Brève Chronique Fukushima Nucléaire

Retours forcés dans les zones évacuées

Monique Douillet

Nous avons rapporté le mois dernier de quelle façon des citoyens suppléent aux carences et approximations des organismes publics en prenant de vraies mesures de la radioactivité.
Mme Yoshida a écrit* : « SVP, faites savoir au public français que dans la ville de Koriyama, sur le chemin de l’école d’une longueur de 2,5 km, il existe des endroits où l’on détecte 100 fois plus de radioactivité qu’avant l’accident nucléaire ».
Ces citoyens organisent également des « vacances sanitaires » pour la désintoxication des enfants. Comme le gouvernement ne reconnaît pas le risque sanitaire, ce sont des groupes de bénévoles qui s’en occupent. Parfois les écoles aussi prennent l’initiative de déplacer des classes à l’extérieur des zones contaminées.
« Actuellement, il y a plus de 20 poursuites judiciaires dans le cadre de l’accident nucléaire. Nous avons établi un comité de coordination des groupes de victimes afin de créer un grand mouvement unificateur », dit M. Sakamoto* qui en est le leader. En voici quelques-unes :
A Namié, 117 habitants ont porté plainte contre TEPCO pour exiger que le taux maximum de décontamination revienne à 1 mSv/an d’ici à 2020 (il est actuellement à 20 fois plus). En cas d’échec de TEPCO, ils réclament 224 000 euros de dommages chacun. 480 autres habitants de la commune pourraient encore se joindre à cette plainte collective.
A Minami Sôma, des actions de protestation ont été menées contre l’internationalisation et la généralisation du seuil de 20mSv/an qui se profile.
A Tsushima, 117 évacués-forcés ont déposé plainte au tribunal régional contre TEPCo, le 29 septembre 2015, réclamant la poursuite des recherches des responsables de l’accident nucléaire. C’est la première fois que des résidents de la zone difficilement récupérable passent à l’action. Ils réclament également une prise en considération de la situation de vulnérabilité de leurs familles. En effet, dans la plupart des cas, la mère et les enfants ont fui, le père continuant à travailler sur le lieu d’origine pour subvenir aux besoins de la famille. Outre la contamination, dont les pères payeront les conséquences ultérieurement, le coût du double foyer met la famille en difficulté. Aujourd’hui, privés d’aide au logement, ils se trouvent contraints de retourner dans les territoires contaminés. A cela, il convient d’ajouter les effets psychologiques dûs à la séparation, sur les enfants et sur l’augmentation des divorces.

Monique Douillet

* Lettre adressée à l’association « Nos voisins lointains » à Lyon.
* L’entretien avec Ken Sakamoto a été publié dans L’Evacuate Fukushima.

Informations extraites de la conférence de Kurumi SUGITA, chercheuse au CNRS (retraitée) et de Marie Augendre, chercheur post-doctorant associé, MCF géographie, U. Lyon 2. Conférence organisée par Les Amis de la Terre-Lyon le 1er octobre 2015. Certains éléments proviennent de leur étude : Déplacés et indécis laissés à eux-mêmes depuis l’accident de Fukushima (DILEM) 2013.


Une version chronologique détaillée de la catastrophe se trouve sur notre site www.revuesilence.net

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