Fukushima, mai 2014

1er mai

  • Japon : la NRA finit une série d’inspections sur les réacteurs 1 et 2 de Sendaï qui semblent les réacteurs les plus probables pour un éventuel redémarrage.

2 mai

  • France-Japon : le quotidien Yomiori Shimbun rend public un projet d’accord entre le Japon et la France qui autoriserait le Commissariat à l’énergie atomique, le CEA français, à utiliser le surgénérateur japonais de Monju, en panne pratiquement sans interruption depuis 1995, pour y mener des expériences utilisant le combustible au plutonium prévu pour le projet de nouveau surgénérateur Astrid (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration). La venue du premier ministre japonais en France le 5 mai aurait pour but notamment de finaliser cet accord. Rien en France n’autorise pour le moment le CEA — qui est rattaché au ministère de la Défense — à avancer sur ce projet de surgénérateur… une nouvelle fois, sous couvert de recherches, on cherche en fait à relancer une filière du nucléaire qui jusqu’à maintenant a toujours été un échec commercial (Superphénix en France, Monju au Japon). Et, derrière, c’est la question de l’arme nucléaire qui pointe car les surgénérateurs utilisent un plutonium qui peut aussi servir pour les bombes.
  • Japon : 100e rassemblement hebdomadaire devant la résidence du premier ministre. Comme chaque semaine, entre 1500 et 3000 personnes se retrouvent pour demander l’abandon de l’énergie nucléaire.
  • Biélorussie : 8 organisateurs des manifestations à Minsk commémorant l’accident de Tchernobyl ont été arrêtés le 26 avril dernier. Ils sont condamnés ce jour à des peines de prison de 15 à 25 jours… pour avoir organisé une manifestation légalement déclarée ! Ceci permet surtout de les maintenir à l’ombre pendant la durée des championnats du monde de hockey sur glace. Amnesty international proteste.
  • Japon : TEPCO publie un rapport d’enquête sur les 200 m3 d’eau hautement radioactive qui se sont déversés dans les bâtiments prévus pour la décontamination, accident découvert le 13 avril dernier. Le rapport reprend l’histoire selon laquelle des ouvriers ont confondu des interrupteurs de pompes avec des interrupteurs de climatisation et ceci à la date du 20 mars ! Donc pendant 23 jours, personne ne se serait aperçu que la climatisation ne fonctionnait pas, ni que l’eau ne montait plus dans les cuves où elle devait arriver. Invraisemblable !

4 mai

  • Japon : séisme de magnitude 6,2 à 5h18 heure locale, épicentre proche de Tokyo. Aucune conséquence sur la centrale de Fukushima selon TEPCO. 17 blessés dans la capitale.
  • Japon : alors qu’elles peuvent rentrer chez elles depuis le 1er avril 2014, seules 12 familles sur 112 ont fait une demande pour retourner vivre à Miyakoji. Cela fait 27 personnes sur 353 résidents (7,6 %), principalement des personnes âgées… c’est beaucoup moins que ce que le gouvernement espérait (33%).

5 mai

  • Japon-France : François Hollande reçoit le premier ministre du Japon Shinzo Abe. Parmi les points discutés, une aide de la France pour demander une révision à la baisse des normes de radioactivité pour les produits importés du Japon au niveau européen, un accord entre Areva et la société japonaise Atox pour contribuer au démantèlement de la centrale de Fukushima (ceci sans doute pour féliciter Areva d’avoir fourni une usine de décontamination de l’eau qui n’a jamais réussi à fonctionner), un accord pour faire la promotion du nucléaire dans le monde, le renforcement des liens autour du projet ITER à Cadarache… L’union des pro-nucléaires sur toute la ligne.
  • France-Japon : après la mise en avant d’un accord pour mener des expériences françaises dans le surgénérateur de Monju, plusieurs médias japonais signalent que c’est impossible car jamais le réacteur de Monju ne pourra être mis aux nouvelles normes de sûreté.
  • Japon : le blog Fukushima Diary publie des photos trouvées sur les réseaux sociaux de personnes qui montrent qu’elles perdent leurs dents dans la région de Fukushima. Beaucoup s’inquiètent en pensant que c’est sans doute le signe d’un début de cancer. Les autorités ont réagi en disant ne pas disposer de données pour le moment, et annoncent une étude sur cinq ans pour savoir si le déchaussement des dents chez les adultes est en hausse ou non.
  • Japon : TEPCO annonce avoir sorti 770 assemblages de la piscine du réacteur n°4.
  • Japon : selon les autorités régionales, le niveau de radiation moyen dans les forêts de la région aurait été divisé par 2 en deux ans. Ceci s’explique par la baisse rapide de la radioactivité du Césium 134 (-50 % en 2 ans), par le lessivage des sols par la pluie (qui entraine la radioactivité vers la mer) et par le dépôt en surface d’une matière organique moins contaminée. Rien n’est dit sur les actuelles retombées radioactives, sujet totalement tabou. Même si cette baisse est sans doute réelle, elle sera de plus en plus lente et selon ce même rapport il faudra 20 ans pour que cela baisse de seulement 30 % de plus.

6 mai

  • Japon : cet hiver, une campagne d’abattage a eu lieu pour tuer les sangliers qui sont dans la zone évacuée et qui font beaucoup de dégâts dans les maisons abandonnées. Aujourd’hui, le constat est fait que cela n’a servi à rien : d’autres sangliers sont venus de l’extérieur pour profiter de l’espace libéré. Le gouvernement annonce une campagne d’abattage plus large…

7 mai

  • Japon : TEPCO publie une série d’analyses sur les eaux souterraines. L’eau de mer le long du rivage voit toujours sa radioactivité monter, l’eau pompée en amont des réacteurs est de plus en plus polluée… tout est à la hausse !

8 mai

  • Japon : la publication d’un manga dessiné par Tetsu Kariya, racontant la vie des habitants de la commune évacuée de Futaba provoque la colère des autorités. La BD intitulée "La vérité à Fukushima" évoque notamment des saignements de nez inexpliqués. La municipalité dit ne pas avoir connaissance de tels problèmes de santé. Sur internet, des habitants évacués de la commune ont témoigné et apporté leur soutien au dessinateur. Celui-ci, 72 ans, a annoncé qu’il continuerait à présenter des témoignages "quitte à défier l’omerta officielle". Katsutaka Idogawa, l’ancien maire de Futaba, dessiné dans le manga, a confirmé qu’il avait eu souvent des saignements de nez au début de la catastrophe.
  • France : dix sous-traitants intervenant sur le réacteur n°2 à l’arrêt de la centrale de Cattenom, ont été contaminés lors d’une intervention sur les pompes d’un circuit secondaire.
  • Japon : le 24 mars 2011, six sous-traitants ont pénétré dans le sous-sol du réacteur n°3 pour y faire passer des câbles électriques. Ils ont pour cela dû patauger dans de l’eau qui s’est avérée très radioactive. Ils n’avaient pas de dosimètres et TEPCO affirmait que l’eau provenait de l’inondation par le tsunami. Deux ans après, pour la première fois, un de ces ouvriers a porté plainte contre TEPCO estimant qu’il avait sans nul doute dépassé les limites d’exposition autorisées.
  • Japon : deux anciens premiers ministres du principal parti de droite actuellement au pouvoir, Junichirô Koizumi et Morihiro Hosokawa, créent une nouvelle organisation antinucléaire au Japon afin de soutenir les candidats antinucléaires aux élections. Ils lancent un appel aux personnalités pour qu’elles les rejoignent.
  • Japon : la municipalité de Naraha conteste l’annonce du gouvernement selon laquelle cette commune serait décontaminée. Ils exigent que le taux de radioactivité descende en-dessous de 1 mSv/an et non pas 20 mSv/an comme se l’autorise l’Etat depuis l’accident. Ils demandent aussi l’évacuation des sédiments du barrage présent sur la commune, ces sédiments étant fortement radioactifs.
  • Japon :  la NRA publie un rapport de 7200 pages sur le sûreté des réacteurs de la centrale de Sendaï. Ils demandent des études complémentaires pour 42 problèmes identifiés. Les autorisations ne seront donc pas pour tout de suite… et cela signifie qu’aucun réacteur ne redémarrera avant l’été.

9 mai

  • Japon : "Un mensonge répété dix fois reste un mensonge ; répété dix mille fois il devient une vérité." Cette phrase attribuée à Hitler semble être la méthode adoptée par le gouvernement japonais : pour la première fois, des poissons péchés au large de la province de Fukushima sont mis en vente à la criée de Tsukiji à Tokyo… et se vendent au même prix que les autres poissons. Les pêcheurs se disent satisfaits… et les consommateurs sont sans doute dans l’ignorance de ce qu’ils sont en train de manger.

10 mai

  • Japon : une équipe de scientifiques publie une estimation revue à la hausse des rejets aériens en césium 137 de la centrale : alors que TEPCO annonçait 13 600 TBq (13,6 millions de milliards de becquerels), cette nouvelle étude pense que la réalité est entre 17 500 et 20 500 TBq. Par comparaison, l’estimation pour Tchernobyl est de 85 000 TBq. Chance pour les Japonais : plus de 85 % de ces rejets sont partis au-dessus de l’océan. Concernant les rejets liquides, l’étude annonce 3500 TBq… alors que TEPCO parle de 940 TBq… mais que l’IRSN, institut français pas spécialement antinucléaire, les a estimés à 22 000 TBq. Beaucoup d’incertitude donc, mais de toute manière, c’est énorme.
  • Japon : Kansaï Electric, qui gère les deux réacteurs d’Ohi, un temps les derniers autorisés à poursuivre leur fonctionnement, a revu à la hausse les risques de séisme, ce qui va obliger à faire des travaux de consolidation et repousse donc un éventuel redémarrage de ces réacteurs.
  • Japon : 235 citoyens avaient déposé plainte pour s’opposer au redémarrage des réacteurs d’Ohi. Ils ont été déboutés, le tribunal donnant comme raison qu’il n’y a pas d’autorisation pour le moment ! Juridiquement, si ce jugement est confirmé, il faudra donc attendre qu’il soit trop tard pour pouvoir demander justice !

11 mai

  • Japon : le gouverneur de la province de Shizuaka annonce qu’il annule l’accord donné avant mars 2011 à l’exploitant de la centrale de Hamaoka concernant la possibilité d’utiliser du MOX dans le réacteur n°4. Il demande que la procédure soit reprise à zéro. Il demande également que les piscines de stockage du combustible usagé soient remplacées par un stockage à sec. En effet, le MOX contenant du plutonium, il n’est pas sûr que celui-ci puisse être traité par l’usine de Rokkashô qui ne fonctionnera peut-être jamais, ni par un éventuel usage dans le surgénérateur de Monju à l’arrêt depuis 1995.
  • Japon : le gouverneur de la province d’Aomori où se trouve le centre de retraitement de Rokkashô, annonce qu’en cas de non démarrage de l’usine, il n’y aurait bientôt plus de place pour stocker le combustible usé. Celui-ci occupe actuellement 70 % des zones disponibles autour des réacteurs ou sur le centre de Rokkashô.
  • Japon : TEPCO a retiré 814 assemblages sur 1533 de la piscine du réacteur n°4, soit plus de la moitié.

12 mai

  • Japon : publication d’un nouveau numéro de la revue de manga Oïshindo avec un nouvel épisode de la "Vérité sur Fukushima". Tetsu Kariya y explique les limites de la décontamination actuelle, qui n’est que très partielle et toujours remise en question par l’arrivée de pluies radioactives. Il annonce aussi que des saignements de nez ont été observés chez des habitants d’Osaka, près d’un incinérateur où ont été brûlés des déchets provenant de la zone interdite. Ces propos sont tenus par des personnages réels qui apparaissent sous leur vrai nom. La droite pro-nucléaire dénonce une opération des antinucléaires. L’éditeur a mis sur son site une explication pour dire que les propos rapportés sur les saignements de nez ne prouvent pas qu’il y a un lien avec les irradiations.
  • Japon : les taux de radioactivité dans l’eau battent toujours des records, jour après jour, en particulier en mer.

13 mai

  • Japon : le gouvernement et TEPCO annoncent un accord sur l’utilisation du J-Village, une cité sportive installée à 20 km de la centrale, qui sert actuellement de camp pour TEPCO. Ce camp sera libéré en 2018 pour que la Fédération de foot puisse y accueillir des entrainements en vue des Jeux olympiques de 2020.

14 mai

  • Japon : le quotidien Maïnichi  a demandé à 11 maires de communes situées à moins de 30 km d’un réacteur, s’ils pensaient que les conditions de sûreté demandées par le gouvernement sont suffisantes, 5 ont répondu "non", 6 ont donné d’autres mesures à prendre, aucun n’a répondu "oui". 7 se plaignent du manque d’information. 4 critiquent les simulations d’accident, les estimant fort éloignées des conditions réelles.
  • Japon : TEPCO annonce que 600 tonnes d’eau pompées en amont des réacteurs ont été contrôlées par un laboratoire indépendant qui a mesuré 230 Bq/l. Comme c’est inférieur aux 1500 Bq/l choisis comme limite, cette eau devrait être relâchée en mer. Il n’est pas précisé si cette eau a été diluée ou non… TEPCO a annoncé par ailleurs stocker actuellement 450 000 m3 d’eau et pense atteindre 800 000 m3 d’ici deux ans.
  • Japon : TEPCO annonce que maintenant les conditions de travail sont moins susceptibles de donner lieu à irradiation et qu’il va donc être possible de faire travailler plus de personnes à la fois. En un an, on est passé de 4000 à 5000 personnes qui travaillent chaque jour sur le site et TEPCO espère arriver à 6000 à la fin de l’année. Le nucléaire crée donc des emplois… à haut risque.

15 mai

  • Japon : 8e mois d’arrêt total du nucléaire. La NRA explique que ce ne sont pas les autorités qui empêchent le redémarrage, mais les exploitants qui tardent à répondre à leurs demandes concernant la mise aux nouvelles normes de sûreté.
  • Etats-Unis : un violent incendie en Californie détruit des maisons, des lignes électriques et provoque l’évacuation du personnel de la centrale nucléaire de San Onofre, à l’arrêt depuis janvier 2012, mais contenant encore du combustible usé.
  • Japon : le ministre de l’environnement annonce que la "décontamination" est terminée dans 42 communes sur 58 concernées et dans 142 "points chauds" recensés en dehors des zones évacuées. Cela ne veut pas dire retour à la normale : cela garantit seulement que dans les bâtiments et sur les trottoirs, on est exposé à moins de 20 mSv/an, ce qui reste extrêmement élevé. Cela ne résout pas la question des déchets qui ont été simplement entassés et mis sous une bâche devant chaque maison. Les surfaces non « artificialisées » comme les jardins, les champs et les forêts ne sont pas encore nettoyées… et la pluie et les ruissellements d’eau ramènent toujours de la radioactivité.
  • Japon : le gouvernement a demandé aux compagnies d’électricité d’assurer au mieux la maintenance du parc de centrales thermiques pour qu’elles soient toutes disponibles pendant l’été, afin de passer le pic de consommation provoqué par la climatisation… Ceci signifie que le gouvernement n’espère plus redémarrer des réacteurs nucléaires avant l’automne. Et le gouvernement pense que ces seules centrales thermiques suffiront car il n’a pas annoncé de campagne d’économies d’électricité pendant l’été.

16 mai

  • Japon : TEPCO a découvert des fuites dans l’enceinte de confinement du réacteur n°3. De l’eau de refroidissement très radioactive s’écoule ainsi dans le sous-sol du réacteur et probablement dans le sous-sol à l’extérieur. TEPCO dit chercher comment colmater cela sachant que la radioactivité ne permet pas une intervention humaine.
  • Japon : TEPCO présente aux médias un essai de gel du sol sur 10 m2. Le projet consisterait à geler le sol autour des quatre réacteurs accidentés pour éviter les fuites. Cela nécessiterait l’injection d’un liquide à -30°C dans des tubes s’enfonçant à 30 m dans le sol et placés tous les mètres autour des réacteurs… soit environ 1500 tubes. TEPCO espère commencer le gel des sols en mars 2015 pour une durée de 5 ans. Cela coûterait 720 millions d’euros. Exercice pour physicien : quelle consommation d’énergie cela va-t-il demander ? L’autorité de sûreté, la NRA demande plus d’études sur ce projet car rien ne dit que les énormes quantités d’eau vont être piégées sur place, ni ce qui va se passer avec l’accumulation de l’eau dans les réacteurs car pour le moment TEPCO n’arrive pas à re-pomper toute l’eau qu’elle injecte.
  • Japon : un groupe d’experts nommés par le Ministère du travail recommande que les 19 000 travailleurs qui sont intervenus à la centrale de Fukushima durant les premiers mois (mars à décembre 2011) et qui ont reçu une dose dépassant la limite autorisée en temps normal, aient droit à un suivi médical à vie. Des scientifiques demandent que cela soit étendu à l’ensemble du personnel. Le gouvernement répond qu’il est d’accord pour suivre les 19 000 premiers travailleurs, ce qui fait passer le message que ceux qui travaillent aujourd’hui sont moins soumis à la radioactivité. Or c’est faux. S’ils sont sans doute mieux contrôlés, ils travaillent dans des conditions qui se dégradent de plus en plus, la radioactivité s’échappant régulièrement des réacteurs et se répandant partout comme le montrent les records quotidiens dans les contrôles sur le site.
  • Japon : selon les autorités régionales de la province de Fukushima, tous les fruits et légumes, viande, œufs et lait contrôlés en 2013, restaient en dessous du seuil de radioactivité permettant leur commercialisation. Restent au-dessus des normes, le gibier et les plantes sauvages. Selon ces données, 1,4 % des échantillons étaient trop contaminés contre 1,8 % l’année précédente. Conséquence : le Ministère de la santé annonce une baisse du nombre de contrôles. Les producteurs et les autorités locales protestent en demandant le maintien du nombre de contrôles… car la centrale rejette toujours de la radioactivité dans l’air.
  • Japon : plusieurs médias signalent que les contrôles en mer du tritium ont dépassé par endroits 1900 Bq/l alors que TEPCO s’était engagé à ne pas dépasser 1500 Bq/l. Partout sur le site et en mer, la radioactivité est en hausse.

17 mai

  • Japon : TEPCO annonce de nouveau l’arrêt de la seule chaîne de décontamination de l’eau de la station expérimentale ALPS. Celle-ci est régulièrement en panne depuis les premiers essais en septembre 2012 et elle n’a jamais réussi à faire fonctionner ses trois chaînes de décontamination en même temps.
  • Japon : le manga Oïshimbo cède à la pression : il annonce que pour son numéro du 19 mai, il publiera dix pages de droits de réponse et que cessera ensuite la série "Gourmet" qui était publiée depuis 1983. Dénoncer les mensonges officiels aura été fatal au dessinateur !

18 mai

  • Suisse : une initiative demandait que l’arrêt de la centrale nucléaire de Mühleberg soit plus rapide que prévu par le plan de sortie du nucléaire. Par référendum, 63 % des votants du canton de Bâle ont rejeté cette requête. Un autre vote dans le canton de Neuchatel a repoussé par 61 % une demande de classer les crêtes en zone protégée, ce qui aurait de fait interdit l’éolien.
  • Japon : le gouvernement annonce des sommes importantes pour les communes qui accepteraient de stocker de manière définitive les déchets radioactifs en provenance de Fukushima. Comme partout, on essaie d’acheter les consciences des élus.
  • Japon : en avril 2014, 370 000 enfants ont été contrôlés une deuxième fois, un an après le premier contrôle. Le nombre total de cas de cancers avérés de la thyroïde monte maintenant à 50 (contre 17 en décembre 2013) auxquels s’ajoutent 39 cas suspects.
  • Japon : le premier ministre Shinzo Abe a réagi à la bande-dessinée du manga Oïshimbo en annonçant lors d’une visite dans la région de Fukushima : " Il n’a été confirmé aucun cas d’atteinte directe à la santé de qui que ce soit à cause des substances radioactives ". Le même jour que l’annonce des 50 enfants malades et deux jours après celui du suivi médical à vie de 19 000 travailleurs. Plus cynique, ce sera difficile !

19 mai

  • Japon : Tetsu Kariya, le dessinateur de manga censuré, continue à s’exprimer sur son blog. Il explique qu’il a enquêté pendant deux ans sur les victimes de Fukushima et il lance un appel pour qu’on se mobilise pour favoriser l’évacuation des populations de la province de Fukushima, bien au-delà des zones actuellement évacuées. D’autres dessinateurs de BD confirment qu’aujourd’hui critiquer la politique du gouvernement, qui essaie de forcer les gens à revenir, est totalement tabou : la moindre allusion dans une BD provoque une campagne d’intimidation sur internet.

20 mai

  • Finlande : le nouveau réacteur EPR construit par Areva devrait être livré à l’électricien TVO en 2009. Ce ne sera pas fait avant 2016 (déjà 7 ans de retard pour un chantier qui devait durer 3,5 ans !). TVO demande un report de 5 ans de ses autorisations pour un nouveau réacteur EPR dont le chantier était initialement prévu pour être lancé en 2015.
  • Japon : selon un rapport interne de TEPCO qu’a réussi à se procurer le quotidien Asahi , au moins 650 des 720 employés, dont la plupart des cadres, ont fui la centrale pendant les quatre jours qui ont suivi le tremblement de terre et le tsunami, en mars 2011. La panique se serait emparée du personnel quand le 15 mars, vers 6h15 du matin, une violente explosion s’est produite dans le réacteur n°2. Seules 69 personnes sont alors restées sur place pour gérer la catastrophe. Ce n’est sans doute pas ce qu’avaient prévu les plans d’intervention en cas d’accident.
  • France : EDF annonce avoir fini de neutraliser les 5900 tonnes de sodium radioactif présentes sur le site de Superphénix, réacteur nucléaire en démantèlement depuis 1997. Soit 17 ans ! Ce sodium, utilisé comme fluide, brûle spontanément à l’air libre et explose au contact de l’eau : c’est lui que l’on utilise dans le réacteur de Monju au Japon, que le CEA veut encore utiliser dans le futur surgénérateur ASTRID.

21 mai

  • Japon : après l’accident de Fukushima, le gouvernement avait autorisé deux des réacteurs de la centrale de Ohi à refonctionner pendant quelques mois. Ces deux réacteurs ont finalement été arrêtés en septembre 2012. Entre temps, des associations avaient porté plainte estimant cette autorisation de fonctionnement illégale puisque de nouveaux critères de sûreté étaient en préparation et que cette centrale, comme toutes les autres, n’a pas entrepris de travaux pour se remettre aux normes. La justice est lente, mais elle annonce aujourd’hui que la décision de redémarrage était bien illégale et va le rester pendant longtemps. Les opposants ont en effet montré qu’au cours des 10 dernières années, à 5 reprises des séismes ont dépassé les prévisions qui ont servi pour déterminer la résistance des réacteurs et le tribunal estime que la demande actuelle de redémarrage est toute aussi illégale. L’exploitant a construit une centrale capable de résister à un déplacement d’une intensité de 1260 gals, prenant en compte un séisme local de 700 gals… alors que le nord du pays a connu, depuis 2005, des séismes atteignant 4022 gals. La limite de 1260 gals a été dépassée à l’occasion dans 4 centrales.Autre décision du tribunal : celui-ci a considéré que des plaintes portées par des personnes habitant jusqu’à 250 km du réacteur sont légales car un nuage radioactif peut largement atteindre cette distance. Ces décisions de justice devraient compliquer un peu plus les possibilités de redémarrer les réacteurs, tous arrêtés actuellement. Kepco, propriétaire de la centrale d’Ohi, a fait appel et le gouvernement a annoncé qu’il ne changerait pas de politique.
  • Japon : dans son éditorial, le quotidien Asahi revient sur la fuite des ingénieurs au moment de l’accident. Il pose deux questions : comment peut-on débattre de la question de l’avenir du nucléaire si des informations aussi importantes que celle-ci sont cachées ? Et deuxièmement, maintenant que l’on sait ce qui peut arriver dans un réacteur, qui aura encore envie d’aller travailler avec un tel risque ? Le New York Times consacre aussi son éditorial à la question s’interrogeant sur le fait que TEPCO ait pu cacher pendant trois ans une information aussi importante. Bien sûr, en France, tous les grands quotidiens ont fait leur une sur le sujet également… ah, tiens, non.
  • Japon : TEPCO commence à rejeter en mer de l’eau pompée en amont du site et censée être peu radioactive. Selon TEPCO, le premier rejet concerne 560 m3. Mais accepter cela de la part des autorités, c’est se préparer à la suite : TEPCO peut en effet pomper de l’eau en mer, diluer l’eau contenue dans les cuves jusqu’à descendre en-dessous des limites de contamination et ensuite faire des rejets en mer… Officiellement, les normes seront respectées, mais dans la réalité, la radioactivité finira bien en mer. Amateurs de poissons et d’algues, bon courage !
  • Etats-Unis : le 15 février 2014, un incendie s’est déclenché dans le centre de stockage "Waste Isolation Pillot Plant" (WIPP) situé dans un désert du Nouveau-Mexique. Un camion transportant du sel dans les mines a pris feu accidentellement. Le 24 février 2024, un important nuage radioactif est sorti par un puits de contrôle avec relâchement d’américium et de plutonium, deux radionucléides parmi les plus dangereux. Le site stocke des déchets provenant des laboratoires militaires de Los Alamos. 650 personnes ont alors été évacuées et 6 hospitalisées car ayant respiré des gaz radioactifs. Il a fallu quatre jours pour enclencher des filtres censés empêcher la sortie de la radioactivité par les puits d’aération… mais l’incendie n’a pas pu être totalement maîtrisé. Le 30 avril, puis les 10 et 15 mai, des investigations ont pu être menées dans les sites de stockage montrant que les fûts de déchets prévus soi-disant pour résister 10 000 ans sont déjà sérieusement corrodés. Au moins 500 fûts sont aujourd’hui menacés par l’incendie qui couve toujours et les experts proposent de sceller les salles concernées, faute d’autres solutions… en reconnaissant que cela n’écarte pas totalement un risque d’explosion.

22 mai

  • Japon : la décision du tribunal concernant l’illégalité du fonctionnement de la centrale d’Ohi fait des vagues : les juristes estiment en effet que ce jugement interdit de fait la reprise du nucléaire car rien ne permet d’affirmer qu’un séisme encore plus fort n’est pas possible, rien scientifiquement ne permet de le prouver. Le droit à la vie, garanti par la constitution, doit l’emporter sur les estimations de l’Autorité de sûreté nucléaire. Déjà à deux reprises un tel jugement a été prononcé en première instance, mais désavoué en appel. En attendant le passage en appel, l’exploitant peut continuer à faire les démarches pour demander l’autorisation de redémarrer. D’autres procès sont en cours concernant d’autres réacteurs. Les médias antinucléaires se félicitent du jugement alors que les autres dénoncent l’irrationalité des juges.
  • Japon : le quotidien Asahi continue à publier des extraits du rapport secret du directeur de la centrale, aujourd’hui décédé. Après avoir expliqué comment les ingénieurs ont fui les lieux après la première explosion, il explique comment il a été envisagé de relâcher des gaz fortement radioactifs le 14 mars 2011 quand la pression a commencé à monter dans le réacteur n°3. Mais comme le vent aurait rabattu ce nuage radioactif vers les populations, cela n’a pas été fait… jusqu’à ce que le réacteur explose. Le gouvernement a rappelé que ce rapport (400 pages d’entretien avec la commission d’enquête gouvernementale) relève du secret et n’a pas à être publié, mais sans oser attaquer plus frontalement un des quotidiens qui a le plus fait de révélations jusqu’à maintenant.
  • Japon : TEPCO reçoit 1,25 milliards d’euros de la part du gouvernement pour la gestion de l’accident. C’est le 28e versement.

23 mai

  • France : les six réacteurs de la centrale de Gravelines (Nord) ne sont pas aux normes. C’est la conclusion d’une inspection menée par l’AIEA, Agence internationale de l’énergie atomique, suite à une invitation du gouvernement français. Pour que l’AIEA, agence de l’ONU fortement pronucléaire, énonce un tel bilan, il faut croire que c’est particulièrement grave. L’AIEA va-t-elle maintenant vérifier les 58 réacteurs français de nos 19 centrales ?
  • Europe-Japon : Europe-Ecologie Les Verts révèlent que depuis le 1er avril 2014, l’Union européenne a cessé de contrôler les produits alimentaires japonais importés des régions de Tokyo et Kanagawa, régions au sud de Fukushima où pourtant des taches de radioactivité élevées ont été trouvées.
  • Japon : des filets empêchent maintenant la circulation des poissons entre le port de la centrale et le large. Selon des mesures faites par TEPCO, cela serait efficace : des poissons pêchés dans le port atteignent 193 000 Bq/kg alors qu’à 20 km du réacteur, les poissons pêchés les plus contaminés n’ont une contamination que de 129 Bq/kg, à peine supérieure à la limite de commercialisation (100 Bq/kg).

26 mai

  • Japon : l’ASN, autorité de sûreté nucléaire, valide le procédé de "mur de glace" pour limiter les écoulements d’eau contaminée dans la mer. Le budget initialement prévu à 245 millions d’euros a été revu à la hausse car TEPCO va devoir détourner de nombreuses canalisations pour assurer la continuité du mur sur 1,5 km.
  • Japon : selon TEPCO, il y a maintenant 435 000 m3 d’eau radioactive stockés dans plus de 1000 citernes.
  • Monde : le prix de l’uranium a chuté à son plus bas niveau depuis dix ans : 28 $ la livre après être monté à 135 $ en 2007. La hausse avant 2011 était provoquée par l’annonce du pic de production… et la baisse est le résultat de l’accident de Fukushima et de l’arrêt de nombreux réacteurs, dont les 54 réacteurs japonais (13 % des réacteurs du monde).
  • Japon : TEPCO s’apprête à réceptionner la cargaison du premier cargo de gaz naturel en provenance de Papouasie Nouvelle-Guinée. C’est ExxonMobil qui exploite le gisement à l’origine et qui fournira également d’autres compagnies au Japon. Ce programme d’exploitation du gaz lancé en 2010 a été accéléré après l’accident de Fukushima pour pouvoir au plus vite alimenter des centrales thermiques.
  • Japon : des architectes japonais renommés, Fumihiko Maki et Toyo Ito, protestent contre le projet de nouveau stade à Tokyo : le projet présenté par Zaha Hadid pour les jeux olympiques de 2020, coûterait en effet plus d’un milliard d’euros. Ils dénoncent un gaspillage d’argent à un moment où de nombreuses victimes des séismes, du tsunami et de l’accident de Fukushima, ne sont toujours pas relogées.

27 mai

  • Japon : le directeur de Kepco a déclaré qu’il passerait outre la décision de justice si la NRA et les autorités locales lui donnent le feu vert pour redémarrer les réacteurs de la centrale d’Ohi. Il n’est pas sûr que la NRA et les autorités locales aient le même mépris de la justice.

28 mai

  • Japon : les membres de l’autorité de sûreté nucléaire sont élus pour 5 ans. Mais comme cette autorité n’a que deux ans, deux par an sont remplacés par tirage au sort. Le gouvernement annonce qu’en septembre, les deux sortants seront Kunihiko Shimazaki, un sismologue et Kenzo Ôshima, un ancien ambassadeur. Ils seront remplacés par Satoru Tanaka, ancien président de la société japonaise pour l’énergie nucléaire et Akira Ishiwatari, un géologue. Kunihiko Shimazaki est la bête noire du nucléaire car il a alerté à de nombreuses reprises sur les insuffisances des actuels réacteurs. Le remplacer par un promoteur de l’énergie nucléaire, Satoru Tanaka, va sans doute faciliter la tâche du gouvernement, mais pas la sûreté des réacteurs. Hasard du tirage au sort, alors qu’il y avait deux séismologues lors de la création de la NRA, il n’en restera plus aucun à partir de septembre. Le Japon ne va pas s’embêter avec des questions de tremblements de terre !
  • Japon : TEPCO a relâché en mer de nouveau 641 m3 d’eau pompée en amont de la centrale de Fukushima. En principe cette eau n’est que faiblement contaminée. Elle concentre quand même la radioactivité retombée avec les pluies autour de la centrale.

29 mai

  • Japon : selon le gouvernement 7500 personnes de la commune de Naraha pourront rentrer chez elles à partir du printemps 2015, la décontamination étant selon lui presque terminée. La mairie conteste cette information : 70 % de la surface de la commune, en forêt, n’ont pas commencé d’être nettoyés, des sédiments dans un réservoir d’eau fortement contaminé, n’ont pas été évacués, l’intérieur des maisons abandonnées depuis trois ans n’a pas été fait… et partout, il y a des tas de déchets seulement protégés par des bâches.

30 mai

  • Japon-Russie : un accord sino-russe est en discussion actuellement pour la construction d’un gazoduc entre l’île et le continent. Ce gazoduc de 1350 km devrait permettre d’acheminer 20 milliards de m3 de gaz par an, soit 17 % des importations actuelles du pays.
  • Japon : pour évacuer 90 % des 210 000 personnes qui vivent dans un rayon de 30 km autour de la centrale de Sendaï, il faudrait, selon le plan de secours publié, au moins 29 heures. Mais cela demande de tels efforts d’organisation que beaucoup doutent de leur efficacité. Et on peut se demander ce qu’il adviendrait des 10 % restants.

31 mai

  • Japon : réunion publique à Iwaki où le gouvernement présente un projet de stockage des déchets radioactifs sur 1600 hectares. Plus de 400 personnes sont venues à la réunion et ont fait savoir qu’elles ne croyaient pas à la promesse de l’État d’un stockage provisoire limité à trente ans, le temps de trouver un autre lieu de stockage définitif. Pour elles, il n’y aura pas d’autres communes plus lointaines pour accepter les déchets.
  • Singapour : annonce de la levée de l’interdiction d’aliments en provenance de la région de Fukushima. La propagande du gouvernement japonais paie…
  • Japon : publication du plan d’évacuation de la centrale de Shimané. Pour évacuer les 471 000 personnes qui vivent dans un rayon de 30 km ; il faudrait 28 heures s’il fait beau temps, 33 heures s’il y a de la neige. Les plans sont comme les promesses, ils n’engagent que ceux qui y croient.
  • Japon : les pêcheurs d’Iwaki, ville évacuée, ont fait un essai de pêche d’une variété de poissons, l’ormeau, pour voir s’il est consommable.