler sur des victimes potentielles du nucléaire dit civil. La fondation cherche actuellement des fonds pour lancer la même étude sur les habitants évacués ou proches de la zone évacuée.
  • Japon : poussé par la NRA a trouver une solution aux fuites qui se répandent en mer, TEPCO annonce qu’il lance un chantier pour détourner un drain qui aboutit directement en mer. Il s’agit du drain par où est passée l’eau de pluie qui, le mois dernier, a déclenché des alarmes sur le site. Mais d’une part TEPCO annonce que cela ne sera effectif qu’en avril 2016 (dans plus d’un an) et d’autre part, le drain serait détourné... dans le port, lequel port est évidemment ouvert sur la mer. Donc beaucoup de travaux pour impressionner les médias, mais rien de nouveau en réalité.
  • Japon : la NRA annonce la mise en place d’un groupe d’experts qui va travailler à compléter les plans de secours. En effet, d’importantes failles ont été mises à jour pendant l’évacuation qui a suivi l’accident de Fukushima : alors que les mesures avaient été pensées pour évacuer les personnes irradiés, ce qui a le plus mal fonctionné a été l’évacuation des personnes âgées ou malades. Ce groupe travaillera aussi sur la nécessité de penser l’évacuation non pas en fonction de la distance (30 km de rayon dans les plans actuels), mais en fonction de la dispersion des retombées radioactives (à Fukushima, les zones évacuées les plus éloignées sont à 45 km dans le sens nord-ouest). Les nouveaux plans d’évacuation devront, en fin de processus, être validés par un débat public. Comment est-il possible de débattre du redémarrage de réacteurs alors que ces plans ne sont pas terminés ?
  • Japon : le gouvernement et TEPCO devaient cesser d’indemniser les entreprises concernées par le périmètre d’évacuation quatre ans après le début de l’accident... soit fin mars 2015. Originellement, cette date avait été fixée comme étant une date de retour à la normale. Evidemment, il n’en est rien. Le gouvernement a donc annoncé vouloir prolonger les aides pendant encore un an. Les entreprises ont vivement protesté et le gouvernement annonce que finalement ces compensations continueront jusqu’au retour à la normale... Entre mars 2011 et janvier 2015, 3,44 milliards d’euros ont été versés à des entreprises dont le siège est dans la zone évacuée, 10 milliards d’euros ont été versés à des entreprises hors zone évacuée, mais touchée par les "rumeurs néfastes". TEPCO a déjà reversé 35,4 milliards d’euros aux particuliers évacués et doit continuer à effectuer les versements un an après le retour à la normale.
  • Japon : TEPCO estime que la dernière fuite d’eau de pluie du réacteur n° 2 a entrainé pour 420 millions de becquerels à la mer.

5 mars

  • France : Le Monde raconte dans un article intitulé "Areva, la folie des grandeurs" qu’Areva avait basé sa stratégie au début des années 2000 sur un objectif de doublement du parc nucléaire d’ici 2030, tablant sur 800 réacteurs à cette échéance contre 440 en 2000. La réalité est bien différente : le nombre de réacteurs est en baisse et non pas en hausse. France Inter rappelle qu’Areva est déficitaire pour la 4e année de suite, avec pour ces quatre dernières années un trou qui approche les 8 milliards ! Ce qui dépasse les bénéfices cumulés de 2004 à 2010 (environ 5 milliards).
  • France : La commission locale d’information de l’usine Areva de la Hague (Manche), qui regroupe élus, syndicalistes, scientifiques, associations, s’inquiète de l’annonce de restriction d’effectifs à Areva. Comment maintenir un haut niveau de sûreté dans le futur ? Qui va payer pour la gestion des déchets nucléaires sur le long terme ?
  • Japon : le gouvernement a donné des subventions à des entreprises pour qu’elles acceptent de se réinstaller dans les zones dites "décontaminées". Mais les entreprises qui ont accepté de tenter ce pari rencontrent un important obstacle ; elles ne trouvent pas de personnes pour venir travailler. Il y a bien des personnes qui acceptent de vivre dans ces zones... mais ce sont principalement des retraités (70 % des personnes de retour ont plus de 65 ans). Il y a très peu d’actifs. Les entreprises les plus déficitaires en emploi sont celles du bâtiment : les ouvriers sont très demandés pour la reconstruction post-tsunami, en dehors des zones contaminées. Les ingénieurs refusent de venir travailler. Les agences pour l’emploi ont plus d’offres d’emploi que de chômeurs inscrits.

6 mars

  • Europe : le ministre de l’économie allemand, Sigmar Gabriel, annonce que l’Allemagne étudie la possibilité de se joindre à la plainte autrichienne contre les subventions envisagées par la Grande-Bretagne pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR (par EDF). Argument du ministre : "L’énergie nucléaire est la technique de production d’énergie la plus coûteuse [...], la plus dangereuse [...]"Nous nous opposerons par tous les moyens possibles à ce que l’énergie nucléaire soit soutenue par des fonds publics" . Sigmar Gabriel est socialiste, membre d’un gouvernement d’union gauche-droite.
  • Japon : la revue Challenges indique qu’un sondage réalisé à l’occasion du quatrième anniversaire de l’accident montre que les deux tiers des Japonais sont contre le redémarrage des réacteurs nucléaires. Alors que 4 réacteurs ont franchi la première étape vers un redémarrage en obtenant le feu vert des autorités de sûreté, la bataille juridique prend de l’ampleur. Pour le moment, les recours devant les tribunaux ont plutôt été favorables aux opérateurs, mais un jugement a quand même déjà bloqué le redémarrage envisagé sur le site de la centrale d’Ohi. Des avocats appellent les juges à prendre conscience qu’ils ont le pouvoir d’empêcher un nouvel accident nucléaire.
  • Japon : la commune de Nahara, située en bordure de la zone d’évacuation, espère pouvoir faire revenir sa population dès 2016. Mais auparavant, il y a 700 bâtiments à démolir et 1100 à reconstruire. Du fait des réticences des salariés à venir travailler en zone de "décontamination", seuls 113 bâtiments ont été démolis depuis le début. Le retour en 2016 semble compromis.
  • Japon : TEPCO découvre une nouvelle fuite radioactive dans un fossé entre les cuves et les réacteurs. La faute à un tuyau reliant deux cuves de stockage des eaux radioactives.

7 mars

  • Niger : premiers licenciements pour Areva qui annonce la fermeture de sa mine d’Amouraren au Niger. 180 personnes sont licenciées. Areva annonce aussi le report de l’ouverture de la mine d’Imouraren au-delà de 2020. Raison évoquée : Du fait de la baisse de la demande en uranium, son prix est tombé trop bas pour que ces mines soient rentables.

8 mars

  • Japon : importante manifestation antinucléaire dans les rues de Tokyo à l’occasion du 4e anniversaire de l’accident de Fukushima et contre la relance des réacteurs nucléaires. Alors que le camp permanent est menacé d’expulsion, au moins 23 000 personnes ont participé à un encerclement du quartier des ministères. D’autres manifestations ont eu lieu dans le pays.
  • Allemagne : plusieurs milliers de personnes ont manifesté près de la centrale de Neckarwestheim (au nord de Stuttgart) pour demander la fermeture du réacteur. Une délégation japonaise était présente et des pancartes annonçaient "Fukushima, 20 000 morts".

9 mars

  • Etats-Unis : Areva stoppe le processus de demande de certification de l’EPR, estimant qu’il n’y a plus de chance de vendre un tel réacteur dans le pays.
  • Japon : publication d’une étude sur la contamination alimentaire du pays. Il y a eu des décalages dans le temps, certains aliments pompant la radioactivité dans le sol alors que d’autres sont directement contaminés par les retombées aériennes. La mise en place de contrôles citoyens a obligé les producteurs et les autorités à être prudents. Quatre ans après l’accident, l’agriculture n’a pas repris dans les zones évacuées à quelques exceptions près (le riz très partiellement). Ailleurs, la baisse de contamination sur les légumes annuels a été rapide. Il n’en est pas de même pour les plantes pérennes. Le rapport conteste les données du gouvernement concernant la contamination en strontium. Comme l’analyse de ce radioélément est compliquée, longue et chère, le gouvernement a décidé dans un premier temps de calculer un taux de strontium en divisant le taux de césium par dix puis en avril 2012 et de prendre comme base que le strontium est à 0,3 % des doses de césium. Les analyses faites dans les aliments montrent que ce calcul est faux : non seulement le taux est toujours supérieur à 0,3 %, mais il dépasse même parfois les 10 %. Et ce pourcentage a tendance à augmenter avec le temps. L’article fait remarquer que si l’on veut rester en dessous de 100 Bq/kg pour l’ensemble des radionucléides, il ne faut pas dépasser une dose en cécium-137 de 23 Bq/kg. Or la plupart du temps, seul le césium-137 est mesuré... la contamination peut donc être quatre fois plus importante qu’annoncé.

10 mars

  • Japon : pour marquer le 4e anniversaire de l’accident, la commune de Futaba qui héberge une partie de la centrale de Fukushima Daï-Shi, a symboliquement enlevé les panneaux publicitaires à la gloire du nucléaire. Deux imposants enseignes construites en 1988 et 1991 vont être déposées pour un coût de 33 000 euros. Textes des panneaux : "l’énergie nucléaire, l’énergie d’un avenir radieux", et "l’énergie nucléaire, pour le développement de notre patrie, pour un futur prospère".
  • Japon : dans un reportage du Monde à IItate, Yoichi Tao, président d’une association qui mène des essais pour décontaminer les sols, explique que la méthode du gouvernement est un non-sens agricole : "Près de dix centimètres de la couche supérieure de la terre, qui est la plus riche, ont été enlevés et remplacés par du sable. Qu’est-ce qui pousse dans le sable ?" Les rizières ont été détruites par le passage des engins lourds. Les sacs de stockage attendent d’être évacués et certains sont déjà percés. Et ce n’est pas fini : seuls 18 % des terres cultivées de la commune ont été "décontaminées".
  • Japon : de nombreux élus souhaitent que la question du redémarrage des réacteurs disparaissent des médias jusqu’en mai... car en avril, il y a des élections.

11 mars

  • Japon : depuis maintenant 4 ans, les réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima Daiichi sont hors de contrôle. Qui aurait pu imaginer au moment de l’accident que quatre ans plus tard, il n’aurait toujours pas été possible d’arrêter les réactions nucléaires en cours ? Non seulement la situation n’est pas stabilisée, mais d’énormes menaces planent toujours sur le site : si la piscine du réacteur n° 4 a été vidée, ce n’est pas le cas des réacteurs 1, 2 et 3 où les piscines sont toujours en équilibre précaire et peuvent s’effondrer en cas de séisme important. Le taux de radioactivité est tel qu’il est quasiment impossible d’intervenir sur ces piscines. TEPCO a commencé à étudier comment le faire pour la piscine du réacteur n° 3, la plus dangereuse, car elle contient des barres de combustibles MOX, mélange uranium-plutonium. Mais cela peut prendre encore des années. Signe du pessimisme ambiant : TEPCO revoit sans cesse ses calendriers prévisionnels en les allongeant. Le personnel sous-traitant n’arrive que difficilement à entretenir le site en état et le manque de personnel qualifié ralentit les opérations. Comment dans ces circonstances peut-on encore avoir des ingénieurs qui travaillent à la remise en route des autres réacteurs, alors qu’ils devraient tous être mobilisés pour faire cesser d’abord la fusion des cœurs en fusion ? Quel est l’état de maintenance des autres réacteurs à l’arrêt depuis trois ans, alors que l’essentiel des personnes qui acceptent de travailler en zone radioactive est mobilisé sur le site de Fukushima ? Quant à vouloir faire revenir les populations dans des zones chaque jour sous le vent des relâchements radioactifs de la centrale, c’est tout simplement criminel.
  • France : les grands médias mentent avec un bel unanimisme. Le premier mensonge récurrent est que le redémarrage des réacteurs nucléaires au Japon est imminent... alors que seuls 19 réacteurs sur les 54 d’avant 2011 ont déposé un dossier pour redémarrer et que seuls 4 réacteurs ont pour le moment franchi la première étape de validation par l’autorité de sûreté. Le deuxième mensonge consiste à présenter le site de Fukushima comme étant en démantèlement... alors que le problème pour le moment est d’arrêter la fusion des cœurs des réacteurs et de vider les piscines de stockage du combustible... pour éviter qu’un séisme trop important ne provoque une catastrophe encore plus grave.
  • Japon : l’office de tourisme du Japon annonce un record de visiteurs dans le pays "preuve que les gens ont compris que voyager, manger et même vivre ici ne posait aucun problème, sin on évite une zone restreinte autour de Fukushima". Concrètement, l’office annonce 13,4 millions de visiteurs en 2014. Ils étaient 10,4 millions en 2013 ; 8,35 en 2012 ; 6,2 en 2011 ; 8,6 en 2010. Les touristes, pour moitié, proviennent des trois pays voisins : Corée du Sud, Chine et Taïwan.
  • Japon : selon les autorités de la province de Fukushima, celle-ci compte 90 000 habitants de moins qu’en 2010. Sachant que 46 000 personnes déplacées officiellement ont quitté la province, cela signifie que 44 000 ont quitté la province volontairement.
  • Japon : selon le quotidien Maïnichi , plus de 32 000 bénévoles ont participé aux opérations de décontamination. Dans la zone évacuée, c’est l’Etat qui est responsable de la décontamination et il doit travailler avec des entreprises. Ces bénévoles sont intervenus dans les zones non évacuées dont la décontamination est sous la responsabilité des communes. Le quotidien rappelle que si les travailleurs des entreprises sont contrôlés au niveau de l’exposition à la radioactivité, ce n’est pas le cas pour ces bénévoles.
  • Japon : la Croix Verte (www.gcint.org), mouvement international de défense de la planète lancé par Michaël Gorbatchev, il y a vingt ans, publie un rapport sur l’accident de Fukushima. Ce rapport estime que 32 millions de Japonais vivent dans un environnement trop radioactif (plus de 1 mSv par an). 400 000 personnes ont été sérieusement exposées du fait du retard à l’évacuation dans les premiers jours. 1700 personnes sont mortes pendant cette évacuation. Le rapport rappelle que pour Tchernobyl, ce ne sont "que" 10 millions d’Ukrainiens, Biélorusses et Russes qui sont soumis à une telle exposition. L’organisation dit qu’il faut s’attendre à une hausse des cancers et des maladies neuropsychologiques… sachant qu’à Tchernobyl, les évaluations sur le nombre de décès varient de 10 000 à un million.
  • Japon : TEPCO annonce que la question de sortir les cœurs radioactifs pour permettre un démantèlement futur ne se posera pas avant 2020 ou 2025. Ce ne sera donc pas fini pour les Jeux olympiques !
  • Japon : nouvelle fuite d’eau de pluie contaminée. Dans un premier temps TEPCO annonce que les murets de protection ont fait leur office et que l’eau a pu être récupérée… puis revient sur ses déclarations après avoir mesuré une forte hausse de radioactivité dans un puits de contrôle où l’eau est passée en 48h de 370 à 11 000 Bq/litre. TEPCO estime que 750 m3 d’eau contaminée ont fui.
  • Japon : dans un bilan pour l’anniversaire de l’accident, TEPCO reconnaît que le processus d’injections d’azote dans les bâtiments des réacteurs accidentés pour empêcher la formation d’une bulle d’hydrogène qui pourrait provoquer une nouvelle explosion n’est pas totalement maîtrisé.
  • Japon : dans le journal du CNRS (sur internet), la chercheuse Cécile Asanuma-Brice explique que la baisse du nombre de réfugiés (de 160 000 en 2011 à 120 000 aujourd’hui) s’explique surtout par la complexité des démarches administratives qui poussent de plus en plus de réfugiés à abandonner leur statut. Elle rappelle que les logements provisoires construits après l’accident étaient très sommaires et prévus pour durer seulement deux ans… et que cela fait maintenant quatre ans que des familles y habitent dans des conditions précaires. Elle explique que nombre de familles refusent de se plaindre de peur de perdre leur couverture sociale et le suivi médical gratuit. De nombreuses familles sont très endettées, car elles continuent à payer les traites pour une maison aujourd’hui en zone contaminée… et les assurances ne fonctionnent pas en cas de catastrophe nucléaire. Des associations se battent pour obtenir un rachat des maisons par l’Etat. Un peu plus de 50 000 personnes sont concernées par les mesures de retour espérées par le gouvernement, ce qui signifie la fin de leurs aides financières en cas de refus de retour… retour qui se fait dans des zones où la limite d’exposition a été montée de 1 à 20 millisieverts par an.
  • Japon : la journaliste japonaise indépendante Mako Oshidori publie un article accusant TEPCO de masquer les morts de travailleurs de Fukushima. Elle s’appuie pour cela sur les méthodes statistiques : les données fournies par TEPCO sur les doses reçues sont trop homogènes pour être réelles. La rotation des sous-traitants ne permet pas de suivi par des organismes de contrôle indépendant…
  • Allemagne : Areva annonce un plan de licenciements dans le pays. Selon Les Echos les effectifs doivent passer de 5126 aujourd’hui à 3752 fin 2017.

12 mars

  • Japon : selon les statistiques de TEPCO, au 31 janvier 2015, 41 170 personnes ont travaillé sur le site de Fukushima dont 36 760 sous-traitants. 545 personnes nouvelles sont intervenues pour le seul mois de janvier. Certaines ne restent pas plus d’un mois du fait des limitations à l’exposition à la radioactivité. Selon TEPCO, aucun employé n’a reçu plus de 20 mSv. 90 % des doses sont reçues par les sous-traitants.
  • Japon : depuis janvier 2012, ceux qui travaillent dans la décontamination des zones touchées par la radioactivité doivent être équipés de dosimètres et sont soumis aux mêmes règles que les travailleurs dans les réacteurs. Selon une enquête du quotidien Maïnichi , c’est globalement respecté sur les chantiers de la zone évacuée, sous responsabilité de l’Etat. Il en est autrement sur les chantiers hors zone évacuée, sous responsabilité des communes. Des ouvriers interrogés ne connaissent pas la dose qu’ils prennent. La sous-traitance, le recours à des SDF, font que les manquements sont nombreux. Le quotidien signale également des trucages dans les prises de mesure du niveau de radioactivité après décontamination : des photos sont identiques… pour des lieux différents ! Le quotidien signale qu’il y a plus de 8000 entreprises engagées sur le terrain pour environ 28 000 personnes auxquels s’ajoutent des bénévoles qui eux, échappent à tout contrôle.
  • Japon : le gouvernement a mis l’accent de la communication sur le premier transport de déchets de décontamination évacué sur le site d’Okuma, en zone contaminée. Il annonce que l’objectif est d’enlever en un an 1000 m3 dans chacune des 43 communes concernées. Cela ferait donc 43 000 m3 évacués en un an… alors qu’en 4 ans il s’en est accumulé 22 millions de m3. Les deux sites prévus pour le moment ne peuvent stocker que 20 000 m3 chacun. Le problème reste donc entier.

13 mars

  • France : procès de Bouygues pour avoir utilisé au moins 460 ouvriers étrangers de manière illégale. Déclaration du directeur : "Vous n’imaginez pas le nombre de problèmes techniques que nous avons eu à résoudre sur ce chantier". On n’imagine même pas le nombre de problèmes techniques que l’on va avoir quand on va essayer de démarrer ce réacteur !
  • Japon : selon la télévision NHK qui a questionné la police, 53 familles vivent en zone évacuée. Certaines ont refusé de partir, d’autres sont revenues, car la vie comme évacué est jugée trop difficile.
  • Japon : après vérification, TEPCO estime que les 750 m3 d’eau contaminée ne proviennent pas des cuves, mais de pluie ayant lessivé des terres contaminées.

14 mars

  • Japon : du fait des pluies, la nappe phréatique est saturée. Comme TEPCO a mis des barrages souterrains pour l’empêcher de rejoindre la mer, l’eau est remontée de plus de 4 m de haut, noyant de fait les sous-sols des réacteurs 3 et 4.
  • Taïwan : 30 000 personnes manifestent à Taipei la capitale et 15 000 dans deux autres villes pour demander l’abandon du nucléaire.
  • France : EDF annonce que suite à la hausse du prix du MWh d’origine nucléaire passé de 40 à 42 euros en décembre 2014, quatre opérateurs alternatifs d’électricité ont fait part de leur souhait de ne plus acheter un tel courant. Ces quatre opérateurs trouvent en effet de l’électricité moins chère sur le marché de gros où les prix sont en baisse du fait de la surproduction.
  • Belgique : 1500 personnes manifestent devant la centrale de Tihange pour demander sa fermeture.
  • France : la chaine humaine qui devait relier les sites du Tricastin, Marcoule et Cadarache ne rencontre pas un grand succès : seulement un millier de personnes s’y retrouvent en trois segments.

15 mars

  • Japon : tous les réacteurs nucléaires sont à l’arrêt depuis maintenant 1 an et demi.
  • Japon : l’office des statistiques national publie une étude sur la mortalité dans le pays. On y apprend que le taux de décès dans la préfecture de Fukushima est significativement plus élevé que dans le reste du pays : + 54 %. Une partie de cet excès s’explique par l’augmentation du nombre de suicides, mais également par les conséquences psychologiques des personnes qui doivent vivre maintenant loin de chez elles ou en zone contaminée. Pour le moment, il n’y a pas de mortalité directement liée aux radiations.
  • Japon/Hong-Kong : du thé vert contrôlé à son arrivée à Hong-Kong présente une contamination 9,3 fois trop élevée.

16 mars

  • Japon : selon les statistiques de contamination des sols fournies par TEPCO, certains lieux sont extrêmement contaminés. Le record est au puits de contrôle 1-6 qui présente une radioactivité de 560 000 Bq/l.
  • Japon : TEPCO annonce "espérer" avoir fini le traitement des 600 000 m3 d’eau stockés sur le site d’ici la mi-mai 2015. Mais de quel "traitement" parle-t-on ? Selon TEPCO dans les deux tiers des eaux traitées, 62 radioéléments ont été retirés par filtration ; pour le tiers restant seuls les césiums et strontiums ont été bloqués. TEPCO veut pouvoir rejeter cette eau à la mer pour faire baisser les doses de radioactivité reçues par le personnel… mais les coopératives de pêcheurs s’y opposent. Il y a toujours 300 m3 de plus par jour qui s’ajoutent en provenance des réacteurs et 100 m3 en provenance des pompages dans la nappe souterraine.

17 mars

  • Japon : la compagnie Kepco annonce l’arrêt définitif des réacteurs de Mihama 1 et 2 (datant de 1970 et 1972). La société Japan Atomic Power Company annonce l’arrêt définitif de Tsuruga 1 (datant de 1970). Chubu Electric Power et Kyushu Electric Power devraient annoncer des résolutions similaires pour leurs unités respectives Shimane 1 (1974) et Genkai 1 (1975). Avec les 6 de Fukushima, cela en fait déjà 11 officiellement arrêtés. Alors que le Japon comptait 54 réacteurs avant l’accident de Fukushima, seuls les dossiers de 21 réacteurs sont en cours de procédure pour redémarrer. Il y en a encore 22 pour lesquels les compagnies hésitent à investir. Ces annonces d’arrêt définitif arrivent pour essayer d’emporter le rapport de force concernant les 21 possibles redémarrages.
  • Japon : le réacteur Sendaï 1 pourrait être le premier à redémarrer. La NRA annonce que les contrôles sur dossiers sont terminés et que maintenant ils commencent les contrôles sur le site, ce qui prendra au moins jusqu’en juin 2015.
  • Japon : TEPCO publie les résultats de nombreux contrôles. Les relevés dans les puits de contrôle sont en forte hausse : certains taux ont été multipliés par 4 en un mois. Selon le site Fukushima diary, cette hausse est continue depuis juillet 2014. Le record toutes catégories est à la base du réacteur n°1 où l’on mesure 1 790 000 Bq/litre.

18 mars

  • Chine : mise en route d’un réacteur nucléaire, le premier depuis l’accident de Fukushima. Le chantier avait démarré en 2009. C’est le 19e réacteur du pays… qui en compte donc beaucoup moins que la France !
  • Japon : TEPCO donne des résultats d’analyse de poissons : à 20 km du site, la plus forte contamination serait de 69 Bq/kg. Par contre pour les poissons pêchés dans le port, cela grimpe jusqu’à 2250 Bq/kg. (la limite de consommation est fixée à 100 Bq/kg)

19 mars

  • Japon : selon les expériences menées pour localiser le combustible du réacteur n°1, il a été possible de localiser le combustible qui était avant stocké dans la piscine au-dessus du réacteur laquelle s’est écroulée, mais le combustible du cœur en fusion n’a pas été localisé. Les analyses des flux de muons ne permettent de savoir qu’une chose : le cœur n’est plus dans le réacteur. Donc la réaction nucléaire se poursuit de manière incontrôlée, mais on ne sait pas où ! Rassurant.

20 mars

  • France : le 28 février dernier, EDF annonçait l’arrêt du réacteur n°1 de Fessenheim suite à "un défaut d’étanchéité". La publication du rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire de ce jour permet de savoir qu’en fait il y a eu rupture d’une canalisation et 100 m3 d’eau qui ont envahi un local, éclaboussant des boitiers électriques. Les antinucléaires dénoncent le manque de sanction contre le mensonge d’EDF.
  • Japon : la commune de Takahama accepte le redémarrage des deux réacteurs situés sur la commune… et qui sont sa principale ressource financière. Donc sans surprise. Les autorités de la province se prononceront seulement après les élections du 12 avril 2015.

21 mars

  • Japon : la radiographie du réacteur n°2 donne le même résultat que pour le réacteur n°1 : le cœur du réacteur a, là aussi, disparu. Il est probable qu’il en soit de même dans le réacteur n°3. Plus étonnant, cette radiographie avait été faite en juillet 2014 et l’université de Nagoya en avait alors transmis le résultat à TEPCO… qui ne l’a pas rendu public à l’époque.
  • Liban : les douanes découvrent 500 kg de serviettes hygiéniques en provenance de Chine avec un taux de radioactivité 35 fois trop élevé.

22 mars

  • Japon : l’Université de médecine de Fukushima, avec le soutien de l’OMS, lance un suivi épidémiologique à grande échelle portant sur 2 055 383 personnes de la préfecture de Fukushima dont les 4392 salariés de TEPCO, 36 177 sous-traitants et 360 000 enfants. Ces derniers font l’objet d’un suivi plus intense du fait des risques liés à la thyroïde.

23 mars

  • Japon : fin de l’année scolaire. Dans la commune partiellement évacuée de Kawauchi, 3000 habitants avant l’accident, une fête de fin d’année se tient pour fêter le passage en collège… d’une seule élève ! Cette école primaire comptait 114 élèves avant l’accident, elle n’en compte plus que 29. A Iwaki, la cérémonie s’est tenue pour deux élèves. Il y a 6 élèves en tout contre 340 avant l’accident.

24 mars

  • France-Suisse : les autorités suisses demandent une nouvelle fois officiellement, comme les autorités allemandes, la fermeture de la centrale de Fessenheim.
  • Japon : le Cour des comptes japonaise publie un premier rapport sur le coût de la catastrophe nucléaire de Fukushima. L’Etat a déjà prêté 35 milliards d’euros à TEPCO. Ce prêt est sans intérêt et TEPCO devrait mettre en théorie entre 20 et 30 ans pour rembourser. L’Etat qui a emprunté paiera les intérêts de l’ordre d’un milliard d’euros. Les indemnisations aux personnes sont estimées en début d’année 2015 à 43 milliards d’euros. La gestion de l’eau contaminée a coûté 7,6 milliards d’euros. Le gouvernement a aussi dépensé 1,6 milliard en recherche et développement pour trouver des solutions pour la gestion de l’eau et le démantèlement. Le stockage des déchets devrait coûter au moins 17,5 milliards d’euros en ne comptant pas la zone évacuée où rien n’a été fait pour le moment. L’installation de traitement des eaux d’Areva n’a jamais correctement fonctionné, mais a quand même coûté 250 millions d’euros…

24 mars

  • Belgique : face à la centrale de Doel, Greenpeace déploie une banderole fixée sur un pylône à 40 m de haut avec comme texte : " Hoe groot is uw scheur ” (“ Quelle taille a la vôtre ? ”). Faisant allusion aux fissures des réacteurs, l’association lance une campagne par internet demandant à tout le monde d’envoyer des photos de fissures au gouvernement belge.
  • France : un Airbus de la compagnie Germanwings s’écrase dans les Alpes… à 110 km du centre de Cadarache. Il a survolé le site 7 mn avant. Si l’avion était tombé sur le centre de recherche nucléaire, le sud-est de la France serait rayé de la carte. 14 mn avant, il survolait la rade de Toulon où sont stationnés nos sous-marins nucléaires.
  • Japon : nouveaux relevés de la NRA sur la contamination de la baie de Tokyo : entre 2 et 154 Bq/kg secs dans les sédiments, soit sensiblement ce que l’on trouve dans un rayon de 20 km autour de la centrale. L’eau de pluie lessive les sols et la radioactivité se concentre dans la baie.
  • Japon : le gouvernement annonce la fin des contrôles de radioactivité sur une vingtaine de sortes d’aliments, dont le thé et les abricots japonais. Le contrôle de la viande ne sera plus effectué qu’une fois par an au lieu d’une fois par trimestre. Il reste 45 sortes d’aliments contrôlés.

25 mars

  • Japon : que faire lorsqu’un groupe d’experts déclare qu’une centrale nucléaire est située sur une faille active ? Nommer un autre groupe d’experts. C’est ce que le gouvernement a accordé en mai 2013 à la Japan Atomic Power pour son réacteur Tsuruga-2. Pas de chance, le nouveau groupe d’experts arrive à la même conclusion que le premier ! Tsuruga-1 venant déjà d’être arrêté définitivement, c’est donc l’ensemble de la centrale qui devrait être fermée. Et ce n’est pas tout, le même groupe d’experts estime qu’il y aussi des failles actives sous la centrale d’Higashidori où une demande de redémarrage est en cours pour un réacteur.
  • Japon : 246 m3 de déchets ont été entreposés à Futaba, sur un terrain à 500 m du site de la centrale de Fukushima. C’est le premier transport concret. Sachant qu’il y a 22 millions de mètres cubes à rapatrier, il reste donc à faire 3,7 millions de voyages ! Le gouvernement a annoncé que cela prendrait 10 ans… ce qui suppose 1000 camions par jour ! Ce n’est pas encore le rythme observé. Ce stockage est prévu pour seulement 30 ans selon l’engagement de l’Etat. Il faudra ensuite recharger les déchets et refaire autant de voyages pour une destination qui reste encore inconnue. Et comme les sacs utilisés ont une durée de vie de cinq ans, entre temps, il faudra tout reconditionner… A moins que tout cela ne soit que de la “communication” et que le gouvernement n’ait aucunement l’intention de résoudre les problèmes.
  • Japon : la NRA adresse un nouvel avertissement à la Japan Atomic Energy Agency qui venait de demander l’autorisation de redémarrage du surrégénérateur de Monju (en panne depuis décembre 1995). Selon la NRA, les documents transmis ne coïncident pas avec la réalité, des erreurs ont été découvertes concernant les tuyauteries.
  • Japon : Une association d’électriciens demande au gouvernement de fixer un objectif de 20 % de nucléaire en 2020. C’était 28 % avant l’accident de Fukushima. Les deux tiers des réacteurs étant soit trop vieux, soit sur des failles, ou encore non réparables, il n’est pas possible aujourd’hui de dépasser 10 % ! Ou alors, il faudrait construire de nouveaux réacteurs, ce qui n’est pas envisageable dans des délais aussi courts.
  • Japon : tous les ans, au printemps, les pollens sont emportés par les vents. La région de Tokyo est ainsi sous les vents de forêts de cèdres. Des mesures faites sur ces pollens donnent une contamination entre 20 500 et 25 400 Bq/kg. L’Agence forestière qui a fait les mesures se veut rassurante : c’est dix fois moins qu’au printemps 2011.

26 mars

  • France-Suisse : le canton de Genève engage de nouvelles procédures juridiques pour demander à la France de fermer le site nucléaire de Bugey. Genève est à 70 km de ce site, sous les vents dominants.
  • Taïwan : scandale alimentaire après la découverte d’étiquettes falsifiées sur des aliments en provenance du Japon. Des produits alimentaires contaminés provenant des provinces japonaises de Fukushima, Ibaraki, Gumma, Tochigi et Chiba, ont été retrouvés dans les rayonnages de trois chaînes de grandes surfaces. Des autocollants avaient été placés pour masquer l’origine des produits.
  • Japon : selon l’université de Munich qui a pris des mesures pour le compte de gouverneurs locaux, la quantité de plutonium dans l’air au Japon a été multipliée par 70 000 depuis l’accident de Fukushima (avant, il y en avait provenant des essais nucléaires). Le laboratoire allemand estime que cela présente un “risque considérable pour les êtres humains” et craint que la fusion des cœurs ne continue à en envoyer d’importantes quantités dans l’atmosphère.
  • Japon : selon TEPCO, les déversements en mer entre le 16 avril 2014 et le 23 février 2015, représentent 2 200 milliards de becquerels en radioactivité bêta et 4 800 milliards en tritium.

27 mars

  • Japon : selon les mesures effectuées par le service pêche du ministère de l’Agriculture, la contamination dans les poissons et crustacés a beaucoup baissé : seulement 0,2 % des échantillons dépassent la limite de 100 Bq/kg. Le pic de contamination aurait été atteint en juin 2011 avec 57 % des échantillons trop contaminés. Mais tous les radionucléides ne sont pas analysés, ce qui laisse de sérieux doutes sur la valeur de ces données. Une équipe universitaire a également publié ses résultats : on serait à 10 000 fois plus qu’avant l’accident.
  • Japon : il y a 566 assemblages de combustibles dans la piscine du réacteur n° 3. En mars 2011, une pièce de 35 tonnes est tombée dans cette piscine et appuie sur une des portes. TEPCO cherche comment enlever ce déchet, mais craint de provoquer une fuite dans la piscine. Or, si celle-ci se vide, il n’est pas possible de la remplir à nouveau facilement… et si les barres de combustibles se retrouvaient à l’air libre, la contamination serait très importante, les piscines étant en dehors des enceintes de confinement. TEPCO espère avoir retiré les débris de cette piscine d’ici juin 2015… mais avoue ne pas avoir de solution en cas de fuite d’eau importante.
  • Japon : des mesures faites par des universitaires dans les eaux au large de Fukushima relèvent des taux de plutonium allant jusqu’à 1 000 Bq/litre. La durée de vie du plutonium est excessivement longue (période de 24 400 ans) et sa toxicité énorme. Après la pollution de l’air (voir 26 mars), voici aussi la pollution de l’eau… Cette libération de plutonium peut signifier un changement dans l’environnement des cœurs en fusion.

29 mars

  • Japon : interrogé par The Times , le directeur de la centrale de Fukushima avoue son impuissance : “nous n’avons aucune idée de la manière de démanteler les réacteurs”, “la technologie n’existe pas”, il n’y a “aucune méthode viable” contre le combustible fossile. Il y a de “très nombreuses incertitudes… nous n’avons pas d’informations précises”. Des ingénieurs ont déclaré que ces problèmes sont “insurmontables”… et que "la sécurisation du site peut prendre 200 ans !"

30 mars

  • Etats-Unis : en février 2014, un incendie s’est déclenché dans un site de stockage de déchets radioactifs près de Carlsbad, au Nouveau-Mexique. Le rapport d’enquête a révélé que pour stocker des déchets humides, on tapissait le fond des fûts de la litière pour chat absorbante pour éviter les fuites. L’utilisation d’une litière contenant des ingrédients organiques et non minéraux a provoqué une réaction chimique à l’origine de l’incendie.
  • Japon : TEPCO vient de tenir sa 8e réunion plénière de son comité de réforme. L’entreprise promet toujours plus de transparence. Comme dirait Georges Orwell, la transparence, c’est la dissimulation…
  • Japon : début de l’inspection du réacteur n° 1 de Sendaï par la NRA. Les inspecteurs vont vérifier que le niveau de résistance aux séismes a bien été mis en place et que les réacteurs sont en état de fonctionner… après presque 4 ans d’arrêt. Kyûshû Electric, l’exploitant, table sur un redémarrage en juillet.
  • Japon : les communes qui décontaminent leurs sols dans les zones non évacuées le font pour le moment à leurs frais. Elles auraient déjà dépensé 585 millions d’euros. L’Etat en a remboursé une partie, mais TEPCO refuse de financer ces travaux. TEPCO s’estime dans son droit ; selon TEPCO, la nouvelle loi de 2011 qui prévoit que l’exploitant paie ses dégâts ne peut pas être rétroactive.

31 mars

  • Japon : le gouvernement annonce une série de mesures destinées à protéger le pays contre un séisme important : obligation de construction des bâtiments aux normes antisismiques, mobilier fixe à l’intérieur des logements, sécurisation des systèmes informatiques. Selon les experts, il y a une probabilité de 70 % pour qu’un séisme majeur intervienne dans les 30 prochaines années. Pas sûr que d’ici là, les réacteurs de Fukushima aient été sécurisés.
  • Japon : le ministre de l’Industrie indique dans une conférence de presse qu’il a demandé à un groupe d’experts de travailler sur le nouveau mix énergétique pour 2030 avec une part du nucléaire supérieure à 20 %… ce qui supposerait de construire de nouveaux réacteurs. Concernant les énergies renouvelables, leur développement est actuellement freiné sous prétexte que le réseau ne peut pas faire face à la variabilité de la production… mais rien n’est prévu pour le moment pour améliorer ce réseau.