Fukushima, décembre 2011

1er décembre

  • L’Office parlementaire des choix technologiques envoient des députés aux centrales de Penly (Seine-Maritime) et Le Blayais (Gironde) pour une simulation surprise d’accident. Le résultat est qualifié par les députés en charge de l’exercice de « burlesque » : ainsi à Paluel, les consignes sont dans un placard… dont personne n’a la clé ! Heureusement, ce n’était qu’une simulation.

2 décembre

  • Masayoshi Son, patron de Softbank, un opérateur en téléphonie mobile, l’homme le plus riche du Japon, annonce le lancement d’une fondation pour les énergies renouvelables dans laquelle il investit 10 milliards de yens (96 millions d’euros). Il plaide pour une sortie rapide du nucléaire : « Si cette électricité [provenant des énergies renouvelables] coûte 8 % ou 10 % plus cher, qu’est-ce que cela pèse au regard des vies humaines ? ». Il annonce que son programme pour la sortie du nucléaire a déjà le soutien de 35 des 47 gouverneurs du pays.

4 décembre

  • Une fuite d’eau radioactive a été découverte dans l’un des réacteurs. 45 tonnes d’eau se sont échappées dans la mer, avec un taux de radioactivité 300 fois supérieurs aux limites autorisées. Selon TEPCO, depuis le début de l’accident ce sont 220 tonnes d’eau radioactives qui auraient ainsi rejoint la mer. Un chiffre que les scientifiques estiment très sous-estimé lorsque l’on voit l’ampleur de la contamination.

5 décembre

  • A 6h, neuf militants de Greenpeace ont réussi à pénétrer sur le site de la centrale de Nogent-sur-seine (près de Paris) et ont pu déployer une banderole sur le dôme de l’un des réacteurs avant d’être arrêtés. Greenpeace annonce alors que d’autres militants ont pénétré sur d’autres sites sans être repérés. Une banderole est également déployée sur le site de Chinon (Centre). Une fouille générale des 19 centrales et 58 réacteurs est alors réalisée par les forces de l’ordre… qui finissent par intercepter des militants sur le site du Blayais (Gironde) et de Cadarache (Provence). Deux militants sur le site de centrale de Cruas (Ardèche) ne sont retrouvés qu’après 14 h de recherches ! Greenpeace dénonce une nouvelle fois la soi-disant sûreté des centrales. Europe-Ecologie-Les Verts rappelle que les « stress-tests » demandé par l’Europe après l’accident de Fukushima ont écarté le cas du terrorisme. Cécile Duflot remercie Greenpeace d’avoir procédé ainsi à un stress-test grandeur nature… qui en dit long ! : Que se passerait-il si des terroristes faisaient la même action ? ou des agents d’un pays avec lequel nous serions en conflit ?

6 décembre

  • L’autorité de sûreté nucléaire révèle que lors des fortes précipitations des 5 et 6 novembre 2011, en région Provence Côte-d’Azur, deux unités nucléaires de Cadarache le réacteur CABRI et le laboratoire d’examen des combustibles irradiés LECA, ont été inondés. Il est tombé 220 mm en 72h sur le site, un record.
  • Le gouvernement japonais élargit la zone dans laquelle les personnes peuvent demander à être indemnisées. Elle passe à 50 km autour du réacteur, ce qui inclut plus d’un million de personnes.

7 décembre

  • Polémique sur le prix de l’électricité nucléaire. Si les Français paient leur facture 29 % moins cher qu’en Allemagne, c’est principalement parce qu’EDF n’est pas totalement privatisé et qu’une part importante du coût de l’électricité est financé par l’Etat donc par nos impôts. Greenpeace, le Réseau-Action-Climat et le WWF, dans une chronique commune sur le site Le Monde.fr rappelle que le grand éolien terrestre fournit déjà un courant moins cher que le nucléaire, que l’écart est encore plus grand avec l’éolien offshore et que la courbe d’évolution des prix montre que le prix du nucléaire monte, alors que ceux du solaire et de l’éolien baissent.
  • Un 46e réacteur est arrêté au Japon suite à un problème technique. Il n’en reste que 8 en fonctionnement.
  • Entre 450 et 500 salariés d’Areva ont manifesté à Paris devant le siège de leur entreprise pour dénoncer la remise en cause d’accords de pénibilité en lien avec les salaires. La direction d’Areva, en difficulté financière, essaie de faire des économies.
  • Greenpeace annonce au Japon que des personnes vivent dans la région de Fukushima en étant exposé à des doses dix fois supérieures aux limites autorisées… sans que les autorités ne fassent rien pour les évacuer. Certaines des zones très contaminées sont à plus de 60 km de la centrale.
  • Le fabricant de lait en poudre Meiji a annoncé le retrait de 400 000 boîtes après des mesures indiquant une pollution radioactive. Il s’agit pourtant de lait importé… mais la contamination a pu se produire lors du conditionnement.
  • Dans les six livres les plus vendus au Japon, on trouve ’Le nucléaire, ça suffit«  et  »Le Mensonge nucléaire" . Les deux sont de Hiroaki Koide, un spécialiste du nucléaire de l’Université de Kyoto, longtemps tenus à l’écart des débats politiques pour ses positions antinucléaires. Interrogé dans Le Monde , il affirme que le Japon peut sans problème fermer tous ses réacteurs nucléaires, qu’il y a assez de barrages hydrauliques et de centrales thermiques pour faire face.
  • La commission gouvernementale japonaise qui étudie l’origine de l’accident estime que c’est le séisme qui est à l’origine de l’accident, pas le tsunami.
  • François Hollande, en visite chez les salariés d’Areva au Creusot (Saône-et-Loire) s’est voulu rassurant : pas question de mettre en place l’accord EELV-PS de sitôt concernant le MOX, le retraitement… et l’EPR sera construit.

8 décembre

  • TEPCO indique que 17 780 personnes sont déjà intervenus sur le site de Fukushima depuis l’accident. 169 aurait reçu des doses supérieures à cent millisieverts (limite annuelle ordinaire, remontée à 250 depuis l’accident).
  • De nouvelles analyses sur le riz obligent à élargir encore les zones d’interdiction de commercialisation.

9 décembre

  • Selon les Echos , le gouvernement japonais étudierait la nationalisation de TEPCO, la compagnie d’électricité étant incapable de continuer à financer la suite des frais provoqué par la catastrophe. Cela passerait par l’achat de 1000 milliards de yens d’actions (9,6 milliards d’euros).
  • Alors qu’officiellement, le nucléaire ne tue jamais personne, Areva annonce qu’elle indemnisera les proches des ex-salariés décédés au Gabon. Pour le moment, seules deux familles ont déposé un dossier jugé recevable.
  • Masao Yoshida, ancien directeur de la centrale de Fukushima a officiellement un cancer de l’œsophage. Selon TEPCO, qui n’a pas peur de se foutre du monde, cela n’a rien à voir avec les radiations reçues !
  • De nouvelles cartes des retombées radioactives sont publiées par des scientifiques, cartes qui indiquent que Tokyo est bien dans les zones touchées.
  • Des analyses faites sur 1730 habitants de la préfecture de Fukushima montrent que la moitié de la population a déjà dépassé les limites annuelles autorisées.
  • Au Japon, la polémique rebondit après que des mesures faites sur du riz et des kiwis trouvés dans le commerce montre des taux excessifs de contamination (jusqu’à 1240 bq/kg pour le riz, jusqu’à 1120 dans les kiwis, alors que la limite est de 500). De nombreux groupes de citoyens dénoncent des méthodes de contrôle insuffisantes.
  • De nombreuses alertes circulent dans les milieux financiers concernant les actions d’Areva, la firme nucléaire risquant d’annoncer des résultats 2011 désastreux.

11 décembre

  • Claude Guéant, ministre français de l’intérieur, annonce des mesures renforcées pour protéger les centrales après les intrusions de Greenpeace. Le gouvernement avait déjà dit exactement la même chose lors des intrusions de même type en 2007.

12 décembre

  • Areva demande la suspension de sa cotation en bourse. Des rumeurs font maintenant état de 6000 suppressions d’emplois dont au moins 1200 en France. Le même jour, Areva annonce un plan d’économies. Eva Joly réplique qu’Areva a besoin d’un plan de reconversion, pas d’un plan d’austérité : « le déclin du nucléaire français est une tendance lourde (…). Allons-nous faire les mêmes erreurs que par le passé avec l’industrie minière ou les chantiers navals ? », « Alors que le marché des énergies renouvelables est en plein développement, celui du nucléaire doit, après Fukushima, après Tchernobyl, faire face à l’explosion des coûts : investir dans le nucléaire français coûte 3,4 fois plus cher maintenant qu’il y a 25 ans. Avec l’EPR de Flamanville, il faut s’attendre à près de cinq fois plus ». « C’est bien la stratégie globale de l’entreprise qui a voulu croire à une renaissance du nucléaire qui est aujourd’hui en question ».
  • L’IRSN publie un bulletin d’information (7 pages) à destination des voyageurs et résidents français au Japon. Il met particulièrement l’accent sur les risques d’ingérer des aliments contaminés : lait, viande, poissons… mais aussi riz, thé, légumes, fruits. Les voyageurs et les résidents sont invités à regarder attentivement l’origine des produits et à éviter tout ce qui vient du nord-est du pays. De même, l’IRSN conseille de ne pas se rendre et encore moins d’habiter dans les 4 préfectures les plus proches de la centrale de Fukushima. Pour ceux qui doivent se rendre pour des motifs sérieux dans ces préfectures, il est conseillé de ne pas s’approcher à moins de 40 km des réacteurs.

13 décembre

  • L’électricien allemand E.ON annonce de sérieuses pertes en 2011 (3 milliards d’euros). Bizarrement ceci n’est pas tant la conséquence de l’arrêt du nucléaire en Allemagne que le fait que la firme avait investi en Espagne et en Italie en y espérant une reprise du nucléaire.
  • Angela Merckel annonce que la sortie du nucléaire dans le pays est une mesure pour créer des emplois : « Au final, la nouvelle politique énergétique va créer plus d’emplois qu’elle n’en fera perdre ». La droite française peut-elle entendre le message de la droite allemande ?
  • La centrale nucléaire russe de Novovoronej (500 km au sud de Moscou) a été arrêtée en urgence parce que les pompes d’aspiration d’eau de refroidissement ont été bloqué par un objet. Surprise pour la maintenance : c’est un obus datant de la dernière guerre mondiale qui avait été aspiré par les pompes !
  • Le groupe des eurodéputés Verts proteste contre le vote du Parlement européen qui donne son feu vert pour que le Conseil de l’Europe verse 1,3 milliards de plus pour le projet de réacteur de fusion ITER, en projet à Cadarache (Bouches-du-Rhône).
  • TEPCO demande avec insistance l’autorisation de rejeter de l’eau radioactive en mer, ce que le gouvernement refuse. TEPCO dit ne plus savoir que faire de l’eau contaminée… preuve que les usines de nettoyage promue par AREVA ne fonctionnent pas. Plus de 10 000 tonnes d’eau radioactive ont déjà fui en mer. 

14 décembre

  • Areva annonce la suspension du projet d’extension de l’usine Melox de fabrication du Mox sur le site de Marcoule (Gard). Conséquence d’un manque de clients pour un combustible qui s’avère très polluant en cas d’accident.
  • Areva annonce le gel des ses projets au Niger.

15 décembre

  • Le laboratoire indépendant ACRO publie de nouvelles analyses notamment à partir de poussières d’aspirateur. Les résultats montrent une contamination généralisée jusqu’à 200 km du réacteur. Les taux vont de 20 000 bq/kg à Watari, une des villes les plus proches de la centrale… mais dans la banlieue nord de Tokyo, à 200 km du site, on est encore à 6000 bq/kg, seulement trois fois moins ! Cela confirme une fois de plus que la capitale japonaise est lourdement touchée.
  • TEPCO et le gouvernement japonais estiment qu’il faudra 40 ans pour arriver à démanteler la centrale de Fukushima… contre 30 avant. Les déchets eux resteront dangereux pendant des millions d’années.
  • Titre dans le Figaro : « Le nucléaire est devenu un cauchemar boursier ». Concrètement, le titre d’Areva a été divisé par 4 depuis 2007. Celui d’EDF également.
  • Le site Novethic fait le compte-rendu d’un exercice réalisé à La Hague le 8 décembre 2011. Le scénario imagine un début d’incendie dans un atelier nécessitant le confinement de la population dans un rayon de 5 km. Résultat : comme pour l’exercice réalisé trois ans plus tôt, c’est le cafouillage total. Les habitants de Beaumont-Hague font leurs courses normalement, les médias ne reçoivent l’alerte à transmettre que 2h30 après le début supposé de la libération d’un nuage radioactif… Le site de la Hague contient l’équivalent en radioactivité d’une centaine de réacteurs. Alors qu’un rapport après les attentats par avion de septembre 2001 avait insisté sur la nécessité de baisser la quantité de matières radioactives sur le site, cette quantité n’a fait qu’augmenter depuis dix ans.
  • Les trois députés pro-nucléaires Claude Birraux (UMP), Christian Bataille (PS) et Bruno Sido (UMP), rapporteurs de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, présentent un rapport estimant que dans le futur, on pourrait ne remplacer qu’un réacteur sur deux, pour baisser progressivement le nucléaire à hauteur de 30 % de la production électrique, laissant ainsi sur une décennie le temps aux énergies renouvelables de se développer. Selon eux, aller plus vite, obligerait la France à recourir massivement aux centrales thermiques… car évidemment, ils n’envisagent pas que la consommation électrique puisse baisser avec une politique de sobriété et d’efficacité énergétique. Ce rapport une nouvelle fois, essaie surtout de préserver une filière nucléaire de plus en plus isolée aujourd’hui dans le monde.
  • L’université de Fukushima annonce avoir dressé des singes qui, équipés de GPS et de dosimètres, vont être envoyés dans la zone interdite pour faire des relevés de radioactivité. Ceci afin de limiter les expositions des scientifiques. Contrairement à ces derniers, les singes ne seront pas équipés de tenues de protection.

16 décembre

  • L’Agence japonaise de l’énergie atomique s’inquiète dans un rapport de la conséquence des pluies sur le pays. Ces pluies rabattent les particules radioactives présentes dans l’air et font ponctuellement monter la radioactivité à des taux très dangereux. Ainsi, alors que l’ancien record de radioactivité à Fukushima avait été mesuré en juin dans une gouttière avec 931 000 bq/m2, une mesure a atteint en septembre 2011, le record de 4 794 000 bq/m2 ! Des mesures faites au niveau des gouttières des écoles montrent des doses trop élevées. Des mesures faites dans les forêts indiquent aussi que les pluies et la chute des feuilles d’arbres provoque une hausse importante de la radioactivité au niveau du sol. Dans les forêts du sud de la préfecture de Fukushima, il est recommandé de porter un masque pour s’y déplacer.

 

17 décembre

  • Selon le premier ministre japonais, Yoshihiko Noda, la procédure d’arrêt des réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima est maintenant réalisée. Concrètement, cela ne signifie pas la fin des réactions nucléaires ni la fin des émissions de radioactivité, mais seulement que TEPCO arrive à maintenir l’eau de refroidissement à une température inférieure à 100°C de manière durable. Il a aussi annoncé que le coût de la suite du chantier pour neutraliser le site pourrait coûter jusqu’à 40 milliards d’euros. Ceci ne prend en compte que le démantèlement des réacteurs, par les indemnités aux personnes déplacées, la décontamination des zones contaminées, le suivi des malades… (pour mémoire, à Tchernobyl, on a déjà dépassé les 1000 milliards d’euros et les deux accidents risquent d’être financièrement du même niveau).
  • De nombreux médias japonais font état de l’étonnement de spécialistes du nucléaire suite à l’annonce du premier ministre. Yukio Hatoyama, premier ministre de 2009 à 2010, fait également part de son doute. Même le secrétariat d’Etat à l’énergie des Etats-Unis fait un communiqué pour dire qu’il doute de la stabilisation de la situation.
  • Un rapport d’un groupe de députés japonais conclut le même jour que les zones d’ombres sont encore nombreuses, notamment pour savoir si cet accident aurait pu être pire… et donc sur la difficulté de prévoir des nouvelles règles de sûreté tant que l’on n’en sait pas plus. Ce même rapport conseille de nationaliser TEPCO pour éviter une défaillance sur le plan financier.
  • TEPCO a annoncé qu’il espérait pouvoir commencer à évacuer des barres de combustibles présentes dans les piscines des réacteurs, au cours de l’année 2012.
  • Selon un classement réalisé par 18 médias internationaux à l’aide de sondages, les trois événements qui ont le plus marqué l’année 2011 sont : les révolutions et les manifestations dans les pays arabes ; l’accident de Fukushima et la mort de Ben Laden. (viennent ensuite les Indignés, la crise de la dette, les 7 milliards d’habitants, la mort de Steve Jobs…)

18 décembre

  • Un 47e réacteur japonais est mis à l’arrêt. Il n’en reste plus que 7 en fonctionnement.
  • En Allemagne, pour la première fois, les énergies renouvelables passent devant le nucléaire pour la production d’électricité. Selon la Fédération allemande des industries de l’eau et de l’énergie, la lignite a fournit, en 2011, 24,6 % de l’électricité, les renouvelables 19,9% (+3,5%), le charbon 18,7 %, le nucléaire 17,7% (-4,3%).
  • Tomohiko Suzuki, journaliste indépendant, a fait le choix de se faire embaucher sur le site de la centrale accidenté en répondant à une offre d’emploi d’une entreprise sous-traitante. Il a ainsi travaillé sur le site du 13 juillet au 22 août 2011. Il a travaillé principalement sur le retraitement de l’eau contaminée. Ce jour, il sort un livre au Japon où il explique qu’il a pu observer sur le site. Tout d’abord, il constate qu’aucune amélioration n’a eu lieu sur le site pendant son passage : TEPCO refroidit les trois réacteurs en fusion, mais n’arrive pas à progresser. Il confirme que le retraitement de l’eau consiste surtout en son stockage sur le site dans des citernes de plus en plus nombreuses. Il rappelle que non seulement il faut surveiller les 3 réacteurs, mais également les piscines de stockage de combustible des 3 autres réacteurs à l’arrêt. Il signale que de nombreux projets présentés par des ingénieurs sont reportés par manque d’argent. L’essentiel de son livre porte toutefois sur les conditions de travail des salariés. Comme ce fut le cas pour lui, aucune formation n’est assurée pour les intérimaires envoyés sur le site. Aucune donnée n’est disponible sur le nombre réel de personnes qui passent sur le site : Toshiba et Hitachi, principaux sous-traitants, font signer à chaque intérimaires un contrat d’embauche qui spécifie l’interdiction de parler de son travail à l’extérieur du site. Il dénonce la « disparition » des ouvriers. Selon les données officielles, il n’y a eu pour le moment que 5 morts brusque sur le site (toute estimées indépendantes des radiations), mais Tomohiko Suzuki rappelle que le 20 juin, TEPCO annonçait avoir perdu la trace de 69 ouvriers, un chiffre qui a grimpé à 198 le 21 juillet puis 840 le 15 décembre 2011. Selon lui, cela masque en fait les personnes trop irradiées qui sont renvoyées pour ne plus apparaître dans les statistiques. Il lance une piste : les yakusas, la mafia japonaise, qui racketterait 40 % des entreprises, est très liée au monde des intérimaires : rien de plus facile pour ces criminels que de faire disparaître les personnes gênantes.
  • Selon une étude présentée par le quotidien japonais Asahi Shimbun , ce sont 462 milliards de becquerels de strontium qui ont été relâchés en mer. La plus grave pollution marine de tous les temps.

19 décembre

  • Le premier ministre François Fillon lance un audit sur la sécurité des centrales nucléaires françaises (il s’agit là de la défense des centrales contre des attaques extérieures et non de la sûreté qui concerne le fonctionnement des réacteurs). Le rapport définitif devra être publié… avant le 30 juin 2012. Soit après les élections. C’est donc très courageux.
  • Greenpeace révèle que le rapport commandé par François Fillion exclut les chutes d’avion et les attaques informatiques.
  • Le réacteur n°2 de la centrale de Civaux (près de Poitiers) est arrêté d’urgence, les déchets transportés par la Vienne en crue ont obstrué les grilles d’entrée du système de refroidissement.
  • Le gouvernement français annonce un plan de 27 mesures pour les économies d’énergie — dans l’ensemble fort intéressantes — mesures qui pour la plupart devraient entrer en vigueur au 2e semestre 2012. Soit après les élections.
  • En visite à Saint-Nazaire, François Hollande se prononce pour « le maintien d’une industrie nucléaire puissante et prépondérante ».

20 décembre

  • Honda présente un nouveau robot susceptible d’intervenir à Fukushima. En 1986, les Russes avaient renoncé aux robots après avoir constaté que l’électronique résiste mal aux fortes doses de radioactivité.
  • Alors qu’au Japon, les spécialistes estiment que l’accident de Fukushima a commencé dès le tremblement de terre et non quand le tsunami a noyé les installations après, en France, on continue à nous seriner en nous disant qu’un tsunami de ce genre ne peut avoir lieu… Il est évident que si c’est le tremblement de terre qui est à l’origine de l’accident, cela devient beaucoup plus gênant : la vallée du Rhône est sur une faille séismique, la vallée du Rhin également, Cadarache aussi !
  • Le site Mediapart publie une note interne d’EDF destiné à ses cadres : ceux-ci doivent donner une formation d’une heure à tous les salariés pour qu’ils sachent quoi répondre pendant les fêtes de famille aux questions sur le nucléaire et l’accident de Fukushima.

21 décembre

  • Le ministre japonais de l’environnement a présenté un plan de démantèlement du site de Fukushima… étalé sur 40 ans. Il faudrait deux ans pour pouvoir sortir le combustible nucléaire présent dans les piscines, 20 ans pour sortir celui en fusion dans les cœurs des réacteurs 1 à 3, et encore 20 ans pour ensuite totalement neutraliser la radioactivité sur le site. Mais tout cela devra reposer sur des « techniques nouvelles » qui n’existent pas pour le moment. Si ces techniques nouvelles sont aussi longue à mettre au point que celles pour le stockage des déchets radioactifs ou pour la fusion nucléaire, on peut penser que ce calendrier n’est que pure spéculation.
  • Un article paru dans une revue médicale aux Etats-Unis provoque une polémique. Selon Joseph Mangano, épidémiologiste, directeur exécutif du projet Radiations et Santé Publique, et Janette Sherman, toxicologue, le passage du nuage de Fukushima sur les Etats-Unis à partir du 17 mars 2011 se serait traduit par une hausse de mortalité chez les enfants de 1,8 % sur l’ensemble du pays pendant les 14 semaines suivantes… ce qui correspondrait à 14 000 décès supplémentaires. Les auteurs comparent cela à ce qui avait été observé en Europe après le passage en mai 1986 du nuage de Tchernobyl, où l’on avait eu une surmortalité infantile correspondant à 16 500 décès sur 17 semaines. Ce sont ces mêmes auteurs qui avaient publié en 2009 un rapport sur Tchernobyl estimant le nombre total de victimes depuis 25 ans à près d’un million de personnes. D’autres médecins mettent en doute une réaction aussi rapide à une contamination radioactive.

22 décembre

  • Nouveau retard annoncé pour l’EPR finlandais. Initialement prévu pour fonctionner en 2009, il est prévu maintenant un démarrage au 2e semestre 2014. On atteint les cinq ans de retard. Le prix initial de 3 milliards annoncé en 2004 a aujourd’hui doublé.

23 décembre

  • Le gouvernement japonais annonce vouloir redécouper la zone d’évacuation des 20 km pour définir trois zones moins radioactives où après décontamination des sols, les personnes évacuées pourraient revenir. Il s’agit avant tout de propagande médiatique. C’est en effet oublier un peu vite que les réacteurs accidentés crachent toujours 1000 fois plus de radioactivité que les limites autorisées. Plus de 80 000 évacués ont déjà fait savoir leur refus de revenir dans cette zone.
  • Le gouvernement japonais annonce un déficit de sa balance commerciale de 14 milliards d’euros sur les dix premiers mois de l’année contre 49 milliards d’excédents l’année précédente. Dans le détail, c’est surtout la perte de production suite aux usines détruites par le tsunami qui sont la cause de ces importations et pas tellement la question énergétique puisque dans ce domaine les importations ne sont en hausse que de 2 %. Ceci signifie que l’arrêt de la quasi totalité du parc nucléaire a été compensé non par un recours supplémentaire aux énergies fossiles, mais bien par des mesures d’économies d’énergie.
  • Le quotidien japonais Asahi rend compte d’une étude sur l’alimentation qui montre qu’en moyenne un habitant de la préfecture de Fukushima ingère huit fois plus de césium radioactif (3,39 bq par jour) qu’un habitant de Tokyo (0,45 bq par jour). La limite autorisée est de 2 bq par jour… La même étude montre que l’on mesure encore de l’iode radioactif dans la nourriture, preuve que le nuage radioactif continue à sortir des réacteurs, puisque l’iode radioactif a une durée de vie très courte

24 décembre

  • Le gouvernement français profite des fêtes pour autoriser l’ANDRA à poursuivre le fonctionnement de son laboratoire souterrain de Bure (Meuse) jusqu’en 2030. Un recul pour le passage à une phase active de stockage souterrain ?

26 décembre

  • Un 48e réacteur japonais est mis à l’arrêt. Il n’en reste plus que 6 en fonctionnement.

27 décembre

  • Le gouvernement japonais annonce le rachat sur fonds publics de 4000 tonnes de riz contaminé.
  • Après qu’un rapport ait mis clairement en évidence les carences de Tepco dans la gestion de l’accident, la firme sait qu’elle va maintenant devoir contribuer aux indemnités pour les victimes de l’accident. TEPCO a alors demandé au Fonds de versement des indemnités pour les dégâts nucléaires, un organisme public, une aide de 7 milliards d’euros. Le gouvernement pourrait faire un autre choix en achetant pour cette somme des actions de la firme ce qui reviendrait de fait à la nationaliser. Cela provoque une baisse de 12 % des actions de TEPCO à la bourse de Tokyo, atteignant le record plancher de 186 yens… elle était à 2121 yens le 11 mars 2011.
  • Le gouvernement français profite des fêtes pour modifier les capacités du chantier de l’usine Georges Besse II au Tricastin (Vaucluse). Cette usine est destinée à l’enrichissement de l’uranium, lequel servira ensuite comme combustible pour les réacteurs nucléaires. Cette augmentation des capacités n’a de sens que si l’on augmente le nombre de réacteurs nucléaires en France…

30 décembre

  • Le Parlement japonais constatant que le rapport du panel scientifique mis en place par le gouvernement a éludé de nombreuses questions dont celle des dégâts provoqués par le séisme, décide de mettre en place son propre comité scientifique. En effet, si c’est le séisme qui est à l’origine de l’accident et non le tsunami, ce sont l’ensemble des normes anti-séismiques qu’il faut revoir… et donc l’ensemble des réacteurs nucléaires qui devront subir d’énormes chantiers avant de pouvoir redémarrer… autant dire que l’arrêt des réacteurs pour le moment provisoire pourrait alors devenir définitif, le coût de la mise aux normes devant alors trop important.

31 décembre

  • Le quotidien Asahi Shimbun révèle que le tiers au moins des membres de la commission de sûreté nucléaire du Japon ont reçus des dons de la part de l’industrie nucléaire. Au moins 2 des cinq membres permanents et 22 des 84 consultants extérieurs sont impliqués dans ce scandale. Le média indique que les sommes perçues atteignent pour certains 850 000 euros. c’est cette commission qui est censée donner un avis neutre sur les conditions de redémarrage des réacteurs actuellement à l’arrêt.
  • A 14h28 (Paris), un tremblement de terre de magnitude 7 frappe l’île Torishima dans l’archipel des Izu. La secousse fait bouger les immeubles jusqu’à Tokyo.